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L'affaire pour lors ne fut pas pouffée plus avant.

AN. 1247.

Preparatif

LVI.

pour la croi

Id p. 631.

n. 36.

Vers la mi-carême de l'an 1247. le roi S. Louis affembla un grand parlement, où il fixa fon départ pour la croifade à la S. Jean de l'année fuivante. Il en fit fer- de S. Louis ment & le fit faire aux autres croisez, fous peine au fade. contrevenant d'être excommunié & reputé ennemi public. Et comme la croifade contre Frideric nuifoit à celle de la terre fainte, Louis obtint du pape un ordre à Pierre Capoche fon legat en Allemagne de ne Rain. 1147. point permettre que l'on commuât les vœux du voyage d'outre-mer, ni que l'on empêchât les predicateurs d'exhorter à ce voyage. Mais d'ailleurs comme plu- Sup. liv. £xxx@ fieurs croisez abufoient de la protection que l'église leur accordoit le faint roi avoit obtenu du pape une lettre aux évêques & aux autres prélats de France, par Du chesne. to laquelle il leur défendoit de proteger les croifez qui sp. 862. commettroient des vols, des homicides, des rapts & d'autres crimes femblables. La lettre eft du fixiéme de Novembre 1246. & le pape écrivit en conformité au cardinal Eudes fon legat en France. Pendant l'automne de l'année 1247. Louis envoya Matth. Para par tout fon royaume des freres Prêcheurs & des Mineurs, pour s'informer exactement des dommages que pouvoient avoir foufferts de fa part les marchands ou les autres particuliers. Il chargea auffi les baillifs de la même enquête, afin que fi fous fon autorité on avoit emprunté ou exigé del'argent ou des vivres, comme il arrivoit fouvent, le particulier lezé le prouvât par écrit, par une taille, par témoins, par fon ferment, ou par autre voye legitime; & le roi en feroit l'entiere reftitution: ce qui fut executé. C'étoit l'usage des croisez: & fachant les perils du voyage,ils s'y préparoient comTome XVII. Bbb

IV ep. 234.
Rain. 1246.

n. 54.

p. 640

AN. 1246. Hift. S. Louis 4. 22.

me à la mort. Nous avons l'exemple de Jean fire de Joinville fénéchal de Champagne, qui fuivit S. Louis en cette croisade, & qui dit qu'avant fon départ il manda ses sujets,& dit aux gentilshommes du païs qui l'étoient venus trouver: Seigneurs, je m'en vais outremer, je ne fai fije reviendrai jamais ou non. C'eft pourquoi s'il y a quelqu'un à qui j'aïe fait tort & qui fe veuille plaindre de moi, qu'il s'avance; car je le veux reparer comme j'ai coûtume de faire. Et il s'en rapporta au jugement des gens du païs. On voit par Du Cange ob- plufieurs anciennes chartes, que fouvent en ces occafions les nobles reftituoient les biens ufurpez fur l'églife, ou faifoient de nouvelles fondations.

Servat. p. 52.

LVII: Haquin R. de

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..643..

S. Louis aïant appris que Haquin roi de Norvege Norvege croi- s'étoit croifé, lui écrivit une lettre pleine d'amitié, le Matth. Paris. priant qu'ils fiffent enfemble le voyage, afin que ce prince qui étoit puiffant fur mer, gouvernât toute la flote. Haquin venoit d'être couronné par le legat du pape, ce qui merite d'être expliqué. Il étoit fils du roi Haquin fon predecesseur, mais il n'étoit pas legitime,, & c'eft ce qui l'obligea à avoir recours au pape. Il demanda donc un legat, & le pape lui envoïa le cardinal Guillaume évêque de Sabine, auparavant évêque de Modene, & emploïé dans les miffions du Nort. La lettre par laquelle le pape le recommanda au roi est du trentiéme d'Octobre 1246. & sa legation s'étendoit en Suede. Car il étoit encore chargé d'exciter ces roïaumes contre Frideric, & d'en tirer des fubventions pour lui faire la guerre. Par une autre lettre adreffée au roi Haquin, le pape ufant de la plenitude de fa puiffance, lui accorde difpenfe pour être élevé à la dignité roïale, & la tranfmettre à fes enfans legi

IV. ep. 189.

Rain. 1246.

n. 32.

Matth. Par. p. 634.

Rain. n. 34.

times nonobftant le vice de fa naissance.

que

En effet le vingt-neuvième de Juillet 1247. jour de S. Olaf roi de Norvege & martyr, Haquin fut couronné folemnellement à Bergue ville épifcopale de fon Foïaume par l'évêque de Sabine legat. En reconnoiffance de ce bienfait le roi compta au pape quinze mille marcs de fterlins; & le legat outre les grands prefens qu'il receut, leva cinq cens marcs fur les églifes du royaume. Auffi le roi Haquin s'étant croisé obtint du pape pour les frais de fon voïage le tiers des revenus ecclefiaftiques de Norvege. Ce fut donc à ce roi Saint Louis propofa de s'affacier au voïage d'outremer; & il chargea de cette negociation le moine Anglois Matthieu Paris, qui a écrit l'histoire du tems. Le roi Haquin ayant lû la lettre de S. Louis, dit à Matthieu en qui il avoit confiance: Je rends beaucoup de graces à ce pieux roi, mais je connois un peu le naturel des François; mes gens font impetueux, indiscrets, & ne peuvent rien fouffrir. S'ils prennent querelle avec une nation hautaine, nous en fouffrirons l'un & l'autre un dommage irreparable; c'est pourquoi il vaut mieux que nous allions chacun à part. Il demanda feulement la permission d'aborder aux ports de France en cas de besoin, & y prendre des vivres, ce que S. Louis lui accorda de bonne grace. Ce roi de Norvege, dit Matthieu Paris, est un homme sage, modeste & bien lettré.

AN. 1247.

Matth. Par.

p. 643.

LVIII.

Guillaume de Hollande roi

des Romains

En Allemagne le legat Pierre Capoche affembla prés de Cologne à la S. Michel un concile des évêques qu'il put ramaffer ; & le jeudi fuivant troifiéme d'Octobre Guillaume frere du comte de Hollande fut élû Alb.ftadan roi des Romains à Nuis par quelques évêques & quel

AN. 1247.

M. par. p. 636.

640.

epift. ap.

Rain. n. 5. 6.

LIX.

Parme.

ques comtes. C'étoit un jeune homme d'environ vingt ans, bien fait de fa perfonne & foûtenu par de grandes: alliances. Il avoit pour lui le duc de Brabant fon oncle, les comtes de Gueldres & de Los, l'archevêque & la ville de Cologne, l'archevêque de Maïence, & celui de Brême avec leurs fuffragans; les évêques de Virsbourg, de Strasbourg, de Munster & de Spire, comme témoignent plufieurs lettres du pape adreffées à ces princes, & dattées du vingtiéme de Novembre. Il écrivit aussi à son legat & aux freres Prêcheurs d'exhorter à la croifade qu'il avoit déja publiée contre Frideric. Mais plufieurs princes d'Allemagne le reconnoiffoient toujours pour empereur; favoir le duc de Saxe, le duc de Baviere, le marquis de Misnie, la noblesse d'Austriche & de Stirie; l'archevêque de Magdebourg, les évêques de Paffau & de Frifingue; & tout ce que pût faire le pape, fut d'ordonner à fon legat de citer ces prelats pour venir à Lion comparoître devant lui, & d'employer les cenfures contre les laïques.

Cependant Frideric au mois de Mai de cette an Frideric affiege née 1247. vint de Pouille en Lombardie avec une Mon. Pad. grande armée, & s'avança jusques à Turin. Il vouloit Petr. Vin. 11. aller à Lion, afin, disoit-il, de plaider lui-même fa

ep. 49.•

cause en presence du pape, & en faire connoître la juftice aux nations de deça les Alpes ; & il pretendoit repaffer auffi-tôt en Allemagne, pour en appaiser les troubles. Ce voyage caufa une terrible allarme au pape & à toute la cour; & on craignit que Friderie ne vint d. Parif. p. 640. avec de fi grandes forces, à deffein de leur faire violence. Mais le pape fut raffuré par l'offre que lui fit S. Louis, d'aller inceffamment à fon fecours avec les

AN. 1247.

ep.

Rain. n. 13.

trois princes fes freres, & une puiffante armée. Le pape l'en remercia trés-affectueufement, & toutefois le pria de ne point marcher qu'il ne l'en avertit. La V. cur.124, lettre eft du dix-feptiéme de Juin. Peut-être le pape favoit-il déja ce qui fe paffoit en Lombardie. Car fes parens & fes amis qui avoient été chaffez de Parme, profitant de l'abfence de Frideric s'affemblerent, & aïant intelligence avec les habitans y entrerent à la mi-Juin; & ayant tué le Podefta, en chafferent les partisans de Frideric. Gregoire de Montelongo depuis long-tems legat du pape en Lombardie amena du fecours à Parme, auffi bien que le cardinal Octa- Petr.Vin, x1.·· vien que le pape venoit d'y envoyer au mois d'Avril; p. 37. Rain. ainfi Parme fe prepara à fe bien défendre. Frideric fut averti de fa revolte comme il fe mettoit en chemin pour marcher à Lion, & transporté de colere, il retourna fur fes pas avec fon armée, & vint affieger Parme. Pour montrer qu'il ne vouloit point en Matth. Parif. partir qu'il ne l'eût prise, il fit bâtir fon camp en for 2.643. me de ville qu'il nomma Victoire, & où il paffa l'hiver, se tenant si assuré de prendre la ville, qu'il refufa de la recevoir à difcretion..

Le

pape

n. 17.

LX. Daniel duc de

Long. hift. Po lom. lib. 7..

le pape.

Innocent travailloit cependant à ramener divers schismatiques. Dés l'année précedente Daniel Ruffie reconnoît duc de Ruffie envoya en Pologne Opizon abbé de Messine, qui étoit legat du pape, lui demander le titre de roi, promettant de fe foûmettre à l'églife Romaine, & de joindre fes forces à celles des autres princes catholiques, pour repouffer les Tartares. Les Ruffes avoient embraffé le chriftianifme deux cens cinquante ans auparavant ; mais ils fuivoient le rit Grec Sup. liv. comme ils font encore, & fe trouvoient engagez dans

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LVII. m. 1.

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