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AN. 1231

C. nimis prava 17. ibid.

dans nos

res, prêtres, clercs, ou laïques, & qu'une certaine
quantité reglée par nous de cierges, de lampes &
d'ornemens, & vous nous rendrez les reftes des cier-
ges, quand vous en mettrez de nouveaux. Vos prê-
tres ne diront leurs premieres messes que
églifes; & vous nous referverez les offrandes des
meffes que vous dites tous les jours chez vous: nous
pretendons même que vous nous rendiez tout ce
qu'on vous donne, foit en ornemens d'autel, foit en
livres eccléfiaftiques.

Les prélats vouloient encore obliger ces religieux
à venir à leurs fynodes, & à fe foûmettre à leurs or-
donnances. Ils menaçoient d'aller tenir chez eux des
chapitres pour les corriger : ils exigeoient ferment
de fidelité de leurs miniftres & de leurs gardiens. Ils
leur ordonnoient pour de legeres caufes de venir
avec eux en proceffion tant dehors que dedans les vil-
les; & les menaçoient de les chaffer de leurs demeu-
res, s'ils n'obéïffoient fur tous ces articles. Ils pro→
nonçoient excommunication contre les bienfacteurs
des freres, & contre ceux qui les recevoient aux lieux
où ils étoient appellez ; car ils ne vouloient pas qu'ils
s'établiffent dans les grandes villes & les lieux confi-
derables. Ils pretendoient exiger la dîme des fruits
de leurs jardins ; & une taxe fur leurs maisons com-
me fur celles des Juifs: difant que fi elles étoient oc-
cupées par
d'autres, il leur en reviendroit quelque
profit. Enfin ils vouloient leur donner des miniftres &
des gardiens à leur difcretion.

Les freres Mendians aïant porté au pape leurs Weding.123 plaintes contre ces vexations des prélats, obtinrent deux bulles pour les reprimer:l'une du vingt-uniéme,

Dubeis. to. 2. p.

l'autre du vingt-troifiéme d'Août 1231. La premiere AN.1231. adreffée à tous les prélats en general: la feconde aux archevêques de Tours & de Rouen & à l'évêque de Paris, grands protecteurs de ces Religieux. Les freres Mineurs s'étoient établis à Paris l'année précedente 1230. dans la place où ils font encore en la paroiffe S. Cofme, appartenant à l'abbaïe S. Germain Durüil p.sis. des prez. La forme de la conceffion eft remarqua- ;;0, ble: car il eft dit que l'abbé & le convent leur ont prêté cette place, & les maifons qui y étoient, pour y demeurer comme des hôtes : en forte qu'ils ne pourront avoir ni cloches, ni cimetiere, ni autel que portatif, ni chapelle benite; & que la paroiffe de faint Cofme y confervera tout fon droit. On voit ici l'es, prit de faint François, qui vouloit que ses disciples n'euffent rien en propre, pas même leurs maisons : & qu'ils n'y logeaffent que par emprunt.

X.

Mort de Ri

bery.

1131. 312.ed.t.

Richard archevêque de Cantorberi vint en cour de Rome vers le même tems, & propofa devant le chard archeve pape plufieurs fujets de plaintes contre Henri III. roi que de Cantord'Angleterre. Premierement qu'il ne gouvernoit fon Matth Par. ax. état que par les confeils de Hubert de Bourg fon grand 164. jufticier, au mépris des autres feigneurs : que Hubert avoit épousé la parente de fa premiere femme, & avoit ufurpé les droits de l'églife de Cantorberi: que quelques évêques fes fuffragans negligeoient le foin de leur troupeau pour prendre féance à l'Echiquier, où ils examinoient des affaires temporelles, même au criminel: que quelques ecclefiaftiques, même audeffous des ordres facrez poffedoient plufieurs benefices à charge d'ames, & s'occupoient d'affaires temporelles à l'exemple des évêques. Le roi avoit auffi

AN.1231.

le

envoïé des clercs qui parlerent pour
lui & pour
jufticier: mais le pape ne goûta point leurs raisons, &
l'archevêque obtint tout ce qu'il demanda. Car outre
la bonté de sa cause, il étoit diftingué par sa science
& fa vertu, merveilleufement éloquent & bien fait de
fa perfonne. Mais en revenant il mourut à trois jour-
nées en deça de Rome, le troifiéme jour d'Août 1231,
Ainfi tout ce qu'il avoit obtenu demeura fans effet.

Les moines de Cantorberi élûrent à fa place Raoul
de Neuville évêque de Chichestre & chancelier du roi,
homme d'une integrité & d'une fermeté éprouvées.
Ils le presenterent au roi le vingt-quatrième de Sep-
tembre, & le roi à qui il étoit trés-agréable lui donna
auffi-tôt l'inveftiture du temporel de l'archevêché.
Les moines étant prêts d'aller à Rome,pour faire con-
firmer l'élection, prierent Raoul de contribuer aux
frais du voyage, Mais il refufa de leur rien donner pour
ce fujet, craignant qu'il y eût de la fimonie ; & fe re-
mettant à la providence pour devenir archevêque ou
demeurer chancelier. Les moines étant arrivez à Ro-
me, le
pape s'informa foigneufement du docteur Si-
mon de Langton, quel étoit celui qu'ils avoient élû,
Simon répondit, que c'étoit un courtisan ignorant &
prompt à parler, & ce qui étoit le plus important
que s'il devenoit archevêque, il travailleroit fuivant
le desir du roi, à délivrer l'Angleterre du joug que le
roi Jean lui avoit impofé, pour être fujette & tribu-
taire de l'église Romaine. Que Raoul poufferoit cette
affaire au peril de fa vie, fondé fur les appellations
que l'évêque Eftienne avoit interjettées devant l'au-
tel de S. Paul de Londres, quand le roi Jean remit fa
couronne entre les mains du legat. Le pape aïant
olii

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oüi ce discours cassa la postulation, & renvoïa les AN.1231. moines avec permiffion d'élire un autre archevêque.

XI.

gleterre.

En ce tems on fit courir en Angleterre des lettres, Romains malqui portoient: A tel évêque ou tel chapitre tous ceux traitez en Anqui aiment mieux mourir que d'être opprimés par to. Par. an: les Romains, falut. Vous n'ignorez pas fans doute 13. comment les Romains & leurs legats le font comportez jufques à prefent avec les ecclefiaftiques d'Angleterre. Ils conferent à leurs gens comme il leur plaît les benefices du roïaume à vôtre trés-grand préjudice; & prononcent des fentences de fufpenfe contre vous & contre les autres collateurs, de peur que vous ne conferiez les benefices à perfonne du roïaume, jufques à ce que cinq Romains aïent été pourvûs en chaque églife chacun d'un benefice de cent livres de revenu. Et enfuite: Nous vous défendons étroitement de prendre aucune part aux affaires des Romains: autrement fachez que vous ferez traitez comme eux, & que vos biens feront brûlez. Il y avoit une lettre pareille, adreffée à ceux qui tenoient à ferme les benefices des Romains, & elle ordonnoit de ne leur en rien rendre à l'avenir, mais d'en tenir prêts les revenus pour les remettre à un certain jour entre les mains du procureur des conjurez, fous les mêmes peines d'être brûlez & traitez comme les Romains.

orie.

XII.

Sainte Elifa

En Allemagne fainte Elifabeth veuve du Lantgrave de Turinge mourut après une vie courte, mais beth de Hontrés-édifiante. Elle étoit fille d'André roi de Hongrie, & fut fiancée dés le berceau avec Loüis fils du Lantgrave à qui on l'envoïa à l'âge de quatre ans. On vit dès fon enfance l'inclination qu'elle avoit pour la ver

Tome XVII.

AN.1231.

Sup. liv. LXXIX.

n. 36.

Hift. Landg, c.

41.

Ca 40:

tu, & après l'accompliffement de fon mariage, elle continua les exercices d'une haute pieté du confentement du jeune prince fon mari, qui étoit lui-même trés-vertueux. Il trouva bon qu'elle fe mît fous la conduite d'un faint prêtre nommé Conrad prédicateur fameux, & qu'elle lui promît obéïssance : mais Conrad fe fervoit de cette autorité, principalement pour moderer le zele exceffif de la princeffe. Elle eut trois enfans, Herman qui fut depuis Lantgrave & deux filles, Sophie qui époufa le duc de Brabant, & une autre qui fut religieufe & abbeffe d'Aldembourg. Quand Elifabeth fe relevoit après fes couches, elle portoit elle-même fon enfant à l'église pour l'offrir à Dieu.

a

Elle s'occupoit à filer de la laine pour faire des étofes qu'elle distribuoit aux pauvres, principalement auxFreres Mineurs.Dans une famine qui survint en Allemagne l'an 1225. elle fit donner aux pauvres tout le bled qu'on avoit recueilli dans fes terres; & cela en l'absence du Lantgrave qui étoit en Poüille auprès de l'empereur Frideric, & qui à fon retour approuva la conduite de la princeffe, fans écouter les plaintes de fes intendans. Pour foulager les pauvres infirmes, qui ne pouvoient venir chercher l'aumône au château bâti fur une haute montagne : Elifabeth fit batir en bas un hôpital, où elle alloit les fervir de fes propres mains, & prenoit un foin particulier des enfans. Elle nourriffoit neuf cens pauvres tous les jours. Après la mort du Lantgrave Louis arrivée,comme j'ai déja dit, en Poüille l'an 1227. Henri fon frere fe mit en poffeffion de fes états au préjudice de Her-man fils du défunt, qui n'étoit qu'un enfant de quatre

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