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494.

P. 495.

être leut archevêque dès l'an 1241. Ce n'eft pas qu'ils AN. 1245. connussent fa doctrine, fes mœurs & fa capacité pour Matth. Par. P remplir ce grand fiege : ils favoient feulement qu'il étoit oncle de la reine, de belle taille & bienfait de fa perfone. Mais ils faifoient cette élection pour contenter le roi, fachant qu'il étoit parfaitement d'accord avec le pape, & que s'ils élifoient un autre sujet, le foi ne manqueroit pas de pretexte pour faire caffer l'élection. Toutefois quelques-uns des moines de Cantorberi, se repentirent de cette foiblesse, & pour en faire penitence pafferent dans l'ordre des Chartreux. Pour appuïer l'élection de Boniface le roi d'An- . . gleterre fit faire un écrit,où à la perfuafion de la reine, il le dépeignoit comme très-recommandable par fes mœurs & la doctrine, quoiqu'il ne les connût point: il autorifa cet écrit de fon feau, & de ceux de la plûpart des prélats d'Angleterre,évêques & abbez : mais plufieurs refuferent de rendre ce témoignage contre leur confcience. Cette atteftation fut envoïée au pape Innocent, & il confirma l'élection de Boniface pour Cantorberi en 1243.

495.509.

Cependant les moines de Vinchestre se voïant délivrez de Guillaume de Savoïe frere de Boniface, & appuïez fur la bulle du pape, qui maintenoit leur liberté dans l'élection, perfiftoient à defirer Guillaume de Rele alors évêque de Norvic, & l'avoient poftulé Matth. Par. p. pour leur évêque. De quoi le roi irrité envoïa des gens en 1241. leur demander fierement qui étoient ceux qui refufoient de lui obéir, & qui s'opiniâtroient poftuler Guillaume de Rele. Après donc quelque information on chaffa de la maifon les moines trouvez coupables,fans égard à la vieilleffe, à l'ordination ni

AN. 1243.

P. 535.

$.536.

p. 537.

à la qualité des perfonnes; & on les mit en prifon, où ils fouffrirent la faim, le froid, & les autres incommoditez, & furent chargez d'injures & de coups. En même tems le roi voulut obliger l'évêque de Norvic à renoncer par écrit à fa poftulation pour Vincheftre; car il y avoit confenti; & l'évêque refufoit de le faire, difant que fi le pape vouloit le transferer il étoit obligé de lui obéir. Ce refus augmenta l'indignation du roi contre Guillaume de Rele, principalement quand le pape Innocent IV. eut confirmé fon élection pour Vincheftre en 1243. & que les moines de Norvic eurent prefenté au ro i un autre évêque, favoir Gautier de Sufeld.

Le roi fit éclater fa colere contre ce dernier, premierement en ce qu'à fon retour de Guienne il refufa de le recevoir au baifer, quoiqu'il y admît toute la nobleffe & principalement les prélats, & ne lui dit pas même une parole amiable. Aucontraire il envoïa dans les terres de l'évêché des garnifons qui y firent plus de mal qu'il ne leur étoit commandé; & fit garder étroitement les portes de la ville de Vinchestre enforte que l'évêque n'y put entrer. Il fit même défendre par cri public, que perfone le reçût dans fa maison ou lui fournît des vivres, même pour de l'argent, peine d'être reputé ennemi du roi & de l'état. Il fit Taifir les revenus de l'évêché de Norvic, pour lui ôter toute subsistance; & envoïa à Rome pour faire caffer fa tranflation, prétendant qu'il l'avoit obtenuë par furprise. Le prélat ainfi traité vint fe prefenter à une des portes de Vincheftre nus piez & accompagné de fon clergé, demandant humblement la liberté d'entrer dans fon églife; mais il trouva la porte fermée,&

fous

le maire de la ville avec les officiers du roi, qui le rejetterent fierement le chargeant d'injures. Il alla ainsi à toutes les portes,& fe voïant refufé, il mit en interdit la ville avec l'église cathedrale & toutes les autres, & excommunia ceux d'entre les moines qui s'étoient déclarez contre lui.

AN. 1243.

V.

Depuis trois ans S. Loüis pourfuivoit la confirma- Pierre Charlot tion de l'élection de Pierre Charlot fon oncle à l'é- évêque de vêché de Noïon. C'étoit un fils naturel du roi Phi

Noion.

Gall. Chr. to. 3.

Du Tillet p 103.

p.256.

lippe Auguste, qui l'avoit fait legitimer par le pape ep.8.9. Honorius III. à l'effet de tenir des benefices, & le fit pourvoir avant l'âge de quinze ans de la treforerie de S. Martin de Tours, comme il paroît par le témoignage du poëte Guillaume le Breton fon precepteur. Duchefne to. s. Nicolas de Roïe évêque de Noïon étant mort le quatorziéme Février 1240. Pierre Charlot fut élû pour lui fucceder, & l'élection confirmée par l'archevêque Alberic.140. de Reims; même le legat Jacques évêque de Paleftrine ordona diacre l'évêque élû. qui n'étoit encore que foûdiacre de l'église Romaine. Mais le pape Gregoire prétendit que la legitimation de Pierre Charlot ne le rendoit fufceptible que des moindres dignitez & non de l'épifcopat, dont on auroit dû faire mention expresse dans la dispense. C'est pourquoi il declara nulle l'élection & la confirmation, par fa lettre adreffée à l'archevêque de Reims & dattée du cin- xv. ep. 115. ap. quiéme de Juillet 1240. & fit auffi des reproches au ; · legat de l'avoir ordonné diacre. Le pape Gregoire étoit alors mal fatisfait de S. Loüis qu'il n'avoit pû engager à faire la guerre à l'empereur Frideric. Mais le pape Innocent IV. fut plus traitable, & à la priere de faint Louis, il confirma en 1243. l'élection de

Rin. 1240 ??.

1. p. 254 2620Rain.n.31.

AN.1243.

VI.

Erreurs con

damnées.

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Pierre, qui tint le fiege de Noïon fix ans.

La même année 1243. les études aïant recommencé après la S. Michel fuivant la coûtume, on condamna Matth. Parif. plufieurs erreurs avancées par les profeffeurs de theologie, principalement par les plus distinguez entre les freres Prefcheurs & les freres Mineurs, qui pouffoient trop loin la curiofité & la fubtilité de leurs recherches. Pour y remedier les prélats assemblés fe tenant à l'autorité des faintes écritures condamnerent les dix articles fuivans. 1. L'effence divine n'eft vûë en foi, ni par l'homme glorifié, ni par l'ange. 2. Quoique l'effence divine foit la même dans le Pere & le Fils & le faint Efprit, toutefois en tant que forme elle n'est pas la même dans le S. Efprit comme dans le Pere & le Fils pris ensemble. 3. Le S. Efprit en tant qu'amour ou lien, ne procede pas du Fils, mais du Pere feul. Les ames ni les corps glorifiez, même la fainte Vierge, ne feront point dans le ciel empyrée avec les arges, mais dans le ciel aqueux ou cristalin au deffus du firmament. 5. Le mauvais ange a été mauvais dès le premier inftant de sa creation.6. Plusieurs veritez ont été de toute éternité qui n'étoient pas Dieu.7.Un Ange peut être dans le même inftant en divers lieux, & même par tout s'il vouloit. 8. Le premier inftant, le commencement, la creation & la paffion ne sont ni le créateur ni la creature. 9. Le mauvais ange n'a jamais eu de quoi se foûtenir, non plus qu'Adam dans l'état d'innocence. 10. Celui qui à de meilleures difpofitions naturelles aura neceffairement plus de grace & de gloire.

4.

Les prélats en condamnant ces erreurs excommunierent ceux qui les foûtiendroient, & oppoferent à chacune

que

VII. Plaintes contre les religieux mandians.

chacune la verité contraire que l'on dévoit croire. AN. 1243. C'est ainsi que Matthieu Paris rapporte la chofe; mais Bibl. PP. Parif. on trouve ailleurs, que dès l'an 1240. Guillaume évê- to. 4. j. 1142. de Paris condamna les mêmes erreurs trouvées dans quelques écrits, aïant affemblé pour cet effet tous les docteurs qui enseignoient à Paris. Ce qui n'empêche pas qu'elles ne puiffent avoir été condamnées trois ans après dans une plus grande affemblée. Dans le même tems s'émût une difpute de preference entre les deux ordres mendians. Les freres Prefcheurs difoient: Nous fommes les premiers, nous portons un habit plus honnête, nous fommes deftinez à Math. Parif. p. la prédication qui est le ministere apostolique, & nous en portons le nom. Les freres Mineurs répondoient : Nous avons embraffé pour l'amour de Dieu une vie plus austere & plus humble, & par confequent plus fainte: d'où vient que l'on peut paffer de vôtre ordre au nôtre, comme à une obfervance plus étroite. Les freres Prescheurs répondoient : Il eft vrai que vous allez nus piez, mal vêtus & ceints de cordes, mais il ne yous eft défendu comme à pas manger de la viande, même en public, & de faire meilleure chere. C'est pourquoi nous ne convenons pas qu'il foit per mis de paffer de nôtre ordre au vôtre : c'est plûtôt le

contraire.

nous de

Matthieu Paris qui rapporte cette difpute ajoûte de fon chef: Elle produifit un grand scandale, auffi-bien que la divifion entre les Templiers & les Hospitaliers dans la terre fainte; & celle des freres mendians eft d'autant plus dangereufe à toute l'églife, qu'ils font gens de lettres & appliquez à l'étude. Ce qui eft trifte c'est que l'ordre monaftique n'est pas tant déchû duTome XVII.

N,n

540.

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