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maisons religieuses d'Angleterre font fondées du revenu des paroiffes, qui à peine leur fuffit: fi on le reduit à la moitié, la moitié des religieux feront obli

gez à fortir pour aller mander, errant par le monde,

les cu

AN. 1246,

au prejudice de leur obfervance & expofez à divers
pechez. L'hospitalité & l'aumône, qui fe pratiquent p. 266. !
dans les monafteres & dans les paroiffes par
rez, cefferont neceffairement, & par confequent l'a-
mitié & la faveur du peuple qui en fentoient les effets.
Le clergé trop pauvre pour foûtenir fes droits, fera
expofé à l'oppreffion.

Outre les pauvres dont le nombre eft infini, les ec-
clefiaftiques font fubfifter leurs parens & leurs fervi-
teurs, qu'ils feront obligez de congedier ; & qui n'é-
tant pas accoûtumez à travailler, chercheront à vivre
de pillage au prejudice du repos public. La moitié du
revenu des benefices ne doit être comptée qu'après la
déduction des charges: favoir les penfions, les loge-
mens des prelats, les reparations & les ornemens des
églises,les frais de culture. On a païé depuis peu au pa-
pe fix mille marcs d'argent pour le vingtiéme : à pro-
portion la moitié montera à foixante mille marcs, &
avec les deductions neceffaires à quatre-vingt mille
à quoi tout le roïaume d'Angleterre pourroit à peine
fuffire, & tout cet argent sortiroit du roïaume,au lieu
qu'il y demeure étant dépensé par le clergé. Par ces
raisons l'église Anglicanne s'oppofoit à cette nouvelle
exaction, appellant à J. C. même & au concile qui fe
tiendroit un jour. Mais il ne fut pas befoin de pour-
fuivre cet appel, car le roi envoïa à l'affemblée de Lon-
dres un chevalier & un docteur qui défendirent étroi-
tement de fa part de confentir à cette contribution.

La même année le pape Innocent canonisa folem AN. 1246. nellement S. Edme de Cantorberi le troifiéme dimanMatth. Par. che de l'Avent feizième jour de Decembre; mais la bulle ne fut expediée que l'onziéme de Janvier de Additam.p.1083 Fannée suivante 1247. Elle est adreffée aux évêques

p. 596.

& aux autres prelats, & contient un abregé de ses vertus & de fes miracles: le dimanche neuviéme de Juin fuivant, le corps de S. Edme fut transferé dans l'église Hift. p. 638. Conventuelle de Pontigni, en prefence du roi S.Louis, Addit.p. 1087 de la reine fa mere, & d'une multitude innombrable de nobleffe. Le roi donna aux Anglois une plus gran◄ de liberté qu'aux autres nations de vifiter fon tombeau.

Nang. Gefta.

P. 346.

LI. Vertus de Saint

cheftre.

tp.

Cependant Richard évêque de Chichestre disciple Richard de Chi- de ce faint, n'en étoit pas mieux traité du roi d'Angleterre. Etant revenu après avoir été facré par le pape à Lion, il trouva que les officiers du roi avoient confumé tous les revenus de fon évêché, & que le roi avoit fait publier des deffenses de lui rien prêter. Il Vita ap. Boll. montra au roi les lettres du pape, portant ordre de 1o. 9. p. 280. le mettre en poffeffion, mais elles ne lui attirerent que l'indignation de ce prince. Il se retira donc dans fon diocefe, pauvre & denué de tout, subsistant par la charité de ceux qui vouloient bien le loger & le nourrir; mais il ne laissoit pas de faire fes visites, & d'administrer les facremens felon qu'il en voïoit le besoin. Afin de ne pas paroître abandonner fon droit, il alloit quelquefois à la cour demander humblement la reftitution de fon églife; mais on le renvoïoit toûjours avec mépris & outrage. Et voïant un jour que le doïen & les chanoines de fon église en étoient affligez, il leur dit d'un vifage guai: Ne fçavez-vous pas

qu'il eft écrit, que les apôtres se rejoüissoient d'avoir fouffert un affront pour Jefus-Chrift.

ÁN. I247.

Il fit toutefois favoir au pape la maniere dont le roi 4. v. 41. le traitoit; & le pape envoïa un ordre très-exprés à deux évêques d'Angleterre, d'admonester le roi qu'il eût à rendre à Richard dans un certain terme les terres & les biens de l'église de Chichestre, finon qu'ils dénonçaffent par toute l'Angleterre les cenfures portées par leur commission. Enfin le roi obéït au bout de deux ans, & rendit à l'évêque fes terres dégradées & dénuées de tout. Il ne laiffa pas de faire des aumônes tres-abondantes ; & comme fon frere, fur lequel il s'étoit déchargé de son temporel, lui representoit que fon revenu n'y pouvoit fuffire, il lui répondit : Est-il juste que nous mangions dans de l'or & de l'argent pendant que J. C. fouffre la faim dans fes pauvres ? je fai me contenter de vaiffelle de terre comme mon pere, qu'on vende jusqu'à mon cheval s'il eft befoin. Îl augmenta pendant fon épiscopat fa ferveur dans la priere, Les aufteritez & toutes fes bonnes œuvres.

Il ne donnoit point de benefices à fes parens, difant p. 1812
que N. S. avoit preferé S. Pierre pour le gouverne-
ment de l'église à S. Jean qui étoit fon parent. Il refif-
ta avec une fermeté invincible à l'archevêque de Can-
torberi & au roi même, qui le follicitoient en faveur
d'un curé scandaleux, qui avoit enlevé une religieufe.
Il prêchoit affiduëment, même hors de fon diocese : il
entendoit des confeffions, confoloit & encourageoit
les penitens, donnoit confeil à ceux qui le deman-
doient, enfin il exerçoit toutes les œuvres de charité
corporelles & spirituelles.

Trois mois après la canonifation de S. Edme le pape
Tome XVII.

A a a

ap.Rain. 1247

23 22.

Innocent fit celle de faint Guillaume Pinchon évêque AN. 1247. de S. Bricu, comme il paroît par la bulle dattée de Lion le quinziéme d'Avril 1247. adreffée à l'archevêque de Tours & à fes fuffragans, où le pape rappor te en particulier fix miracles operez par fon interceffion, & plufieurs autres en general, prouvez par des témoins dignes de foi. Puis il declare qu'il l'a mis au nom→ bre des faints à la folemnité de Pâques, qui cette année étoit le dernier jour de Mars, de l'avis des cardinaux, du patriarche de C.P. & des autres prelats qui se trouvoient auprès du S. fiege. Enfin il exhorte à celebrer fa fête le vingt-neuviéme de Juillet, jour de fa mort.

LIT.

Mert du Lant

grave Henri

Mon. Pad. eod

p. 616.

Hift. Lantgr.c.52.

En Allemagne Henri Lantgrave de Turinge après avoir été élû roi des Romains, indiqua une diete à Francfort pour la S. Jacques vingt-cinquiéme de JuilAlb. Stad.1246 let 1246. Conrad fils de l'empereur Frideric voulut s'y oppofer,& fe prefenta avec des troupes; mais il fut mis en fuite, & plusieurs nobles de fon parti pris prifonniers. Matth. Parif. On prétendit que d'autres l'avoient abandonné dans le combat étant gagnez par l'argent du pape. Cette défaite arriva le jour de Saint Dominique quatriéme d'Août. Le pape fe preparoit enfuite à couronner empereur le Lantgrave Henri avec grande folemnité Matth. Parif. mais Conrad ayant rassemblé une armée nombreuse, au lieu où fe devoit faire le couronnement, on donna un grand combat, où Henri eut d'abord l'avantage, mais à la fin il fut défait & obligé à s'enfuir, dont il mourut de chagrin pendant le Carême de l'année 1247. Le pape sensiblement affligé de cette mort envoya quatre legats en differens endroits de la Chrétienté pour animer tout le monde contre Frideric & Conrad, & lever des deniers pour les frais de cette

P. 633.

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peu

AN. 1246.

p. 634.

V.

.ep. 52. ap. Rain. 1247.

22.2.3.

guerre. Il envoya un de ces legats en Allemagne, un en Italie, un en Espagne & le quatriéme en Norvege. En Angleterre il n'envoïa point de legat en forme, pour ne pas être obligé de demander la permission du roi; mais des freres Mineurs & Prêcheurs qui faifoient le même effet. Le legat d'Allemagne fut Pierre Capoche noble Romain, cardinal du titre de S. George au voile d'or, dont la commiflion étoit dattée du quinziéme de Mars; & au mois de Juin fuivant le pape lui écrivit en ces termes: Il feroit fort utile pour l'affaire v. epist. 113. de l'églife, que dans les lieux d'Allemagne où le ple a coûtume de s'affembler, quelques religieux excommuniaffent par l'autorité du S. fiege tous ceux qui après avoir pris le parti de l'église, & lui avoir fait ferment, font retournez au fervice de Frideric & de Conrad, & de mettre leurs terres en interdit. On declarera auffi que leur témoignage ne fera point receu en juftice, & que s'ils fe refugient dans les églifes ils ne jouiront point de l'immunité. On défendra d'avoir aucune communication avec eux, & on declarera fufpens tous les clercs qui par leurs mauvais difcours s'oppoferont à l'affaire de l'églife.

LIII. Juifs protegez

ap. Rain. 4

Cependant le pape receut une plainte des Juifs d'Allemagne portant, que quelques Princes tant ec- par le pape. clefiaftiques que feculiers & d'autres nobles, pour avoir pretexte de piller leurs biens inventoient contre eux des calomnies, & difoient qu'à la fête de Pâques ils mangeoient le cœur d'un enfant qu'ils avoient tué, ce qui leur tenoit lieu de communion; & quand on trouvoit le corps d'un homme mort, on les accusoit de l'avoir tué : Que fans les avoir convaincus ni même poursuivis en justice, on les dépouilloit de leurs

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