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AN. 1248.

-597.

2.574.

tefois les livres des heretiques ont été condamnés par l'autorité des conciles, nonobftant ce qu'ils contenoient de bon. J'ai demandé aux docteurs des Juifs de me representer le Talmud, & tous leurs autres livres, & ils m'ont feulement apporté cinq méchans volumes que je fais foigneufement examiner, suivant votre ordre.

par

Enfin le legat donna fa fentence définitive à Paris le quinziéme jour de May 1248. en presence des docteurs appellés exprès. Elle eft conçue en ces termes: Après que certains livres nommés Talmud nous ont été representés de l'autorité du pape, par les Juifs de France, nous les avons examinés & fait examiner des hommes capables & craignant Dieu; & nous avons trouvé qu'ils contiennent une infinité d'erreurs, de blafphêmes & d'abominations; c'eft pourquoi nous prononçons que ces livres ne doivent point être tolerés ni rendus aux Juifs, & nous les condamnons judiciairement. Quant aux autres livres que les docteurs des Juifs ne nous ont pas reprefentes, quoiqu'ils en ayent été plufieurs fois requis, ou qui n'ont pas été examinés, nous en connoîtrons plus amplement en temps & lieu, & ferons ce que de raison. Enfuite font les noms de ceux dont le legat avoit pris les avis pour rendre cette fentence, & qui y mirent leurs feaux; à savoir, Guillaume évêque de Paris, Afcelin abbé de S. Victor, Raoul ancien abbé du même monaftere, & quarante autres tant docteurs en theologie feculiers ou reguliers, que docteurs en decret ou dignité de chapitres.

Pour parvenir à l'examen du Talmud, on em

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ploya deux interpretes Catholiques qui favoient parfaitement l'Hebreu, & qui traduifirent en Latin les AN. 1248. paffages qu'il falloit extraire, s'attachant tantôt aux paroles, tantôt au fens. On voit par la maniere dont ils expriment les mots hebreux en lettres latines que la prononciation des Juifs étoit differente de celle d'aujourd'hui. Je trouve auffi dans Matthieu Paris, un docteur nommé Robert d'Arondel tres-favant en Hebreu, dont il avoit fait plufieurs versions fidelles en Latin, qui mourut en 1246. Ainfi l'on voit que cette étude n'étoit pas tout-à-fait negligée parmi les Chrétiens.

fainte.

VII.

Le jour du départ de faint Louis fut le vendredis Loins part aprés la Pentecôte, douziéme de Juin 1248. Ce jour- pour la terrelà il alla à Saint Denis, accompagné de Robert com- Chr. S. Dion. to. te d'Artois, & de Charles comte d'Anjou fes freres; 2. Spicil. p.815. & y receut de la main du legat Eudes de Châteauroux l'Oriflâme, qui étoit la banniere de l'abbaye,

15. 18. fur

p. 346.

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la gibeciere & le bourdon, qui étoient les mar- Ducang. diff. ques de pelerin: Enfuite il prit congé de la commu- Join. nauté dans le chapitre.. Il revint à Paris, où plufieurs proceffions de la ville l'accompagnerent juf- Gefta Duchefner. ques à l'abbaye faint Antoine; & de-là il partit pour fon voyage, fuivi du legat, des deux comtes fes freres, & de grand nombre de feigneurs & d'évêques. Alfonfe comte de Poitiers, troifiéme frere du roi, étoit aufli croifé; mais il demeura encore cette année en France avec la reine Blanche leur mere, pour la garde du royaume ; la reine Marguerite fuivit au voyage le roi fon époux. Depuis ce temps-là le faint roi garda toûjours une grande modeftie en fes habits. Il renonça aux couleurs voyantes, aux

AN. 1248.
Joinu. Hift.

p. 118.

Matth. Parif. 2.659.

vaux

étofes & aux fourures precieuses; comme le menu vair & le petit gris : il ne porta plus ni écarlate ni verd, Les habits étoient de camelot noir ou bleu. Il n'ufa plus de dorures à fes éperons, ou aux brides de fes chedont les felles furent auffi fans ornement. Et comme les pauvres avoient accoûtumé de profiter des reftes de fa garde-robe, il fixa à fon aumônier une fomme pour les recompenfer de cette diminution, ne voulant pas que fa modeftie leur fit rien perdre.

Ayant traversé la Bourgogne, il vint à Lion, où il vit encore le pape, & le pria inftamment d'écouter favorablement Frideric, que les mauvais fuccés avoient humilié, & qui demandoit pardon. Recevez-le donc, ajoûtoit le roi avec votre bonté paternelle, quand ce ne feroit que pour me procurer plus de fûreté en mon voyage. Le roi voyant fur le vifage du pape un air negatif, fe retira trifte, & dit: Je crains que votre dureté n'attire bien-tôt après mon départ au royaume de France les attaques des ennemis. Si l'affaire de la terre-fainte eft retardée, ce fera fur votre compte, pour moi je conserverai mon royaume comme la prunelle de l'œil, puifque de fa confervation dépend la vôtre, & celle de toute la Chrétienté. Le pape répondit : Je défendrai la France tant que je vivrai contre le schifmatique Frideric, contre le roi d'Angleterre mon vaffal, & contre tous fes autres ennemis. Et le roi un peu appaifé repliqua : Sur cette promeffe je vous laiffe donc le foin de mon royaume. En effet le pape envoya exprès deux Nonces en Angleterre pour défendre au roi Henri d'attaquer aucune des dépendances

dépendance de la France.

A N. 1248.

Laur. c. 47.

Sup. liv.

LXXVIII. n. 53.

Saint Louis interceda 'aussi auprès du pape en faveur de Raimond comte de Toulouse, pour obte- Guill. Pod. nir l'inhumation en terre fainte du corps de Raimond le vieux fon pere, mort l'an 1222. Dès l'an 1247. Raimond le jeune avoit obtenu du pape.une commission en vertu de laquelle Guillaume évêque de Sodeve fit une information des circonftances de Rainald. an. la mort de Raimond le vieux; mais foit que le pe ne trouvât pas la preuve fuffifante ou autrement, Catel.comt. il refusa la permission d'enterrer ce corps, & il de- t. 316. meura fans fepulture ecclefiaftique. Avant que de Matth. Par. quitter le pape, le roi fit fa confeffion après s'y être préparé tout à loifir; & ayant reçû l'absolution & fa benediction il continua fon voyage.

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1247. n. 44.

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G.Pod. Laur.

Il assiegea & pris en passant un château fur le Rô- Gefta. p. 346. ne nommé la Roche du Glui, dont le feigneur . 48. nommé Roger de Clorege rançonnoit les paffans, même les pelerins de la terre-fainte. Quand le roi Matth. Parò approcha d'Avignon, les François infulterent les habitans, les appellant Albigeois, traîtres & empoisonneurs. Ceux-ci furprirent quelques François dans des défilez, en dépouillerent & en tuerent. Quelques feigneurs propofoient au roi d'affieger la ville, ou de leur permettre de le faire, pour vanger la mort de fon pere qui avoit été empoisonné. C'està-dire qu'on les en foupçonnoit. Le roi répondit qu'il n'alloit vanger ni les injures de fon pere ni les siennes, mais celle de Jefus - Christ, & passa outre. Le tems du paffage preffe, difoit-il, ne nous laiffons pas tromper par le démon, qui veut y mettre des obftacles. Il arriva à Aigues - mortes, où il Tome XVII.

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v. Sup. liv.

LXXIX. 7. 29.

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AN. 1248. s'embarqua le lendemain de la faint Barthelemi, qui étoit le mardi vingt-cinquiéme d'Aoust; & après avoir attendu le vent les deux jours fuivants il fit voile le vendredi vingt-huit. La navigation fut heureufe, il arriva fuivant fon deffein à l'isle de Chipre le jeudi avant la faint Matthieu, c'est-à-dire le dix-feptiéme de Septembre, & prit terre au port de Limeffon.

VIII. Guillaume.

couronné Roi

Matth. Par.

2: 644.

Sup. liv.

*

Après que Guillaume de Hollande eut efté élû roi des Romains, il voulut fe faire couronner à Aixdes Romains. la-chapelle fuivant la coûtume; mais Conrad fils de l'empereur lui en empêcha l'entrée. Le legat Octavien Conrad de Hochftad archevêque de Cologne & d'autres feigneurs d'Allemagne, exhorterent amiablement le prince Conrad à ne pas fuivre le mauvais parti de fon pere, s'il ne vouloit être enveloppé dans fes difgrace; mais il répondit :: Des traîtres comme vous ne me feront jamais manquer à ce que je dois à mon pere. La ville d'Aix-lachapelle fut done affiegée par les partifans de GuilxxxII. n. 51. laume, & une guerre fanglante s'alluma dans le Urfit. p. 92. pays. Cologne Maïence & Strasbourg étoient pour Guillaume: au contraire, Mets, Vormes, Spire & les autres villes du Rhein, de Souabe & de Baviere tenoient pour Frideric. Mais le parti de Guillaume fe fortifioit de jour en jour par les predica-tions des freres Prêcheurs & des Mineurs, & par l'argent qu'envoyoit le pape. Même à la priere de ce prince le pape donna ordre au cardinal Pierre Capoche fon autre legat en Allemagne, de difpenfer les Frisons de leur vœu pour la croisade de la terre-fainte, pourvû qu'ils ferviffent dans fes trou

Frag. ap.

Reinald.

12. 48. n. 13.

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