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Innocent l'excommunia comme apoftat & rebelle à l'église, lui défendant de porter l'habit de religieux, & le dépouillant de tout privilege clerical.

AN. 1244.

Halés.

XV.

10 Top 928.

Nic. Trives.

an. 1222. fo.

Peu de tems après l'ordre des freres Mineurs perdit une de fes grandes lumieres, favoir Alexandre de Alexandre de Halés : ainfi nommé du lieu de fa naiffance, village Monast. Angl.. dans le comté de Gloceftre,où depuis en 1 246. Richard comte de Cornoüaille fonda un monaftere de Cifteaux. Alexandre aïant appris les humanitez en Angleterre, vint à Paris où il étudia la philosophie & la theologie. Il étoit déja docteur & en grande reputation quand il embraffa l'inftitut des freres Mineurs en 1222. Il avoit compofé fa fomme de theologie qui fut reçûë dans les écoles avec grand applaudiffement. Or quoique Jean Parent troifiéme general des freres Mineurs défendit depuis qu'aucun d'eux prît le nom de maître ou de docteur, Alexandre de Halés le garda toûjours, & plufieurs autres du même ordre le prirent enfuite: jusques à foûtenir avec chaleur ce titre contre les docteurs feculiers qui le leur vouloient difputer auffi-bien qu'aux freres Prescheurs, comme nous verrons bien-tôt.

8.

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Valingan. 1d. 1230. n. 13

eod. n. 26.

Duboula.201

7.-29.

Si. liv. LXXXI.

Alexandre gouverna l'école de theologie des freres Vad r. 1222. Mineurs à Paris jufques à ce qu'il la ceda à frere Jean de la Rochelle, qui étoit déja docteur regent en 1238. lorfqu'il donna fon avis fur la queftion de la plurali- 1 1238. n. 8. té des benefices. Enfuite enfeignerent dans cette école frere Guillaume de Meliton, puis frere Jean de Parme avant qu'il fût general de l'ordre en 1247. A- Echard Sum. lexandre de Halés & Jean de la Rochelle furent du S.Tk.p 23. nombre des quatre docteurs, qui compoferent une declaration fur la regle de S. François, par ordre du Vať. 1242-7-2 Pp

Tome XVII.

AN.1244.

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123.

Sur.liv

21.64.

de

chapitre provincial, & l'adrefferent au general de l'ordre & aux definiteurs. Nous ne pretendons pas, difent-ils, faire une nouvelle exposition ou une glose sur la regle, comme quelques-uns nous imputent par un zele outré: mais feulement tirer l'intelligence pure LXXXIX... la regle de fes propres paroles. C'eft que S. François dans fon teftament avoit très-expreffement défendu d'ajoûter aucune glofe à fa regle : mais il n'y avoit pas quatre ans qu'il étoit mort quand le pape Gregoire IX. declara que les freres Mineurs n'étoient point obligez à obferver le teftament, & expliqua la regle en plufieurs articles. Alexandre de Hales mourut le vingt-uniéme d'Août 1245. & fut enterré dans l'égliEchard. p. 245. fe des Cordeliers à Paris. Ses œuvres font en grand Vading. Scrap. nombre, favoir des commentaires fur toute l'écriture fainte, & fur le maître des fentences, mais fur tout fa fomme de theologie.

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C'est le plus grand corps d'ouvrage qui eût encore paru fur cette matiere. L'auteur y fuit le même plan, Sup. liv. LXX. & à peu près le même ordre que le maître des fenten

n. 34.

9.42.

9. 19. 9.44.

4. 47.

ces: mais il se donne beaucoup plus de liberté pour raisonner & traiter des queftions plus curieufes qu'utiles. Il divife de même fon ouvrage en quatre parties dont chacune eft un gros volume : dans la premiere après une question préliminaire fur la theologie, il traite des Attributs, puis de la Trinité: dans la feconde il traite des caufes en general, puis de la creation : enfuite des Anges, des creatures corporelles & de l'ouvrage des fix jours. Là il propose la question s'il y a un ciel empyrée, & au lieu de le prouver par autorité, puifque l'experience n'en apprend rien, il se contente d'apporter des raifons de le croire. A l'oc

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AN. 1244.

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9. 88.

cafion de la creation de l'homme, il traite au long de la nature de l'ame raifonnable & de l'état du premier homme: & à l'occafion de fa chûte il traite du mal en general & du peché, Il foûtient qu'on ne doit point 1.94. permettre aux infideles de commander aux Chrétiens, pour ne les pas expofer à perdre la foi, qu'on q. 162 memb.2. ne doit point tolerer les heretiques manifeftes, &

qu'on doit même leur ôter leurs biens. Enfin que les q.163. m, 11. fujets d'un prince apoftat font difpenfez du ferment

de fidelité : fur quoi il oppose l'autorité du pape Gre- q 165. m. 4. goire VII. à celle de S, Ambroife.

T

Dans la troifiéme partie Alexandre de Halés trai

96.

te de l'incarnation, En parlant de la fainte Vierge, il dit qu'elle n'a été sanctifiée ni avant fa conception 9 9 m. 2. ni dans la conception même, mais toutefois avant fa naiffance. Enfuite, il traite de la loi naturelle, de la q.16.27. loi Mofaïque, de la loi évangelique, de la grace & de la foi en parlant de l'ordre des juges, il dit fuivant Hugues de S. Victor, que la puiffance fpirituelle eft 26 68. au-deffus de la temporelle par la dignité, par fon antiquité & par la benediction qu'elle lui donne : à quoi il appliqne la ceremonie du facre des rois. Il ajoûte q. 48, mí, s a. 3. que c'eft à la puiffance spirituelle à inftituer la temporelle & la juger; & que le pape ne peut être jugé que de Dieu feul

9.40 m.f.

Dans la quatrième partie il traite des facremens, & en parlant de l'euchariftie, il dit que prefque par tout les laïques communient fous la feule efpece du pain. Parlant des indulgences à l'occasion de la penitence, il dit que le pape peut remettre toute la peine, mais qu'il ne le doit faire que pour grande caufe comme pour la croifade de la terre fainte. Sur le jeû- 11.1.4.4.

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AN. 1244.

9.28.m.3.4.3.

M 82.2.3.

9 31.

ne il préfere celui des Latins, qui ne faifoient qu'un feul repas au jeûne des Grecs, qui en faifoient plufieurs petits : il en marque l'heure à None, mais il prétend que l'heure n'est pas de precepte. A l'occaThomiff. jeu- fion de l'aumône il traite la question de la mendicité 5.2.p. volontaire des nouveaux religieux, par les mêmes raisons qui furent emmployées depuis : ce qui montre q. 32. m. 4.4.3' que dès fon tems on agitoit cette queftion, qui s'échauffa encore plus après la mort. Et comme on difputoit aux religieux mendians la faculté de prêcher & d'oüir les confeffions, même par commiffion du pape, il infifte particulierement fur fon autorité; & foûtient qu'elle eft pleine, abfolue & fuperieure à toutes les loix & les coûtumes: enfin que tout le pouvoir des prélats inferieurs eft émané du pape comme du chef qui influë fur les membres, non feulement fuivant l'ordre de la hierarchie, mais felon qu'il juge 3 propos pour l'utilité de l'églife. Sur quoi l'auteur allegue plufieurs chapitres de Gratien, la plupart tirez des fauffes decretales.

XVI.

Le chapitre general de l'ordre de Cifteaux fe tenoit S. Louis au cha dans le même tems que celui des freres Mineurs, aïant commencé fuivant la coûtume à la faint Michel 1244.

pitre de Cif

teaux

Matth. Parif p.

571.

Or le pape Innocent étant averti auparavant que le roi S. Louis y devoit venir, écrivit au chapitre une lettre étudiée, où il prioit inftamment tous les abbez qui s'y trouveroient, de conjurer le roi à genoux & à mains jointes, que fuivant l'ancienne coûtume de France il prît la protection du pape contre Frideric qu'il nommoit fils de Sathan, & s'il étoit nécessaire qu'il reçût le pape dans fon roïaume: comme Alexandre III. y avoit été reçû contre la perfecution de

l'empereur Frideric I. & S. Thomas de Cantorberi AN. 1244.

contre celle de Henri II. roi d'Angleterre.

la

2. 57.

S. Loüis vint en effet au chapitre de Cifteaux feup. liv. LXX. recommander aux prieres des moines. Il étoit accompagné de la reine Blanche fa mere, à qui le pape avoit accordé la permiffion d'entrer avec douze femmes dans les maifons de l'ordre de Cifteaux, pour y faire fes prieres. Le roi avoit encore à sa suite deux de ses freres, Robert comte d'Artois & Alfonfe comte de Poitiers, avec fix autres comtes de France. Quand ils furent près de l'églife de Cifteaux à un trait d'arbalête, ils defcendirent de cheval par respect, & marcherent jufques à l'églife en ordre & priant Dieu. Tous les abbez & la communauté qui étoit de cinq cens moines, vinrent au devant en proceffion, pour recevoir plus dignement le roi, qui venoit venoit pour premiere fois à leur monaftere. Le roi s'affit dans le chapitre au milieu des abbez & des feigneurs, mettant par refpect fa mere au-deffus de lui; & alors tous les abbez & les moines à genoux les mains jointes & avec larmes lui firent la priere que le pape leur avoit prescrite. Le roi se mit auffi à genoux devant eux, & leur dit, qu'autant que fon honeur le permettroit, il défendroit l'églife contre les infultes de l'empereur Frideric, & recevroit volontiers le pape pendant fon exil, files barons le lui confeilloient : parce qu'un roi de France ne pouvoit fe difpenfer de fuivre leurs avis. Les abbez rendirent au roi de grandes actions de graces, & lui accorderent une participation fpeciale à leurs bonnes œuvres. Or l'empereur Frideric avoit auffi à ce chapitre fes ambassadeurs, pour s'opposer à la demande du pape.

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