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Inn. lib. 1. cfijt. 645 ap.

Rain,

decrets donnez contre ceux qui avoient tenu le parti AN. 1243. du pape, de délivrer tous les prifoniers, & permettre à tous de rentrer dans leur patrie & dans leurs biens. Enfin que pour les torts qu'il prétendoit avoir foufferts avant la rupture, il s'en rapporteroit au jugement du pape & des cardinaux. Ces articles furent jurez publiquement à Rome le jeudi-faint trente-uniéme jour de Mars 1 244. par les trois commiffaires de l'empereur in. 21. en prefence de Baudouin empereur de CP. des cardinaux, de plufieurs prélats, des fenateurs & du peuple Romain: outre les étrangers venus felon la coûtume pour la folemnité du jour. Il eft remarquable qu'entre les conditions de ce traité, il n'eft fait aucune mention de rehabiliter Frideric à la dignité imperiale, dont Gregoire IX. l'avoit dépofé, ni de faire rentrer fes fujets fous fon obéïssance; mais feulement de l'abfoudre des cenfures. Auffi nonobftant cette dépofition, il n'étoit pas moins reconnu pour empereur & pour roi de Sicile, non feulement par fes fujets, mais par S. Louis, par Henri roi d'Angleterre & les autres princes étrangers.

s.

L'empereur Frideric fe repentit bien-tôt de s'être Mart. Par. p, ainfi foûmis au pape, & peu de jours après il refusa ”, 5o. d'executer ce que les agens avoient fi folemnellement promis. Le pape en donna avis au Lantgrave de Tu- D.ep. 645. ringe dès le dernier jour d'Avril, l'exhortant à demeurer fidele au S. fiege. Cependant l'empereur tâchoit de furprendre le pape, lui tendant fecretement des pieges qui furent depuis découverts; & le pape en étant averti fe tenoit fur fes gardes, & le défioit même des fiens. Pour le mieux fortifier il crea dix cardinaux le jour de la fainte Trinité vingt-neuvić

AN.1244. me de Mai, entre-autres Jean de Tolede Anglois moine de Cisteaux recommandable pour sa doctrine, qu'il fit cardinal prêtre du titre de S. Laurent in Lucina. hell. to. 1. Les autres cardinaux de cette promotion étoient plus distinguez par leur naissance que par les mœurs ou la

p. 58. Matth. Vejim. p. 315.

X.

vêque de Nor

terre.

S+2. 544 $45.

F. 5,8 559.

doctrine.

part

Le roi d'Angleterre continuoit de perfecuter GuilRetour de l'é- laume de Rele transferé de l'évêché de Norvic à cevic en Angle- lui de Vincheftre; enforte que ce prélat après s'être Matth. Parif.p. tenu quelque tems caché dans Londres, s'embarqua fecretement fur la Tamife le vingtiéme de Fevrier 1244. passa en France & vint à Abbeville, où le roi S. Louis envoïa une perfonne confiderable lui offrir fa protection, & commander au maire de la ville de tenir la commune en état de le défendre même à main armée, fi quelqu'un le vouloit maltraiter de la du roi d'Angleterre. Cependant les agens de ce prince follicitoient à Rome contre le prélat, mais fans effet; & le pape écrivit en sa faveur au roi d'Angleap. Rain,n. 15. terre une lettre, où il dit en fubftance: Non feulement vous n'avez point eu d'égard aux prieres que nous vous avons déja faites de recevoir ce prélat en vos bonnes graces, mais vous vous êtes échapé en des difcours qui ne conviennent pas au respect filial que vous nous devez: en difant qu'aucune poftulation en Angleterre ne peut être admife par le S. fiege malgré vous, que vous avez la même puiffance au temporel que nous au fpirituel, enforte qu'aucun évêque ne peut entrer en poffeffion de fon temporel fans vôtre confentement. Au lieu que fuivant la creance de tous les fideles le S. fiege a reçû de Dieu la libre difpofition de toutes les églises; & n'est point obligé de s'en

tenir au jugement des princes, ni de demander leur confentement pour les élections ou les poftulations. La lettre eft du vingt-huitiéme de Fevrier. Je ne fai s'il fe trouveroit aujourd'hui quelque prince Chrétien qui convînt de ces maximes.

AN.1244.

Le pape écrivit aussi à la reine d'Angleterre, à l'archevêque de Cantorberi fon oncle, aux évêques Match, Paris. de Vorchestre & d'Herford, de travailler efficacement à la reconciliation de l'évêque de Vinchestre avec le roi; & pour y parvenir le roi envoya à ce prélat les sujets de plaintes qu'il prétendoit avoir contre lui, montant à huit articles, aufquels l'évêque répondit pertinemment & modeftement: enforte qu le roi commença à le traiter avec plus de douceur. Enfin il le rappella en Angleterre & lui rendit ses bonnés Id. p. 562. graces, & tout ce qu'il lui avoit ôté. L'évêque de Vincheftre après avoir pris congé du roi faint Louis & l'avoir remercié de sa protection & de ses bienfaits, fe mit en chemin & arriva à Douvres le cinquiéme jour d'Avril 1244. Toute l'Angleterre fe réjouit de fon retour, excepté quelques courtifans auteurs de fa disgrace:tous les autres efperoient fermement que par fa prudence & fon grand fens il remettroit en fon premier état, non feulement fon diocese, mais tout le roïaume. Le roi le reçût auffi favorablement que si jamais il n'y avoit eu de froideur entre eux, & fon affection pour le prélat augmentoit de jour en jour.

XI. Commence

mens de S. Ri

chard de Chi

Mais ce prince recommença en même tems à perfecuter un autre faint évêque pour un pareil fujet, Raoul de Neuville évêque de Chichestre étant mort, les chanoines pour faire un choix agréable au roi,élu- cheftre. rent à fa place Robert Paffeleve archidiacre; & grand. p. 43. Tome XVII.

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Vita ap. Bell.

AN. 1244. Matth. Parif..

134.

12.8.562.

Boll.p.285 279.

ils

courtifan, qui par fon industrie à inventer des taxes
& des impofitions avoit fait venir au roi de grandes
fommes. L'archevêque de Cantorberi Boniface de
Savoie & les évêques de la province, en furent indi-
gnez; & s'étant affemblez pour examiner l'élû,
lui firent proposer des questions difficiles par Robert
Groffe-tête évêque de Lincolne; & l'aïant jugé in-
capable, ils cafferent l'élection. Puis fans demander
de nouveau le confentement du roi,ils élurent évêque
de Chichestre le docteur Richard de Viche homme
irreprochable pour la doctrine & pour les mœurs,
mais odieux au roi comme aïant été attaché à faint
Edme de Cantorberi. Le roi apprit cette élection,
étant à S. Alban au mois de Juin 1244. & auffi-tôt
extrêmement irrité contre Richard & les évêques qui
l'avoient élû, il défendit de lui laiffer prendre poffef-
fion de la Baronie & des autres biens temporels ap-
partenans à cette églife, & les fit faifir en fon nom.
Richard fe voyant élû canoniquement, se crut obli-
gé à foûtenir fon droit, & s'adressa au pape, dont
il fut favorablement reçû.

Il étoit né vers l'an 1197. au diocese de Vorchestre, dans le village de Viche ou Droit-viche, dont le nom lui demeura. Son frere aîné lui ayant laiffé ce qu'ils avoient de patrimoine, on lui proposa un mariage avantageux: mais voïant que fon frere en avoit de la peine il y renonça, lui retroceda tout le bien, & s'en alla étudier premierement à Oxford, puis à Paris : où vivant dans une grande pauvreté, il apprit la logique & la rhetorique, enforte que tout le monde le jugeoit digne d'enseigner. Il revint à Oxford où il fut profeffeur : puis il passa à Boulogne en Italie, & y étudia le

droit canonique pendant fept ans avec tant de fuccez, que fon profeffeur étant tombé malade lui fit faire les leçons à fa place pendant dix-huit mois, & lui voulut donner fa fille unique en mariage avec tout fon bien. Richard s'en excufa aïant des penfées plus hautes, & étant revenu en Angleterre il fut fait chancelier de l'univerfité d'Oxford,

S Edme alors archevêque de Cantorberi connoiffant fa doctrine & fa vertu voulut l'avoir pour chancelier de fon églife, & en même tems l'évêque de Lincolne Robert Groffe-tête le defiroit pour la fienne: fans que ces deux prélats fçûffent l'intention l'un de l'autre. S. Edme l'emporta & Richard devenu chancelier de Cantorberi s'acquitta de cette importante charge avec une grande modeftie & un grand defintereflement. Il demeura toûjours attaché à S. Edme dans fa disgrace comme dans fa profperité & le suivit dans fon exil. Après fa mort Richard reprit fes études, que les affaires l'avoient obligé d'interrompre, il alla à Orleans apprendre la theologie chez les freres Prescheurs, & entendit expliquer prefque tout le texte de l'écriture fainte. Ce fut alors qu'il reçût l'ordre de prêtrife par les mains de Guillaume de Buffi évêque d'Orleans, qui connoiffoit fon merite ; & de ce jour il s'habilla plus modeftement & pratiqua de telles austeritez, qu'il fut obligé à les moderer par le confeil de fes amis. Puis il retourna en Angleterre gouverner une paroiffe qui étoit fon feul benefice; & c'eft de là qu'on le tira pour le mettre sur le siege de Chichestre.

Le pape voulant s'il étoit poffible conclure la paix avec l'empereur, partit de Rome huit jours avant

la

XII. Le pape s'enfuit à Gen:s.

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