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l'églife Romaine comme pleine d'ufure, de fimonie AN. 1 239, & d'avarice. Il difoit, que le pape entreprenoit fur les Matth. Parif.p. droits de l'empire, & ne fongcoit qu'à amaffer de 4. l'argent par divers artifices: au lieu d'emploïer les prieres, les proceffions & les jeûnes pour le délivrer d'opreffion. Il accufoit le pape de détourner l'argent deftiné pour le fecours de la terre fainte: de fceller des bulles fecretement dans fa chambre, fans la participation des cardinaux, & de donner à fes nonces des bulles fcellées en blanc, pour les remplir à leur gré. Il le chargeoit de plufieurs autres cas énormes; c'eft pourquoi le pape l'excommunia.

Cependant l'ordre des freres Mineurs acquit un fu

jet confiderable Adolfe comte de Holface, qui emas Stad, Chro brassa leur inftitut à Hambourg le jour de S. Hipolyte 239famedi treiziéme d'Août 1239. laiffant trois fils en bas âge fous la tutele du duc Abel de Danemarc fon gendre. Adolfe avoit fervi avec honneur auprès de l'empe reur Frideric,&gouverné heureusement fon état.Cinq ans après étant allé à Rome il obtint difpenfe du pape, pour être promû à tous les ordres, apparemment parce qu'il avoit porté les armes. La lettre du penitencier 14.444 eft du vingt-deuxième d'Avril 1244. Adolfe vécut quatorze ans depuis fon entrée en religion.

XXXIV.

ne des Georą

giens.

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w. gi

Le pape Gregoire envoïa sept freres Prescheurs à Rufude reine des Georgiens & à David fon fils leuf Lettre à la relroi, avec une lettre où il s'excufe de ce qu'il n'envoïe pas une armée pour les fecourir contre les Tartares, comme ils s'y étoit attendus. Car, dit-il, nous avons “p. Rain. ». gì ordonné de défaire les Sarrafins de Syrie qui font en tre nous & vous; & nous combattons encore fans cef fe en Italie & en Efpagne pour la défense de la foi

AN. 1240.

Sup. liv. LXXIX, Z. I.

XXXV.

Ric, ibid.

la

chrétienne; ce qui fait que nous n'avons pû fuffire à vous donner du secours. Et comme pour l'obtenir cette princeffe témoignoit fe vouloir réunir à l'églife Romaine, le pape infifte fortement fur la neceflité de reconnoître une feule église affemblée fous un feul chef. Mais il repete fouvent que c'eft à S. Pierre feul que J. C. a donné la conduite de fon troupeau & les clefs du ciel. En quoi, ajoûte-t-il, nous ne prétendons pas ôter l'honneur qui eft dû à nos freres les évêques, que S. Pierre & fes fucceffeurs ont appellez à une partie de follicitude, & nous ne doutons point qu'ils ne foient les vicaires de Dieu & du faint fiege. Par là il femble dire que les évêques tiennent leur pouvoir immediatement du pape, fuivant l'opinion de quelques theologiens du même tems. La lettre eft du treizième Janvier 1 240. Cette reine Ruffude doit être la même que Ruffutude qui avoit écrit au pape Honorius quinze ou feize ans auparavant; & je ne trouve point que ce commerce de lettres avec les papes ait eu de fuite. Auffi avons-nous vû par plufieurs exemples, que ces offres de réunion à l'églife Romaine de la Chrétiens Orientaux n'avoient

interêt temporel.

part des

pour motif

que

leur

L'empereur Frideric avançant toûjours vers Rome Autre apologie fut receu à Foligni au mois de Fevrier 1240. ensuite de l'empereur. à Viterbe, d'où il écrivit au roi d'Angleterre une Math. ibid. grande lettre, pour juftifier fa conduite & la guerre qu'il faifoit au pape. Il reprend tous les fujets de plainte qu'il prétend avoir contre lui, jusques à l'excommunication prononcée l'année précedente, puis il ajoûte: Comme ce procedé nous paroiffoit injufte, nous envoïâmes des ambaffadeurs aux cardinaux,

AN. 1240.

demandant la convocation d'un concile general:mais
loin d'y avoir égard, le pape fit honteusement empri- M. Par. p. 476.
fonner les évêques que nous avions envoïez, violant
le droit des gens. Enfuite il a foulevé contre nous la
marche Trevifane & la ville de Ravenne; & pour foû-
tenir la revolte des Milanois, il leur a envoïé le legat
Gregoire de Montelongo & frere Leon miniftre des
freres Mineurs, qui non feulement fe déguifoient en
foldats, portant des épées & des cuiraffes, mais encore
dans leurs prédications donnoient l'absolution à tous
ceux qui agiroient contre nous. Aujourd'hui même
ce legat & ce religi ux fe donnent dans leurs lettres
le titre de gouverneurs de Milan; ce qui montre que
le pape en veut ufurper la feigneurie temporelle,
au préjudice de l'empire.

Le moine de fainte Juftine de Padouë hiftorien an. 1133.
du tems s'accorde avec ce recit. Auffi-tôt après l'ex-
communication, dit-il, le pape declara legat d'Italie
Gregoire de Montelongo notaire du S. fiege, hom-
me de grande prudence & de grande fermeté, qui ve-
nant à Milan raffûra le peuple effraïé, & par les ex-
hortations releva le courage aux amis des Milanois,
les animant à combattre pour leur liberté. Afin de
montrer l'exemple, il marchoit en perfone par tout
où l'empereur alloit attaquer ceux qui étoient fide-
les à l'églife. Ainfi parle cet hiftorien. Quant au fre-
re Leon furnommé de Perego, il étoit de Milan mê-
me & en devint archevêque l'année fuivante. Car Ughell. tom.4.
l'archevêque Guillaume Ruzole étant mort cette an-
née 1240. le chapitre fut long-tems fans pouvoir s'ac-
corder fur le choix d'un fucceffeur. Enfin ils con-
vinrent de s'en rapporter abfolument à frere Leon

p. 256, 280,

T

AN. 1240.

Le

XXXVI, pape offre

l'empire aux

theologien & prédicateur fameux. Après y avoir bien pensé il leur dit: puisque vous avez fi bonne opinion de moi, je me déclare moi-même Archevêque de Milan. Tout le peuple fut furpris de cette décision, mais il y applaudit; & le pape l'approuva. Leon fut facré archevêque en 1241. & tint le fiege seize ans.

La lettre de l'empereur au roi d'Angleterre continuë ainfi : Etant donc excitez par tant de pertes & d'affronts, nous n'avons pû nous contenir plus longtems; nous avons pris les armes pour défendre nôtre cause & celle de l'empire, contre un ennemi déclaré, qui nous attaque par les armes temporelles & eft alteré de nôtre fang. Nous avons laiffé des forces fuffifantes dans la Ligurie, qui s'eft renduë à nous nous avons paffé en Toscane & y avons rétabli plufieurs droits de l'empire; & aïant envoïé nôtre cher fils Henri pour ramener la marche d'Ancone à nôtre obéiffance, nous avons marché en perfone avec nos aigles victorieuses vers le duché de Spolete & le voisinage de Rome, Tout s'eft foûmis jufques à Viterbe, excepté très-. peu de villes : Rome même nous appelle. Enforte que nôtre ennemi au désespoir a prêché la croifade contre nous, difant fauffement que nous prétendons renverfer l'église Romaine & profaner les reliques des faints apôtres. Mais il n'a pu faire prendre la croix qu'à des valets, de vieilles femmes & très-peu de foldats

mercenaires.

Le Cardinal Jacques évêque de Paleftrine étant arrivé en France, publia par tout le roiaume la fentenFrançois. ce d'excommunication prononcée par le pape contre Duchefne tom. l'empereur Frideric; mais voïant que l'empereur n'y 10 x1, conc: p. avoit aucun égard, il affembla à Meaux des arche

Gefta S. Lud.

58.335.

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AN. 1240.

vêques, des évêques & des abbez pour déliberer fur cette affaire fi importante. En ce concile il commanda de la part du pape à quelques-uns de ces prelats en prefence de tous, de fe mettre en chemin avec lui pour aller à Rome en perfone, toutes affaires ceffantes; & il promit de leur faire trouver à Vienne des bateaux, & tout ce qui feroit neceffaire pour faire le voïage par mer, attendu que l'empereur étoit maîtredes paffages par terre, & les faifoit garder exactement. Le même legat affembla à Senlis les évêques Meyer. 8. anr. de la province de Reims, & obtint le vingtiéme de Fland. to. xi. tous les revenus ecclefiaftiques pour le fecours du

pape.

conc. f. 371.

Le pape écrivit auffi au roi faint Louis une lettre Matth. Parif. qu'il le prioit de faire lire devant tous les feigneurs 1239-464. de France, & dont la fubftance étoit : Sachez que par meure déliberation avec tous nos freres les cardinaux, nous avons condamné & déposé de la dignité imperiale Frideric, qui en prend le titre ; & que nous avons choifi pour mettre à fa place le comte Robert vôtre frere, à qui non feulement l'église Romaine, mais l'église univerfelle a réfolu de donner toute forte de secours pour l'établir & le maintenir. Recevez donc à bras ouverts une fi haute dignité qui vous eft offerte. Le roi par le confeil des feigneurs fit cette réponse: Comment le pape a-t-il ofé dépofer un fi grand prince, qui n'a point fon pareil entre les Chrétiens, fans qu'il foit convaincu des crimes qu'on lui reproche, ni qu'il les ait confeffez s'il avoit merité d'être dépofé, il ne le devroit être que par un concile general; & quant à fes crimes on ne doit pas en croire fes ennemis, dont on fait que le pape eft le princi

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