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les donner AN. 1248.

glifes. Ils ne vendront plus leurs filles pour les donner en mariage, d'où il arrivoit quelquefois que le fils époufoit la veuve de fon pere, comme faifant partie de la fucceffion. Ils obferveront dans leurs mariages les degrez de parenté suivant les loix de l'églife, & n'auront pour heritiers que leurs enfans legitimes. Aucun d'eux ne fera mourir fon fils, ou fa fille, de quelque maniere que ce soit; mais fitôt qu'un enfant fera né, ou dans les huit jours au plus tard, ils le feront porter à l'églife & baptifer par le prêtre, en le plongeant trois fois dans l'eau. Tout ceci eft remarquable, particulierement les trois immersions. Le reglement continue: Et parce qu'ils ont été long-tems fans prêtres & fans égli-· fes, d'où il eft arrivé que plufieurs font allez en enfer, faute d'être baptifez, & qu'il en refte encore plufieurs qui ne le font pas : ils fe feront baptifer dans un mois, finon ils font convenus que l'on confifquera les biens des parens, qui par mépris n'auront pas fait baptifer leurs enfans dans ce terme : ou des adultes qui auront opiniâtrement refufé le baptême en étant requis, & ils feront chaffez eux-mêmes nuds en chemife hors des terres des Chrétiens, de peur qu'ils ne gâtent les autres leurs mauvais difcours. Tout ceci eft bien éloigné de l'ancienne difcipline pour la préparation au baptême.

par

On défigne enfuite les lieux où les Neophytes doivent bâtir des églises; favoir treize en Pomeranie, fix en Varmie, trois en Natanie, le tout dans la Pentecôte prochaine, & ils promettent de les fournir de calices, de livres, d'ornemens & des auTome XVII. Ggg

tres chofes neceffaires. A leur défaut les chevaliers: devoient les faire bâtir à leurs dépens,' je dis des neophytes. Les chevaliers promirent auffi de doter ces églifes & de fournir à l'entretien des curez en attendant qu'ils puffent recevoir les dixmes, que les neophytes promirent leur apporter chez eux. Ce reglement fut fait en la prefence de Henri évêque de Culm, que le legat avoit appellé exprès, & il eft datté du feptiéme de Fevrier 1249. Henri étoit de diert. p. 222. l'ordre des Freres Prefcheurs & avoit fuccedé au moine Christien premier évêque de Culm. En 1251.il changea les chanoines feculiers de fa cathedrale en chanoines reguliers. Il mourut le premier jour de Juillet 1254.

Chr. Pruff.

VI.

tion du Tal

En France le cardinal legat Eude de ChâteauCondamna- roux avant que de partir avec le roi pour la termud. re - fainte, termina une affaire commencée depuis: Echard. Sum- long-temps, favoir la condamnation du Talmud

5. Th. vind. P. 583.

4

des Juifs. Vers l'année 1236. un Juif de la Rochelle fort favant en Hebreu, fuivant le témoignage des Juifs mêmes, fe convertit & au baptême fut nommé Nicolas. Il alla trouver le pape Gregoire IX. la douzième année de fon pontificat c'eft-à-dire l'an 1238. & lui découvrit qu'outre la 592. loi de Dieu écrite par Moïfe, les Juifs en ont une autre qu'ils nomment Talmud, c'est-à-dire doctrine, que Dieu même, à ce qu'ils difent, a enseignée à Moïse de vive voix, & qui s'est conservée dans leur memoire jufques à ce que quelquesuns de leurs fages l'ont redigée par écrit, de peur qu'elle ne tombât dans l'oubli, ce qui compofe un volume plus gros fans comparaison que le tex

te de la Bible. Or ce livre contient tant d'erreurs & de blafphêmes, qu'on a honte de les rapporter, & & qu'ils feroient horreur à qui les entendroit; & c'est la principale caufe qui retient les Juifs dans leur obftination.

Sur cet avis le pape écrivit aux archevêques de France une lettre en datte du neuviéme de Juin 1239. où il dit: Nous vous mandons que le premier famedi du carême prochain, le matin quand les Juifs feront affemblez dans leurs fynagogues, vous faffiez prendre tous leurs livres par notre autorité, chacun dans vôtre province; & les fassiez garder fidellement chez les freres Prêcheurs, ou chez les Mineurs, implorant, s'il eft neceffaire, le fecours du bras feculier. De plus vous ordonnerez à tous ceux qui auront des livres Hebreux, tant clercs que laïques, de vous les remettre; fous peine d'excommunication. La même lettre fut envoyée aux archevêques des royaumes d'Angleterre, de Castille & de Leon. Le pape écrivit de même aux rois de France, d'Angleterre, d'Arragon, de Caftille, de Leon, de Navarre & de Portugal, & en particulier à l'évêque de Paris, pour le charger de faire tenir à leurs adresfes toutes ces lettres, qui lui devoient être remises par le Juif Nicolas de la Rochelle. En même temps pape donna commission au prieur des freres Mineurs à Paris, pour contraindre les Juifs à donner leurs livres, & faire brûler ceux qui contiendroient des erreurs.

le

Avec ces lettres le pape envoyoit trente-cinq ar- p. 384ticles extraits du Talmud, qui avec plusieurs autres erreurs furent verifiés fur les livres en presen

40.

s'il ne

ce de Gautier archevêque de Sens, des évêques de Paris & de Senlis, & de frere Geofroi de Blevel de p. 596. l'ordre des Prêcheurs, chapellain du pape, & alors docteur regent à Paris, de quelques autres docteurs en theologie, & des docteurs mêmes des Juifs, qui reconnurent que ces propofitions étoient dans leurs p. 587 livres. Ils avouerent celles-ci. entre autres. Que dans leurs écoles on eftimoit plus l'étude du Talmud, que celle de la bible; & qu'on n'appelleroit point: docteur celui qui fauroit la Bible par cœur, Levit. 23.24. favoit le Talmud. Que les docteurs pourroient fe: difpenfer du commandement de fonner de la trompette le premier jour du feptiéme mois, & de porter des palmes le quinziéme, fi ces jours arrivoient au fabat, de peur de le profaner en portant par les ruës une trompette ou une palme. p. 588. Que Dieu fe maudit trois fois toutes les nuits, pour avoir abandonné fon temple, & reduit les Juifs en fervitude. Qu'aucun Juif ne fentira le feu d'enfer, ni aucune peine en l'autre monde, plus de douze mois. Les corps & les ames de tous les méchans feront reduits en poudre, & ne fouffriront plus d'autre peine, excepté ceux qui fe font revol589. tés contre Dieu, & ont voulu être Dieux, l'en

fer de ceux-là fera éternel. Dieu tient école tous les jours en inftruifant des enfans, & fe joue avec Leviathan..

Ayant foigneusement examiné ces livres des Juifs, on reconnut qu'ils les éloignoient, non seulement du fens fpirituel de l'écriture, mais encore du fens litteral, pour la détourner à des fictions & à des fables. Après cet examen & fuivant la délibera

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tion de tous les docteurs en theologie & en droit ca-
nonique, tous les livres des Juifs que l'on pût recou-
vrer alors de toute la France furent brûlez, jufqu'à
la quantité de vingt chartées, quatorze en un jour, p. 5837
& fix en un autre.

625.

n. 41.

Le pape Innocent IV. étant monté fur le faint fiege, écrivit au roi faint Louis fur ce fujet le onziéme to. 11. ep. 15. p de Mai 1244. loüant le zele qu'il avoit déja mon- Rain. 1344. tré, & l'exhortant à continuer de faire examiner, condamner & brûler par tout fon royaume, les livres des Juifs, qui contenoient des erreurs & deş blasfêmes. Enfuite le même pape donna une commission plus particuliere au cardinal Eudes, fon legat en France, qui étant chancelier de l'église de Paris, avoit eu part à cette condamnation. Il lui ordonna de se faire representer le Talmud, & les autres livres des Juifs; & après les avoir examinés foigneufement, les tolerer en ce qui ne feroit point contraire à la religion Chrétienne, & les rendre aux Echard.p.-5921docteurs des Juifs. Sur quoi le cardinal craignant que le pape ne se laissât furprendre à leurs artifices & à leurs menfonges, lui écrivit une lettre, où il expose tout ce qui s'étoit passé en cette affaire fous Gregoire IX. puis il ajoûte : Ce feroit un grand p. 595.. fcandale, & un opprobre éternel pour le faint fiefi on toleroit par fon ordre, & fi on rendoit même aux docteurs des Juifs des livres brûlez fi justement & fi folemnellement, en presence de l'univerfité, du clergé & du peuple de Paris. Cette tolerance paroîtroit une approbation; car, comme dit faint Jerôme, il n'y a point de fi mauvaise doctrine qui ne contienne quelque verité, & tou

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