AN.1245. ar. Rain. 1243. 22. 34. lui-même. La lettre eft du premier Fevrier 1245. Dès l'an 1243. le pape avoit écrit au Provincial des freres Prescheurs en Allemagne & à d'autres fuperieurs de religieux de choifir dans les provinces de Magdebourg & de Brême, & dans les diocefes de Ratisbone, de Paffau, d'Halberstat & de Verden, des religieux pour exhorter les peuples à prendre les armes en faveur de la religion, afin d'étendre la gloire de J. C. & reprimer l'infolence des infideles. C'eft-à-dire, Dusb, 33-45 que ces religieux prêchoient la croisade contre les païens de Pruffe & des environs. Le legat Guillaume la prêcha auffi en perfone&nommément contre Suantopoulc après l'avoir admonefté inutilement : ce qui excita plufieurs nobles d'Allemagne à venir au fecours des chevaliers Teutoniques & des Chrétiens de Pruffe enforte que Suantopoule après plufieurs traitez qu'il avoit rompus aïant été plufieurs fois vaincu, fut 54. 55. enfin reduit à demander la paix, qui lui fut accordée par la mediation d'Opizon abbé de Meffine le que pape avoit envoïé pour cet effet au mois d'octobre 1243. c'est-à-dire, pour terminer les differens entre l'évêque de Cujavie, les chevaliers Teutoniques de Pruffe, les ducs de Pologne & de Camin d'une part : & & d'autre par le duc de Pomeranie Suantopoulc & les nouveaux Chrétiens de Pruffe. Cette paix fut concluë en 1246. Suantopoulc renonça à l'alliance des païens, & fut absous des censures qu'il avoit en couruës. AN. 1245.. XXII. Matth. Par. p. A l'entrée du Carême qui commença le premier Conduite du jour de Mars cette année 1245. le pape fit renouveller P par toute la France l'excommunication contre l'em- $75. pereur, à caufe de quelques nouvelles invasions qu'il avoit faites fur les parens & fur des ecclesiastiques. Un curé de Paris, qui aimoit l'empereur & haïssoit la cour de Rome, où il avoit été maltraité; aïant reçû l'ordre de publier cette excommunication, dit publiquement dans fa paroisse à un jour folemnel: J'ai ordre de dénoncer excommunié l'empereur Frideric. Je n'en fai pas la cause; mais je fai qu'il y a un grand differend entre le pape & lui. Je ne fai qui a tort ni qui a raifon : mais autant que j'en ai le pouvoir j'excommunie celui des deux qui fait le tort, & j'abfous celui qui le fouffre. Cette raillerie vint jufqu'aux oreilles de l'empereur, qui envoïa des presens au curé; mais le pape châtia fon indiscretion. Le pape fe plaignoit à fes confidens que l'églife Romaine étoit accablée de dettes, & il faifoit entendre qu'il avoit grand befoin d'un notable fecours d'argent. Ce qui s'étant répandu dans le public,plusieurs riches prélats vinrent le trouver, lui témoignerent qu'ils compatiffoient à fes peines & à fes perils, & le feliciterent d'avoir évité les pieges de l'empereur & de s'être approché de ses enfans qui lui étoient dévoüez. En même tems ils lui offrirent des prefens ineftimables; des chevaux, de la vaiffelle, des habits, Tome XVII. Rr Idem p. 581: AN.1245 des meubles précieux, de l'or & de l'argent. Hugues abbé de Clugni lui donna une grande fomme d'argent, aux dépens de fon monastere & des prieurez qui en dépendent. Auffi le pape lui procura l'évêché de Langres vacant dès l'année 1 240. par la translation de Robert de Torote à l'évêché de Liege. Hugues fut Duchesne to s évêque de Langres en 1244. Gall. Chr.to. I. p.187. Duch. p. 342. 16.d. 323. Pierre de Colmieu archevêque de Roüen fit aussi un grand present au pape, & pour y fubvenir se chargea de grandes dettes, lui & fon églife. Le pape le fit cardinal évêque d'Albane dès la même année 1 244. & donna l'archevêché de Rouen à Eudes Clement Abbé de S. Denis en France,qui lui avoit fait auffi de grands prefens. Il fut pourvû par une lettre adressée au chapitre de Rouen, & dattée de Lion le trentiéme de Mars Ibid. 338 1245. & reçû dans fon église le quatriéme dimanche d'après Pâques quinziéme jour de Mai. Mais il ne tint le fiege de Rouen que deux ans. Gilles Cornu archidiacre de Sens en fut ordonné archevêque la même année 1244. à la place de Gautier Cornu fon frere mort le vingt-uniéme d'Avril 1241. Gilles tint ce fiege dix ans. Aimeri Archevêque de Lion déja vieux & valetudinaire refigna la même année fon archevêché entre les mains du pape,& fe retira au monaftere de Grandmont où il mourut douze ans après. Le pape cependant donna l'archevêché de Lion à Philippe de Savoïe déja élû évêque de Valence,mais avec une difpense finguliere. Car encore que Philippe n'eût pas même reçû les ordres facrez, il lui conferva les revenus de l'évêché de Valence avec ceux de l'archevêché de Lion, de la prévôté de Bruges & de plufieurs autres grands benefices, qu'il avoit en Flandres & en a Angleterre. Ce prince bien fait de fa perfonne & fort AN. 1245. inftruit dans l'art de la guerre commandoit des troupes du pape, & fut chargé de la garde du concile de Lion. Son frere Boniface fut facré par le pape à Lion archevêque de Cantorberi. : Le pape y facra auffi deux autres évêques d'Angle Matth. Parif. p. terre le docteur Richard de Viche pour le fiege de 578. Chichestre & le docteur Roger Vefcham doïen de Lincolne pour le fiege de Cheftre. Leur fcience & leur vertu firent que le pape n'eut point d'égard à l'oppofition du procureur que le roi d'Angleterre avoit envoïé folliciter contre eux, fondé fur ce qu'en leur promotion on n'avoit pas demandé fon confentement. On lui répondit, que ce prince abufant de fon privilege s'en étoit rendu indigne. Mais le roi d'Angleterre l'aïant appris fit confifquer le temporel de ces deux évêchez. quer Cependant quelques prebendes étant venuës à vadans l'églife de Lion, le pape les voulut donner à des étrangers fes parens, fans la participation du chapitre; mais les chanoines lui refifterent en face & protefterent avec ferment que fi ces étrangers se montroient à Lion, ils feroient jettez dans le Rône, fans que l'archevêque ni eux puffent l'empêcher. Vers le même tems un huiffier du pape aïant repouffé rudement un citoïen de Lion, qui demandoit honnêtement à entrer, le citoïen lui coupa la main: & Philipde Savoïe eut bien de la peine à en faire faire quelque fatisfaction, pour fauver l'honeur du pape. pe A la S. Jean qui étoit le terme marqué pour la tenuë du concile, le trouverent à Lion plufieurs prélats & deux princes feculiers, Baudouin empereur de XXIII. Concile deLion; AN. 1245. CP. & Raimond comte de Toulouse. Baudouin avoît été couronné dans l'église de fainte Sophie à CP. incontinent après qu'il y fut arrivé,c'est-à-dire,au mois de Decembre 1239. mais bien que l'année fuivante il eût remporté fur les Grecs des avantages confiderables par terre & par mer : il fe trouva dans la fuite trop foible pour foûtenir la guerre contre eux, principalement faute d'argent; & fur la fin de l'année 1244. il fut contraint de venir en Italie folliciter du fecours auprès du pape Innocent & de l'empereur Frideric, entre lefquels il fut mediateur de la paix com-. me le comte de Toulouse, mais avec le peu de fuccés que vous avez vû. L'empereur Grec Vatace foûmit cependant le roïaume de Thessalonique, que tenoit Matth. Parif. Jean Comnene; & fa puiffance croiffoit de jour en jour. Au concile fe trouverent auffi des ambassadeurs de l'empereur Frideric, dont le premier étoit Thadée de Sueffe chevalier & docteur de loix:de la part du roi d'Angleterre le comte Bigod & d'autres nobles, & les envoïés de quelques autres princes. p. 582. .p. 130. to. x. conc. p. 458. Quant aux prélats il y en avoit cent quarante, tant archevêques qu'évêques, à la tête defquels étoient trois patriarches Latins, de CP. d'Antioche& d'Aquilée ou de Venise. Il y avoit plufieurs procureurs des prélats abfens chargez de leurs excufes, & les députez des chapitres. L'Abbé de S. Alban en Angleterre y envoya un de fes moines accompagné d'un clerc ; & ce fut fans doute par eux que Matthieu Paris moine du même monaftere apprit tout le détail de ce concile qu'il rapporte dans fon histoire. Il ne vint perfone du roïaume de Hongrie defolé par les Tartares; & peu de prélats d'Allemagne, à cause de la guer |