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pour la reforme de l'ordre monaftique. Ils reprimoient AN. 1238. les mêmes abus condamnez au concile de Cognac, & contenoient de plus ce qui fuit. On n'admettra désormais perfone à la profeflion avant vingt ans accomplis, ni au noviciat avant dix-neuf. Si-tôt que l'année de probation fera finie, le novice fera profession, ou sera mis dehors; finon il paffera pour profés. On n'exigera rien pour l'entrée en religion, & on ne fera aucune paction pour ce fujet. Les officiers rendront compte au fuperieur de leur administration au moins trois fois l'année ; & lui remettront de bonne foi ce qu'ils auront de refte. Onobservera toûjours le filence aux lieux & aux tems marquez par la regle. Le ftatut du chapitre general d'Angleterre touchant l'abftinence de la viande fera inviolablement obfervé: Il eft parlé de ce ftatut dans le concile de Londres. Les habits & les lits des moines feront conformes à la regle: ils ne porteront point de linge, & coucheront en même dortoir. Ils aflifteront à tout l'office divin, particulierement à la conference & à complies. Ils pratiqueront l'hofpitalité charitablement & agréablement. Ils feront écrire avec la regle les conftitutions des papes qui les regardent & qui font dans la compilation de Gregoire IX. & seront soigneux de les apprendre. Ces conftitutions font enfuite rapportées. Mathieu Paris moine noir ·lui-même ajoûte à la fin de ce recit, que les abbez affemblez par le legat reçûrent unanimement cette refor- p. 405, me comme venue du ciel, & la firent publier dans tous leurs chapitres, châtiant rigoureusement tous les con

trevenans.

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Le legat Otton étant venu à Oxford y fut reçû

Tome XVII.

Z

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AN. 1238.

XIV.

à Oxford.

2. 146

avec grand honneur & logé près de la ville à Ofnei abbaïe de chanoines reguliers de l'ordre de S. AuLe legat infult guftin. Les écoliers lui envoïerent avant le dîner un Matth. Parif.. present honête pour fa table & vinrent après le dîner Monat Aug.co. pour le faluer. Mais le portier Italien entr'ouvant la porte leur parla rudement & leur refufa l'entrée, les chargeant d'injures. Les écoliers forcerent la porte & entrerent avec impetuofité; & les Romains voulant les repouffer, il fe forma un combat à coups de poing. & de bâton. Le maître d'hôtel étoit le frere du legat, qui lui avoit donné cette commiffion craignant d'être Reg. xv. s. empoifonné, & les écoliers l'appelloient par dérifion

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298.

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juxta 70

t397.

Nabuzardan du nom d'un maître d'hôtel de Nabuchodonofor. Etant dans la cuifine pour donner fes ordres, il vit un pauvre prêtre Hibernois à la porte, où il attendoit quelques reftes de la defferte; & le maître d'hôtel en colere lui jetta au vifage de l'eau boüillante d'une chaudiere.

Alors un clerc de la frontiere de Galles, s'écria :: Quelle honte ! pourquoi le fouffrons-nous ? Il banda. un arc qu'il portoit; car le tumulte croiffant, quelques écoliers avoient pris les armes qu'ils trouvoient fous leurs mains. Celui-ci donc tira une fléche, & en perça au travers du corps le frere du legat qui tomba mort. On fit un grand cri, le legat effraïè fe fauva dans la tour de l'églife revêtu d'une chape de chanoine, & ferma les portes fur lui; mais la nuit aïant feparé le combat, il monta un bon cheval & vint en diligence trouver le roi fon protecteur. Cependant les écoliers en furie le cherchoient par tout en criant: Où est-il, cet usurier, ce fimoniaque insatiable d'argent, qui féduit le roi, qui enrichit des étrangers de

nos dépoüilles? Ces cris qu'il entendoit en partant hâterent la courfe; & la plupart des gens de fa fuite demeurerent cachez dans l'abbaïe. Le roi touché des plaintes du legat envoïa promptement à Oxford le comte de Varenne avec main forte, pour délivrer les Romains qui s'étoient cachez & prendre les écoliers, dont trente furent emprisonnez dans un château voifin. Mais le legat aïant affemblé quelques évêques, mit en interdit la ville d'Oxford, fufpendit tous les exercices de l'Univerfité, & excommunia tous ceux qui avoient pris part à cette violence: enfuite les prifoniers furent transferez à Londres, & dépouillez de

leurs biens.

Le legat voulant avoir fatisfaction de cette infulte convoqua l'archevêque d'Yorc & tous les évêques d'Angleterre pour s'affembler à Londres le dix-feptiéme de Mai 1238. Les évêques confidererent attentivement l'importance de conferver l'Univerfité d'Oxford, qui étoit en Angleterre comme une feconde églife; & ils representerent au legat que la querelle avoit commencé par fes domeftiques, & qu'à la fin les écoliers avoient été les plus maltraitez. Ils convinrent. toutefois de lui faire fatisfaction, & en effet s'étant affemblez à S. Paul ils en vinrent à pied jusques au logis du legat à près d'un mille de distance; & fe prefenterent devant lui fans manteaux, fans ceintures & déchauffez, lui demandant humblement pardon. Il le leur accorda, rétablit l'univerfité à Oxford dont il leva l'interdit, & leur donna des lettres pour empêcher que cet accident ne leur attirât aucun reproche d'infamie.

Le legat Otton ne réüffit pas à l'égard de la plu

AN. 1238,

AN. 1238.

XV

P'uralité des

benefices condamnée

Sup. n 7.

a. Matth. Par. F-394.

ralité des benefices. Car le pape aïant confulté fur ce fujet en confequence de la remontrance de l'évêque de Vorchestre, écrivit au legat en ces termes : Nous avons appris qu'il y a des clercs en Angleterre qui ont plufieurs benefices, & qu'à cause du pouvoir de leurs parens on ne pourroit proceder contre eux, fuivant le decret du concile general, fans troubler le roïaume, & donner occafion de répandre du fang. Or nous confiderons, qu'encore qu'on ne doive jamais commettre de peché pour éviter le fcandale, on peut toutefois pour ce fujet differer le bien que l'on doit faire. C'est pourquoi nous vous mandons de furfecir, fi vous ne pouvez proceder contre ces clercs fans trop de fcandale.

Guillaume évêque de Paris, fit décider cette année la queftion de la pluralité des benefices. Elle avoit déja été agitée dans une difpute folemnelle, où tous. les docteurs en theologie excepté deux déciderent contre la pluralité. Ces deux étoient Philippe de GreDuboulai to. 3. ve chancelier de l'univerfité qui mourat en 1237. fans avoir changé de fentiment; & Arnold ou Arnoul, qui fut évêque d'Amiens la même année. Philippe étoit docteur & prédicateur fameux, mais fort oppofé aux religieux mandians. Il refte de lui plufieurs fer

5.164.

Alberic.p.561.
Dubeula: tc. 3.

1.705.

Apib.6.19.

mons.

Quant à la feconde affemblée, Thomas de Cantinpré de l'ordre des freres Prescheurs en parle ainsi : Cantifr.". de L'an 1238. j'étois à Paris, où l'évêque Guillaume qui avoit regenté en theologie convoqua tous les docteurs dans le chapitre des freres Prefcheurs. On y propofa la queftion de la pluralité des benefices, & après une longue difpute on décida on décida que l'on ne pou

l'un

AN. 1238.

v. Leblanc. f.

voit en conscience en tenir deux, pourvû que
des deux valût quinze livres Parifis; c'étoit près de
deux cens livres de nôtre monnoïe, car le foû Tour- 199.
nois en valoit plus de dix des nôtres & le Parifis à pro-
portion. L'auteur continuë: C'est ainfi que décide-
rent Guillaume évêque de Paris, frere Hugues de
l'ordre des freres Prefcheurs depuis cardinal, frere
Guerri & frere Geofroi du même ordre: de celui des
freres Mineurs Jean de la Rochelle; & plufieurs au-
tres docteurs en theologie le déciderent enfuite dans
leurs écoles.

nef...to..in fi.

Nous avons fur ce fujet un traité de Guillaume de De Collat ber Paris, où il explique les raifons qui lui font condamner la pluralité des benefices. Il avouë d'abord que les opinions font partagées, & que plufieurs perfonages confiderables foûtiennent l'affirmative, enforte qu'il femble temeraire de décider au contraire. Paroles qui montrent que ce traité est écrit avant la décifion que je viens de rapporter, & peut-être même avant que l'auteur fût évêque. Il continuë:Si la question est douteufe, le doute même montre certainement qu'il n'eft pas permis d'avoir plusieurs benefices. Car perfone ne doute qu'il n'eft pas permis de s'expofer au peril de commettre un peché mortel. De plus perfone ne foûtient l'affirmative en cette queftion que celui qui a plufieurs benefices ou qui défire les avoir; & dés là il le fait juge en fa propre caufe; au contrare celui qui foûtient la negative, s'oblige à n'avoir jamais qu'un benefice.

Il vient enfuite à des raifons plus particulieres. Le revenu ecclefiaftique eft donné pour la fubfiftance de celui qui fert l'églife: or il ne peut en fervir qu'une

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