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AN. 1247.

LXV.

general des fre

Boll. 19. Mart.

to..8.. p. 58..

Cette année 1247. l'ordre des Freres Mineurs changea de miniftre general. Dés le dixième jour Jean de Parme de Mai le pape Innocent manda à tous ceux qui res Mineurs. devoient affifter au chapitre general, que par l'affection qu'il leur portoit, il jugeoit à propos qu'il Vading. 1247. fe tînt en fa prefence; & il leur marqua pour cet n.1.2. &c. effet le treiziéme de Juillet, leur ordonant de fe rendre auprès de lui ce jour-là quelque part qu'il fût. Le pape se trouva à Avignon, & le chapitre s'y tint. Frere Crefcentio fixiéme general de l'ordre n'y vint point; il fe contenta d'y envoyer comme il avoit fait au concile de Lion fon vicaire, frere Bonaventure d'lefi, par lequel il demanda d'être déchargé du generalat, attendu son âge & son insuffifance, particulierement fon peu de talent pour parler. Il y avoit auffi des plaintes contre lui: on l'accufoit de negligence, de donner mauvais exemple, de fouffrir & même d'introduire le relâchement. Sa démission fut donc acceptée, & ib paffa le refte de fes jours dans l'humilité de fa vo

cation.

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On élut à fa place frere Jean de Parme, de la province de Boulogne, qui regentoit alors la theologie à Paris. C'étoit un homme d'une grande vertu, & d'un grand zele pour la regularité de la difcipline, il fut élû tout d'une voix, & devint ainfi le feptiéme general de l'ordre. Son élection y rétablit la paix, & caufa une fi grande joye, qu'on difoit que l'efprit de faint François y étoit revenu. C'étoit principalement les premiers difciples du faint qui parloient ainfi; car quelques-uns vivoient encore entre autres Gilles d'Affife, qui

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lors qu'il falua la premiere fois le nouveau general lui dit : Vous êtes le bien-venu mon pere, mais vous êtes venu bien tard, montrant qu'il feroit difficile de remedier au relâchement qui s'étoit déja introduit.

p. 104. n. 53.

Jean de Parme étant entré en charge commença par rétablir la paix. Il écrivit des lettres de confolation aux freres vertueux & zelateurs de la regle, qui avoient été exilez par fon predeceffeur, & les rapella chacun dans fa province. Il obtint du pape une Vading. Reg bulle dattée de Lion le treiziéme d'Aouft 1247. portant qu'aucun legat, finon à lateré, ni aucun prelat, fous pretexte de lettres du pape, ne pourroit prendre auprès de lui aucun frere Mineur, pour pour travailler à fes affaires ou à celle de fon églife, finon ceux qui leur feroient donnés par le general ou le provincial; & qu'ils demeureroient foûmis à la discipline de l'ordre. Il fit auffi revoquer la permiffion . 107. c. 574 que le pape avoit donnée à quelques freres envoyés aux nations étrangeres, de recevoir ceux qui voudroient entrer dans l'ordre, d'établir de nouvelles provinces & leur donner des fuperieurs, montrant au pape combien cette conceffion étoit préjudiciable à l'ordre.

Pendant les trois premieres années de fon generalat, il vifita tout l'ordre, marchant à pied avec un feul compagnon ou deux tout au plus. Il ne portoit qu'une tunique, & fon exterieur étoit fi humble, qu'en plufieurs convents, il demeuroit quelques jours fans être connu; enforte qu'il avoit toute liberté d'examiner la conduite des freres, les voyant en leur naturel, fans qu'ils se défiaffent de lui; car

il prenoit foin qu'ils ne fuffent point avertis de fa AN. 1247. venue. A la fin il fe faifoit connoître pour le general, & faifoit les reglemens & les corrections qu'il jugeoit

LXVI. Sang de J. C.

p. 640.

à

propos, rappellant tout à la premiere observance, dépofant quelquefois les fuperieurs negligens, & éloignant les freres peu édifians. Quelque fatigué qu'il fût du chemin il difoit fon office debout & nuë tefte, à l'imitation de faint François. Il ne fouffroit aucune diftinction pour fa nourriture, mais il prenoit avec action de graces la premiere portion qui fe rencon

troit.

En Angleterre le roi Henry écrivit à tous les Seien Angleterre. gneurs de fon royaume de fe trouver à Londres le Matth. Par. jour de la translation de faint Edouard, c'est-à-dire, le treizième d'Octobre, pour apprendre l'agréable nouvelle d'une faveur que Dieu venoit de leur accorder. Ils s'affemblerent à Oüeftminster au jour marqué; & l'on declara que le maître des Templiers, & celui des Hofpitaliers avoient envoyé par un Templier une portion du fang de Noftre-Seigneur dans un vafe de cristal tres ancien, avec l'atteftation du patriarche de Jerufalem, des évêques des abbés & des feigneurs de la terre fainte. Le roi Sup. Henry voulut imiter en cette occafion ce que faint Louis fon beau-frere avoit fait pour honorer la vraye croix : il jeûna au pain & à l'eau la veille de la fefte, & le jour il porta folemnellement en proceffion la relique, de l'églife cathedrale de faint Paul à celle de faint Pierre à Oüeftminster, où il la donna. L'évêque de Norvic y celebra la mesfe, & fit un fermon où il dit : que cette relique étoit la plus precieuse de toutes, au deffus même

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de la croix, qui n'est estimable que par le fang de JESUS CHRIST dont elle a été arrofée. Et l'on· crut qu'il le difoit afin que l'Angleterre ne fe glorifiât pas moins de cette relique que la France faifoit de la croix. L'évêque ajoûta, que l'on avoit envoyé cette relique en Angleterre, afin qu'elle y fût plus en fûreté qu'en Syrie, qui étoit prefque abandonnée par les Chrétiens. Enfin il declara au nom de tous les prelats qui étoient prefents, qu'ils accordoient fix ans & cent quarante jours d'indulgence à tous ceux qui viendroient honorer le precieux fang.

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AN. 1247

p. 1087.

Toutefois quelques-uns des affiftans murmuroient; & doutant de la verité du fait, demandoient comment J. C. étant reffufcité tout entier pouvoit avoir laiffé de fon fang fur la terre. A cette queftion l'évêque de Lincolne Robert de Groffe-tête répondit par un discours, où se fondant fur une relation tirée d'un livre apocryphe, comme il en convenoit luimême, il difoit que Jofeph d'Arimathie ayant déta- Additum. ché de la croix le corps de J. C. recueillit foigneufement le fang de fes playes, particulierement celle du côté, & l'eau même dont il avoit lavé le corps qu'il en fit part à Nicodeme, qui lui avoit aidé à ensevelir Nôtre-Seigneur, & qu'ainfi ce trefor s'étoit confervé de pere en fils jufqu'à venir en la poffeffion du patriarche Robert, qui tenoit alors le fiege de Je rufalem. Mais c'étoit cette longue tradition & cette conservation du precieux fang pendant douze cens ans, qu'il eût fallu prouver. L'évêque de Lincolni ajoûtoit, que le roi d'Angleterre avoit acquis cette relique par pure liberalité & d'une maniere

Sup. liv. LXXXI n. 26.

bien plus noble que le roi de France n'avoit acquis AN. 1247. les fiennes achetées à prix d'argent quelques années auparavant. Quant à l'objection tirée de la refurrection, il répondoit que le fang que J. C. a laiffé fur la terre, eft comme celui que nous perdons par les faignées ou autrement, dont la perte ne nuit point à l'integrité du corps vivant.

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