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AN. 1239.

XX.

l'empereur.

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Matth. Parif.1.

415.

Sup. liv.1XXIX. n.37.

Frideric de fon côté écrivit aux rois & aux princes une lettre, où il reprend tous les fujets de plainApologie de tes qu'il prétendoit avoir contre Gregoire depuis le Petr.de Vin. 1. commencement de fon pontificat. Il étoit, dit-il, nôtre ami étant dans un moindre rang, mais fi-tôt qu'il a été pape, oubliant tous les bienfaits dont les empereurs Chrétiens ont enrichi l'églife, il a exercé fa malignité contre nous. Car prenant occafion de ce que pour éviter le scandale, nous nous étions obligez par ferment & fous peine d'excommunication de paffer à la terre fainte dans un certain terme : il nous a declaré excommuniés, quoi que nous eussions été retenus par maladie, & a ajoûté plufieurs autres caufes de cette cenfure, pour lefquelles nous n'avons jamais été admoneftez. Nous avons toutefois humblement obéï à cette cenfure, à laquelle nous nous étions foûmis volontairement, & aïant recouvré la fanté nous avons demandé l'abfolution, nous preparant au voïage d'Outre-mer. Le pape nous l'a indignement refufée, & nous n'avons pas laiffé d'accomplir nôtre væu, croïant qu'il auroit plus d'égard au bien du fervice de J. C. qu'à contenter fa haine. Mais au contraire il nous a preparé toutes fortes d'obstacles en Syrie, jusques à faire écrire au fultan par fes legats de ne nous pas rendre les faints lieux dépendans de nôtre roïaume de Jerufalem : nous en gardons les lettres qui ont été interceptées. D'ailleurs

83.43.

le

pape eft entré à main armée dans notre roïaume Sp liv. 1. de Sicile, fous prétexte que Renald fils du défunt duc de Spolete fe preparoit à entrer fur les terres de l'églife: ce qu'il faifoit à nôtre infçû, comme nous l'avons bien montré depuis en le puniffant. Cepen

dant

dant que les generaux du pape publioient que nous AN. 1239. avions été pris en Sicile.

A nôtre retour d'Outre-mer nous nous fommes contentez de nous défendre fans nous vanger, & avons écouté volontiers les propofitions de paix : mais le jour même de la reconciliation le pape nous a preffez inftamment de revenir en Italie fans armée, fous pretexte que ce feroit allarmer nos fideles sujets affûrant qu'il nous applaniroit toutes les difficultez. Toutefois nous avons des preuves qu'il faifoit tout le contraire, par fes lettres & par fes nonces. En effet les rebelles fermerent de tous côtez les chemins à nôtre fils & aux seigneurs qui venoient d'Allemagne nous trouver : ce qui nous obligea de les renvoyer & de retourner dans le royaume de Sicile. Nous y goûtions quelque repos, quand le pape nous preffa de marcher contre les Romains, qui nous étoient fideles & contre quelques rebelles de Toscane : promettant de foûtenir avec nous les droits de l'empire. Cedant donc à ses instances, nous déclarâmes la guerre aux Romains qui affiegeoient alors Viterbe; & cependant il écrivoit fecrettement à Rome que nous agissions ainsi sans sa participation en haine des Romains. Alors une fedition arrivée en Sicile nous obligea d'aller à Meffine; & auffi-tôt le pape traita fans nous avec les Romains, ne confiderant pas que nous lui avions envoyé un grand secours de troupes, demeurant nous-mêmes defarmez entre les rebelles.

Cependant la pureté de nos intentions & nôtre zele pour l'église ne nous permettoient pas encore de nous appercevoir de la mauvaise volonté du pape: que nous laiffions à fa difcretion la fatisfac-:

en forte

Tome XVII.

Bb

AN.1239.

tion qui nous étoit dûë. Mais lorfque nous avions prefque perdu l'efperance d'accommoder par fa me

diation les affaires d'Italie, nous crûmes tout d'un coup en avoir trouvé une occafion favorable, par la divifion qui recommença entre l'églife & les Romains, dans laquelle nous répandîmes fi abondamment nos trefors, & exposâmes tellement nôtre perfone pour l'églife, que nous penfions avoir effacé tout mauvais foupçon. Nous allâmes plus avant; & nous nous rendîmes volontairement en la presence du pape, avec nôtre cher fils Conrad élû roi des Romains & heritier du royaume de Jerufalem : qui nous tenoit alors lieu de fils unique, à caufe de la revolte de fon frere. Nous ne filmes pas même difficulté de l'offrir au pape en ôtage de nôtre union avec l'églife; & voyant les demonftrations de bonne volonté que nous donnoit le pape & toute fa cour, nous crûmes devoir remettre abfolument entre fes mains nos differends avec les Lombards & ceux des bourgeois d'Acre avec la nobleffe. Ainfi nous tenant affûrez de l'heureuse conclufion de nos affaires, nous marchâmes gayement au fecours de l'églife, avec une armée nombreuse affemblée à grands frais d'Allemagne & d'Italie; & nous ne nous défiftâmes point de nôtre entreprise, que nous n'eussions rendu à l'église sa liberté opprimée dans Rome, & fes terres ufurpées au dehors.

Ecoutez maintenant la recompenfe que le Vicaire de J. C. nous a rendue pour de tels fervices. Premierement quant à l'affaire d'Outre-mer, tout ce l'empereur com- que l'archevêque de Ravenne legat du S. fiege avoit reglé felon fes inftructions, pour nous remettre en

XXI.

Plaintes de

me le pape.

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poffeffion de nos droits au roïaume de Jerufalem, tout cela fut entierement détruit à l'arrivée de l'archevêque de Cefarée; fans attendre ni le legat ni nos envoïez à la cour de Rome, ni un plus grand délai, que le tems neceffaire pour compter les befans apportez au pape. Quant à l'affaire d'Italie, loin dé la regler d'une maniere honorable pour nous & pour l'empire, comme il l'avoit promis: il n'eut aucun égard à nos prieres, pour rappeller nos ennemis qui pilloient nos fideles fujets en Lombardie & en Tofcane; & ne nous permit pas d'y aller avec les troupes que nous avions pour le fervice de l'églife. Enfin defefperant de trouver le pape favorable à nos interêts ni à la paix d'Italie, nous avons eu recours aux armes, & avons fait venir les troupes que la revolte de nôtre fils Henri nous avoit obligé de lever en Allemagne. Ce que le pape aïant appris, il nous a défendu par lettres d'entrer armés en Italie,fous prétexte de la tréve ordonnée pour favorisfer le secours de la terre fainte: fans fe fouvenir que le même jour qu'il publia cette tréve il nous pria de marcher contre les Romains pour Les interêts. Il ajoûtoit dans la même lettre, que pour l'affaire de Lombardie nous devions compromettre entre fes mains fans aucune condition. Mais comme ni l'avis de nôtre confeil, ni l'experience du paffé ne nous excitoient pas à le faire: il eut recours à un autre artifice, envoïant audevant de nous l'évêque de Palestrine qu'il nous recommandoit par fes lettres comme un faint, & qui toutefois ramena à la faction des Milanois Plaisance qui nous étoit soûmife; & par lequel le pape s'affûroit de pervertir tous nos fideles fujers & d'arrêter nos progrés en Italie.

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pour

Fruftré de cette esperance & voïant le ravage que nos armes faifoient chez les rebelles, il a envoïé des lettres & des legats dans l'empire & par tout le monde, détourner de nôtre obéïffance & de nôtre amitié tous ceux qu'il pourroit. De quoi étant avertis & voulant encore vaincre le mal par le bien, nous avons envoyé des ambaffadeurs vers le S. fiege, favoir, Berard archevêque de Palerme, les évêques de 7.67 Ferenzola & de Reggio, maître Thaddée de Sueffe Ric. S. Germ. juge de nôtre grande cour & Roger de Porcaftrelle nôtre chapelain. L'empereur envoya ces ambassadeurs au pape qui étoit à Anagni au mois d'Août 1238.

v. Ital. Sac.

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La lettre continuë : Le pape par le conseil des cardinaux accepta leurs propofitions, & nous renvoya avec eux l'archevêque de Meffine, promettant de faire ceffer par tout les obftacles qui arrêtoient nos progrés. Tout cela eft prouvé par les lettres de tous ces prélats. Mais avant que nos ambassadeurs & son nonce fuffent à trois journées de la cour de Rome, il envoya en Lombardie en qualité de legat Gregoire de Monte-Longo, qui travailla depuis à la ruïne des Mantoüans & de nos autres ferviteurs. D'ailleurs il envoya des lettres à quelques prélats d'Italie & d'Allemagne qui étoient à nôtre cour, tendant à nous décrier; & contenant certains articles, particulierement des prétendues vexations des églifes du royaume de Sicile, sur lesquelles il ordonnoit à ses prélats de nous admonefter. Nous vous envoyons tous ces articles avec nos réponses en forme autentique. Nous exposâmes le tout en détail aux feigneurs, aux prélats & à plufieurs religieux de divers ordres, qui furent honteux d'une telle legereté du pape ; & toutefois de

a

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