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nos plaisirs, nous nous confefferons fans peine à quelAN. 1246. qu'un de ces freres Prêcheurs ou Mineurs qui pafferont chez nous, que nous n'avons jamais vûs, & que nous ne verrons jamais. Quelques freres Prêcheurs vinrent à l'église de S. Alban où l'archidiacre tenoit fon fynode fuivant la coûtume; & l'un d'eux demanda imperieusement que l'on fit filence, pour entendre fa predication. Mais l'archidiacre l'arrêta, traitant leur conduite de nouveauté, & difant qu'il fe vouloit tenir à l'ancien usage; fuivant lequel chacun fe doit confeffer à fon propre prêtre ; & pour le prouver il rapporta le canon du concile de Latran tenu fous Innocent III. en 1215.

XLVII.

Bernardins.

an. 1246. p.665

p. 184.

Dubois to. 2.

~436.

D'ailleurs les religieux mandians méprifoient les College des moines comme ignorans, ce que faifoient aussi les Matth. Parif. docteurs feculiers, principalement les legistes & les Duboulai to. 3. Canoniftes. Pour se mettre à couvert de ce reproche, Etienne de Lexinton abbé de Clairvaux, refolut d'établir à Paris une maison où les moines de Cifteaux allaffent faire leurs études. Il étoit Anglois d'une famille noble, & deslors tres-diftinguée, & avoit trois freres en des poftes confiderables, entr'autres Henri depuis évêque de Lincolne. Etienne de Lexinton fit fes études à Paris, où il prit des leçons de S. Edme de-puis archevêque de Cantorberi;& par fes exhortations il entra dans l'ordre de Cifteaux. Après en avoir eu une abbaïe en Angleterre, il fut élû à celle de Savigni en Normandie, l'an 1229. puis à celle de Clairvaux en 1242. Deux ans après il obtint du pape Innocent IV.la Dubreuil.p.625. permission de bâtir à Paris un college pour les jeunes moines de fon ordre, puis il acquit du chapitre de N. Dame cinq arpens & demi de vignes prés de S.

Neufria pia p. 686.

Victor, qu'il échangea depuis avec l'abbé & les religieux contre des terres un peu plus éloignée de l'abbaïe au lieu dit le Chardonnet. Cet échange fe fit en 1246. & telle fut l'origine du college des Bernardins le plus ancien de l'univerfité de Paris.

AN. 1246.

Sup. liv.

Ĉet établissement ne fut pas approuvé des autres Ibid. ep. 665. moines, voici comme en parle Mathieu Paris ancien Benedictin: Le monde maintenant orgueilleux méprise les religieux Clauftraux, & s'efforce de les dépouiller de leurs biens; & ainfi l'ordre monaftique eft en partie relâché, à cause de la malice du monde. Car nous ne voïons point que cette institution, il parle des colleges, tire fon origine de la regle de S. Benoit, que S. Gregoire témoigne avoir eu l'efprit de Dieu : au contraire nous lifons qu'il quitta les études pour se retirer au desert. Ainfi parle Mathieu Paris, & il eft vrai que le premier efprit de la vie monastique étoit de vivre en folitude & en filence, occupez de la priere & du travail des mains. Ce qui les rendoit alors méprifables, c'est que la plûpart étoient tombez dans l'oifiveté & la moleffe.

XXXII. n. 13.

XLVIII.

Eglife de Dane

Vading, 1246. n. 7. Rain.n.36.

Le pape Innocent donna cette année à frere Simon d'Auvergnede l'ordre des Mineurs, des commiffions marc. pour informer contre deux évêques de Danemarc.Le premier étoit celui de Rochild, de qui le roi Eric se plaignit au pape, qui l'ayant fait fon chancelier & lui aïánt donné fa confiance, il n'en avoit receu que de l'ingratitude, & que le prelat après avoir pillé le roïaume & confpiré contre fa vie, s'étoit retiré dans un pays éloigné. Le pape ordonne donc à frere Simon de s'enquerir exactement de ces faits. Vous nous en envoïerez, dit-il, la relation par écrit fcellée de votre

que nous

feau, afin que nous puiffions proceder ainsi AN. 1246. jugerons convenable felon Dieu. La lettre eft du vingtuniéme de Juillet 1246.

L'autre commiffion eft du neuviéme de NovemVading. n. 8. bre, & le pape y parle ainfi: Nous avons appris que l'église d'Odenfée étant vacante, un tel qui en étoit prevôt fit entrer dans le chapitre une multitude de laïques, & intimida tellement les moines qu'il se fit élire évêque. Il contraignit de même par fes menaces l'archevêque de Lunden fon métropolitain, de confirmer l'élection & de le facrer, quoiqu'il le connût pour un concubinaire public, élû contre les canons, par la puiffance feculiere. Cet évêque continuë de garder fcandaleufement fa concubine; & comme il eft encore chargé de plufieurs autres crimes, il n'ofe reprendre fes diocefains; au contraire ils ne veulent ni entendre fes predications, ni assister à sa messe. Nous vous ordonnons donc d'aller fur les lieux, de vous informer foigneusement fi le mal eft auffi grand qu'on le publie, & nous en inftruire par vos lettres. Ce pouvoir contre des évêques donné à un fimple frere Mineur est dignę de reflexion.

XLIV. Evêque de Maroc.

Sup. liv. LXXX. 2. 63.

Vading. 1246.

F. 9.10. c

Innocent

L'église de Maroc étoit vacante par le decez de frere Agnel du même ordre, que le pape Gregoire IX. en avoit ordonné évêque en 1237. Le pape lui donna pour fucceffeur un autre frere Mineur nommé frere Lopé Fernandez Daïn, qu'il recomman◄ da aux fideles du diocese par fa bulle dattée de Lion le dernier d'Octobre 1246. En même tems il écrivit en sa faveur au roi de Maroc, qu'il louë de la protection qu'il donne aux Chrétiens qui font dans ses états, & fait des vœux pour fa converfion à la foi. Le pape écrivit

de même au roi de Tunis, & à ceux de Ceuta & de AN. 1246. Bougie, à tous les fideles des côtes maritimes d'Efpagne; aux évêques des mêmes côtes, à ceux de Baïone & de Marseille, aux archevêques de Narbonne & de Genes, au roi d'Arragon, au maître de l'ordre de S. Jacques; enfin à tous les Chrétiens qui fe trouvoient en Afrique.

Mais quelques années après l'évêque de Maroc étant venu à Lion fe plaignit au pape, que le roi n'avoit pas donné aux Chrétiens fes fujets des places de sûreté comme le pape l'en avoit prié, pour les mettre à couvert des infultes de leurs ennemis, particuliererement ceux qui portoient les armes pour fon fervice. Sur quoi le pape écrivit au roi de Maroc lui réïterant la même priere, & s'il n'y fatisfait pas, il le menace n. 29. de rapeller de fon service les Chrétiens qui font dans fes terres, & de défendre à d'autres d'y paffer. Lalettre eft du feiziéme de Mars 1252. Mais quel droit avoit le pape de donner ces ordres à des Chrétiens dont il n'étoit point le feigneur temporel ?

Rain: 12557

L.

Nouvelles impe

gleterre.

Le pape Innocent IV. aïant appris que le roi d'Angleterre s'oppofoit à fes exactions, entra en grande fitions fur l'Ancolere, & refolut de mettre le roïaume en interdit. Matth. Parif. Mais le cardinal Jean de Tolede Anglois de nation, p. 624. qui avoit été moine de Cifteaux, lui dit : Seigneur, pour Dieu moderez-vous, & confiderez que le tems eft fâcheux. La terre fainte eft en grand peril, l'églife . 25. Grecque s'eft feparée de nous, Frideric, qui n'a point d'égal en puiffance entre les princes Chrétiens, nous eft oppofé. Nous fommes chaffez d'Italie, & comme en exil. La Hongrie & les païs voifins n'attendent que leur ruine entiere de la part des Tartares : l'AlZ z iij

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AN. 1246,

lemagne eft agitée par fes guerres civiles:en Espagne on maltraite les évêques jufqu'à leur couper la langue, nous appauvrissons la France, & efle a confpiré contre nous : l'Angleterre fatiguée & épuisée par nos vexations, commence à parler & à fe plaindre, comme l'âneffe de Balaam accablée de coups, ainfi nous attirons tout le monde contre nous. Le pape ne fe rendoit pas à cette remontrance & vouloit punir l'Angleterre, quand les ambaffadeurs qui en étoient partis arriverent; & l'affurerent que fes amis avoient adouci le roi, & qu'il en obtiendroit bien-tôt ce qu'il defiroit. Cette nouvelle rejoüit le pape, & ramena la serenité sur son visage.

Reprenant donc courage, il manda aux prelats d'Angleterre,que tous les beneficiers refidens en leurs benefices lui païaffent le tiers de leur revenu, & les non refidens la moitié; & il commit l'évêque de Londres pour l'exécution de ce mandement. Le prelat en affembla quelques autres, avec lefquels il devoit propofer l'ordre du pape dans S. Paul de Londres le lendemain de la S. André, c'est-à-dire le premier jour de Decembre 1246. Mais toute l'affemblée s'oppofa à cette contribution par les raifons fuivantes. L'ufage des églises cathedrales eft que les chanoines refidens, qui font peu en quelques-unes, entretiennent les moidres clercs & les autres miniftres de l'église du revenu des benefices qu'ils ont en divers lieux or fi on en retranche la moitié,le fervice de l'églife manquera, les chanoines ne pouvant plus y fournir, ni refider eux-mêmes dans les cathedrales avec fi peu de revenu, car à peine leur refteroit-il le quart; deduction faite des frais de recolte & les autres charges. Les

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