Matth. Par. p. pes. Le fiege d'Aix-la-chapelle dura long-tems; mais AN. 1248. enfin preffée par la famine, & par les troupes des affiegeants qui croisfoient toûjours, elle fut obligée 649. 651. de fe rendre, & le roi Guillaume y fut couronné le jour de la Touffaints 1248. par les mains de l'archevêque de Cologne, en prefence des deux car- Siffrid. p. 696. dinaux. IX. Seville prife par ap. Boll. 30. Annal. de Set vill. lib. 1. Madrid. 1677. En Espagne le roi Ferdinand pouffoit fes conquêtes fur les Maures, & affiegeoit depuis feize s. Ferdinand. mois Seville capitale de l'Andaloufie, ayant fait vœu de ne la point quitter qu'il ne l'eût prife. Son Chron. c. 17. camp étoit comme une grande ville bien policée, M. o. 38. où chaque métier avoit fa ruë, & les denrées leurs 350. marchés feparés, les foldats en faifoient leur demeure fixe avec leurs femmes & leurs enfans. Les affiegés fe voyant preffés demanderent à capituler, & après plufieurs propofitions que le roi refufa, ils convinrent de lui abandonner la ville & fe retirer ailleurs. Ils fe reduifirent à demander qu'il leur fut permis d'abattre la grande mosquée, ou du moins fa tour, d'où l'on annonçoit la priere, prevoyant que ces bâtimens feroient employés à l'ufage de la religion Chrétienne. Le roi s'en rapporta à fon fils Alfonfe, qui ne voulut pas fouffrir qu'on en ôtât une feule tuille. Enfin la ville fut rendue le jour de faint Clement vingt-troifiéme de Novembre 1248. après avoir été cinq cens trente-quatre ans au pouvoir des Mufulmans. Ils en fortirent au nombre de trois cens mille, & fe retirerent partie en Afrique, partie dans le royaume de Grenade, & les autres terres qu'ils tenoient encore en Espagne. AN. 1248. B. 87. Le roi Ferdinand n'entra dans Seville qu'un mois après, favoir le vingt-deuxième de Decembre jous de la translation de faint Ifidore évêque de la même ville. Il fut receu en proceffion par les évêques & le clergé, & entra dans l'églife de fainte Marie, où la meffe fut celebrée par Goutiere élû archeIndic. Arrag Vêque de Tolede. Rodrigue Chimenes celebre par fon hiftoire étoit mort l'année precedente 1247. le dixiéme de Juin, en revenant de Lion où il étoit allé voir le pape. Jean évêque d'Ofma, puis de Burgos fut alors transferé au fiege de Tolede, qu'il ne tint guere qu'un an ; & on élut pour lui fucceder Goutiere chanoine de la même églife, qui mourut l'an 1250. Le premier foin de Ferdinand fut de rétablir le fiege métropolitain de Seville, avec fon chapitre, fes chanoines, fes dignitez, & il donna de grands biens pour dotter cette églife, comme le Ap. Rain. n. 47. pape l'avoit exhorté en general par une lettre de la même année, à l'égard de toutes fes conquêtes. Ferdinand deftina l'archevêché de Seville à l'infant Philippe fon quatriéme fils, & le fit élire; mais ce prince ne prit le titre que d'administrateur, renonça depuis à l'élection, & même se maria. Le premier archevêque de Seville depuis la conquête, fut Raimond auparavant évêque de Segovie, & chancelier du roi Ferdinand, qui avant la renonciation de Philippe, défervit l'église de Seville comme vicaire ou fuffragant. X. Concile de Va lence. Quoique l'empereur Frideric fut en Poüille, le pape Innocent craignoit qu'il ne passât les Alpes, & ne vint vers Lion, comme il paroît par les dé crets d'un concile tenu à Valence fur le Rône le AN. 1248. famedi après la faint André, c'est-à-dire, le cin- Sup. liv. xxx.n.5.6.28, Coen. Val.c.2.. LXXIX.2.5.6.28. P. 433. Pour reprimer les parjures devenus tres frequens, c.6.7.8.. on enjoint aux évêques de faire exactement obferver les peines portées par les canons. Ceux qui n'e-xecutent pas les fentences des inquifiteurs, feront traités comme fauteurs d'heretiques. Ceux qui quittent de leur autorité les croix qu'ils doivent 136. Hhh iij AN. 1248. Porter fur leurs habits, comme ayant abjuré l'heresie, feront jugés comme heretiques. Nous avons appris, dit le concile, que quelques excommuniez font des ftatuts ou des ordonnances contre ceux qui les excommunient, ou qui dénoncent les excommunications, ce qui eft prefque heretique étant fait au mépris des clefs de l'églife. C'eft pourquoi nous ordonnons que ceux qui auront fait de tels ftatuts.foient excommuniez pour cela même, & que l'on ceffe l'office divin par tout où ils fe trouveront. Mais pouvoit-on efperer que la feconde cenfure feroit plus refpectée que la premiere ? c. 20. Ce concile défend auffi les conjurations & les confrairies, ce qui femble regarder la ligue faite l'an*xxxII. 7. 48. née precedente par les barons de France contre le clergé. Sup. liv. X I. Chipre. . Rain. an. P.347. du Cependant le roi faint Louis arrivant dans l'isle de Chipre, y fut receu par Henri de Lufignan roi pays, auquel le pape Înnocent avoit aussi donné 1247. n. 55. le roïaume de Jerufalem, le regardant comme va cant par la condamnation de Frideric & de Conrad Gefta Duchesne fon fils. Louis par le confeil de fes barons & de ceux du royaume de Chipre, refolut de passer l'hyver dans cette isle, ne pouvant affez à temps aller en Egypte, parce que fes vaiffeaux & fes galeres, fes arbalêtriers & le refte de fes gens, n'étoient pas encore arrivés. Or il avoit refolu de porter la guerre en Egypte, pour attaquer dans fon pays le Sultan qui étoit maître de la terre fainte, comme on avoit fait trente ans auparavant. Le roi de Chipre avec prefque toute la nobleffe & les prelats de ce royaume fe croiferent; & le terme du départ pour tou Sup. liv. LXXVIII. 2. IS. te l'armée fut fixé à Pâque de l'année suivante. Pendant le féjour en Chipre le roi termina plufieurs differens entre les feigneurs croifés, qu'il étoit toûjours difficile de contenir étant indépendants les uns des autres, & peu foûmis à leurs fouverains. L'archevêque Latin de Nicofie capitale de l'isle avoit un differend avec les gentils-hommes du païs pour lequel ils étoient prefque tous excommuniez :: le legat Eude de Châteauroux se rendit mediateur entre les parties, les accommoda & fit abfoudre les gentils - hommes. L'archevêque Grec étoit banni de l'isle depuis long-temps comme fchif matique & défobéiffant à l'archevêque Latin; mais il revint alors & fe foûmit avec les autres Grecs qui avoient été excommuniez. Le legat leur donna l'abfolution, & ils abjurerent devant lui quelques er reurs. Il y avoit en Chipre des Sarrafins captifs, dont plufieurs demandoient inftamment le baptême quoiqu'on les avertit expreffement qu'ils n'obtiendroient pas pour cela leur liberté. Le legat en catechifa cinquante-fept, c'est-à-dire les fit catecumenes le jour de l'Epiphanie 6. Janvier 1249. & après en avoir baptifé trente de fa main, il alla à la proceffion des Grecs fur un certain fleuve, où en prefence du roi de France & du roi de Chipre, ils reconnurent qu'il n'y avoit qu'un Dieu, une foy & un baptême, & qu'ils faifoient cette ceremonie en memoire de ce qu'à pareil jour N. S. fut baptifé par S. Jean dans le Jourdain. Ils tremperent la croix dans l'eau en-disant: Le pere eft lumiere, le Fils lumiere, le S. Efprit lumiere. Ils firent là des prieres |