AN 211 18 permis de faire porter la croix devant nous en cette guerre: qu’on publie en Hongrie & dans les païs voit lins excommunication contre ceux qui voudroient nous attaquer ou nous être infideles pendant cette expedition de Bulgarie ; & qu'il ne soit accordé à perfone de l'attaquer sans notre permission. Enfin nous vous prions de revoquer toutes les constitutions de l'évêque de Palestrine vôtre legat , quant à la peine d'excommunication , qui s'étend si loin, que presque toute la Hongrie, petits & grands , & les prélats mêmes l'ont encouruë,ou l'encourent tous les jours inévitablement. Non que nous doutions de la vertu de ce legat , mais il ne connoissoit pas l'état de la Hongrie, La lettre est du septiéme de Juin 1238. Le pape par la sienne du neuvième d'Août accor212. c. ano da seulement au roi de Hongrie de choisir pour legat ap. Vading. n. ceļui qu'il voudroit des évêques de son roïaume. Il donna en même tems aux principaux des freres Prescheurs & des freres Mineurs dans la province de Strigonie la faculté de commụer les væux de tous les croisez du roïaume, de prêcher la croisade contre les Bulgares , & de publier l'excommunication contre ceux qui attaqueroient le roïaume de Hongrie pendant cette guerre. · Les chevaliers de l'hôpital de S. Jean de Jerusalem pour la terre s'étoient laissés suborner par l'empereur Grec Vatace, m. qui leur avoit donné des terres & des revenus pour le servir contre les Latins; & d'ailleurs ils s'abandonnoient à toutes sortes de crimes. Le pape Gregoire en ayant receu des plaintes, écrivit ainsi au maître de : l'hôpital : Nous avons appris avec douleur que vous 11. ep. 449. retenez dans vos terres sous certaines conditions des Rain, n. 17. en 3. 4. XI. Lettres du pape Tainte. Rain. 1238. 31. femmes perduës , avec lesquelles vous vivez dans le. Āruzzi. désordre; que vous possedez du bien en propre; que vous prenez la défense de ceux qui embrassent vôtre confrairie, moïennant une retribution annuelle ; & retirez chez vous des voleurs, des meurtriers, des pelerins & des heretiques. Vous n'avez pas honte de donner du fecours d'armes & de chevaux à Vatace ennemi de Dieu & de l'église contre les Larins. Vous diminuez vos aumônes ordinaires , vous changez les teftamens de ceux qui meurent dans votre hôpital , non sans soupçon de fausseté, & vous ne souffrez pas que les malades qui y sont, se confessent sans vôtre permission à d'autres prêtres qu'à ceux de vôtre ordre ou à ceux qui sont à vos gages. On dit même que plusieurs de vos freres sont lulpects d’heresie. Le pape les exhorte à se corriger dans trois mois , sinon il donne ordre à l'archevêque de Tyr de les reformer. La lettre elt du treiziéme de Mars 1238. Quelques jours auparavant le pape avoit mandé au xi. op. 441. R patriarche de Jerusalem & à ses fuffragans , d'empê- *. cher que les homicides volontaires ne joüissent de l'immunité ecclesiastique, en se refugiant aux lieux appartenans aux religieux , si ce n'étoit les maisons conventuelles ou les églises. Ce qui regarde principalement les mailons des trois ordres de chevaliers Templiers, Hospitaliers & Teutoniques. Il ordonne aussi au patriarche , d'empêcher que les chanoines du faint Sepulcre n’abusassent le peuple , en disant que le feu y descendoit du ciel la veille de Pâques , & nontrant pour de l'argent un lieu où ils prétendoient que J. C. avoit été emprisonné. Les Grecs schismatiques n. 33 زY ii AN.1238. continuent encore cette imposture du feu miracu leux au faint Sepulcre, comme nous voïons dans Pietro della les relations des voïageurs. Le pape écrivit aussi au met fy: fotos: patriarche de Jerusalem & à celui d'Antioche, que I'on n'empêchất pas les Sarrasins captifs d'oüir les serop: 440 mons & d'embrasser le Christianisme. Ce patriarche Latin d'Antioche se plaignit au pape du prince de la même ville, Boëmond cinquiéme, qui refusoit de recevoir de lui l'investiture de la principauté par l'étendart & le ferment , comme avoient fait ses prédecesseurs; au contraire il s'élevoit contre l'église & entreprenoit sur ses droits. C'est pourquoi le pape écrivit le dernier de Juillet à l'archevêque 111. 6. 203, de Tyr si aux évêques d'Acre & de Tortose , d'apRain. n. 35. paiser,s'il étoit possible,cette division entre le patriarche & le prince, fi préjudiciable aux affaires des Chrétiens Latins du pais. Le patriarche trouvoit encore moins de soûmission dans les autres nations, Grecs, 111. ep. 199. Armeniens, Georgiens, dont les abbez & les clercs refusoient de le reconnoître, principalement le ca tholique des Armeniens. Le pape toutefois écriviti op. 199. R. n. aux archevêques d’Apamée & de Mamistra de l'aller trouver & s'efforcer de le ramener à l'obéissance du patriarche Latin; ce qui apparemment n'eut pas grand effer. Mais le patriarche Grec d'Antioche passa plus ayant , car étant foûtenu par Germain patriarche Matth. Parif. Grec de CP. il excommunia cette même année le pa pe & toute l'église Romaine. Il prétendoit que lon église étoit au-dessus de celle de Rome par l'antiquité & la dignité. Saint Pierre , disoit-il, a premierement établi son siege à Antioche, où il a été receu avec le respect convenable , & a gouverné cette église pen 34. p. 407. undy XII. dant sept ans. Il a passé ensuite à Rome, où il a été À té An.1238. chargé d'injures & d'opprobres, & a souffert enfin le dernier supplice: il a donc plûtôt laislé la puissance de lier & de délier à l'église Grecque qu'à l'église Romaine , qui constamment est maintenant souillée de simonie, d'usures & de toutes sortes de crimes. Cette année 1238. le lundi d'après l’octave dePâques, c'est-à-dire,le douziéme jour d'Avril, Gerauld de Ma- Concile de lemort archevêque de Bourdeaux tint un concile à Tom.x1. p. 556. Cognac avec les évêques ses suffragans. On y publia trente-huit canons ou articles de reformation, où l'on voit comme dans la plupart des conciles du même siécle l'esprit de chicane qui regnoit alors dans le clergé. On se servoit de fausses lettres : on poursuivoit 6.1. une partie pour les mêmes causes devant divers juges : des clercs se faisoient ceder des actions pour les atrirer au tribunal ecclesiastique. Quelques-uns se di. foient faussement juges déleguez ou subdeleguez, & faisoient citer les parties devant eux sans pouvoir montrer de commission. D'autres poursuivoient un nouveau droit, en vertu de lettres obtenuës auparayant à une autre occasion. Quelques juges condamn. " noient par défaut , fans qu'il y eût preuve de la citation. Les laïques aussi de leur côté attiroient quelque-" 6.11. fois les clercs au tribunal feculier, sous prétexte de garantie , de cautionnement , de fpoliation, ou de reconyention. A tous ces abus le concile oppose des excommunications generales. · Il défend aux prêtres de faire fonction d'avocats ou de procureurs, si ce n'est pour les églises & les persones miserables , & encore gratuitement: il ne le défend pas aux autres clercs, parce qu'il n'y avoit qu'eux C.13 20 C. 21. AN.1238. ald 228. alors capables de ces fonctions ; mais il le défend aux care moines & aux chanoines reguliers, & ordonne le re tranchement de plusieurs abus introduits chez eux, On leur donnoit en argent leur nourriture & leur veltiaire, ce qui autorisoit la proprieté : on negligeoit de rendre compte des revenus du monastere , & d'en reo 22. nir les portes fermées: les freres sortoient sans per mission, mangeoient dans les villes ou les bourgs de 6. 34. leur demeure, & s'y cachoient. Ils avoient leur pecu27. 28. le en propre, empruntoient de l'argent en leur nom & se rendoient cautions. Ils mangeoient de la vian29. 30. de chez les seculiers : ils prenoient des cures & de 33. meuroient seuls dans les prieurez. Le concile con- maisons religieuses, ni des confrairies de laïques sans geoient de l'argent des églises, des mona teres, ou a. se des hôpitaux, ou s'y faisoient loger par force sous pré texte d'hospitalité. Quelques-uns prenoient des ecclesiastiques & les traitoient cruellement pour en extor quer de grosses rançons ; & le concile declare que les 6. 17 enfans de ceux-ci jusques à la troisiéme generation ne seront admis ni aux benefices ni aux ordres. Il ordonne que les seigneurs qui seront demeurez un an dans l'excommunication seront dénoncez heretiques & leurs biens sujets à confiscation, En Angleterre le legat Otton travailloit aussi à la reforme des moines. Il manda à tous les abbez de l'ordre noir,c'est-à-dire de S. Benoist,de se rendre à Londres dans l'église de S. Martin pour recevoir les deçrets que le pape avoit faits avec meure déliberation, pour XIII. Reforme des moines. Matth. Pari 7. 401. |