Images de page
PDF
ePub

AN. 1249.

pour le pape, mais ils n'en voulurent point faire pour l'empereur Vatace, parce que le pape l'avoit Tot 7. Spicil. excommunié. C'eft ce que raconte le legat lui-même dans une lettre au pape.

P. 223.

XII. Ambaffade de

Il y dit auffi que le lundi après la fainte Luce, Tartarie à s. c'est-à-dire le quatorziéme de Decembre 1248. arLouis. riverent en Chypre de s ambaffadeurs d'un roi des p.216. Tartares, qui étant venus à Nicofie, prefenterent

Duchefne. p. 348.

ditam. p.

à faint Louis une lettre de leur maître nommé Ercalthaï, écrite en langue Perfiene, & en lettres Matth. Ad Arabiques, où après un grand compliment du stile empoulé des Orientaux, il disoit: Je prie Dieu qu'il donne la victoire aux armées des rois de la Chrétienté, & les faffe triompher des ennemis de la croix; & enfuite: Nous voulons que tous les Chrétiens foient libres & en feureté dans leurs biens, que les églifes ruïnées foient rebâties & qu'ils prient pour nous en repos : Kiocaï roi de la terre ordonne qu'il n'y ait point de difference dans la loi de Dieu entre le Latin, le Grec, l'Armenien, le Neftorien, le Jacobite, & tous ceux qui adorent la croix: ils font tous un chés nous, & nous vous prions de les favorifer tous également : La lettre portoit creance pour les deux ambaffadeurs, David & Marc. Celui qui y eft nommé Kiocaï eft Caïouc-can, & Ercalthai ne parle que de La part.

p.347.

Quand cette lettre fut presentée à faint Louis : il avoit auprès de lui un frere Prêcheur, nommé André de Longjumeau, qui connoissoit David le premier de ces ambassadeurs, pour l'avoir vû dans l'armée des Tartares, quand il y avoit été avec

les

cil. p. 217.

les autres de la part du pape. Le roi fit traduire en Latin par ce frere André la lettre du Tartare, AN. 1249. & en envoya copie en France à la reine Blanche. Peu de tems auparavant le roi de Chypre & le p.348. Spi. comte de Joppé avoient presenté à faint Louis une lettre du conneftable d'Armenie qui leur étoit adreffée. Elle étoit écrite pendant un voïage vers le can des Tartares, & le connestable difoit: Il y a huit mois que nous marchons jour & nuit, & on dit que nous ne fommes pas encore à mi-chemin du lieu où est le can. Et en fuite parlant d'un païs qu'il nomme Tangath. C'est de-là que les trois rois vinrent à Betlehem, & les gens de ce païs font Chrétiens. J'ai été dans leurs églises & j'y ai vû Jefus-Chrift dépeint, & les trois rois offrant leurs prefens. C'est par eux que le can & tous les fiens viennent de fe faire Chrétiens. Ils ont devant leurs portes des églifes & fonnent les cloches; enfor te que quiconque va voir le can eft obligé d'aller d'abord à l'églife faluer Jefus - Chrift, foit qu'il foit Sarrafin ou Chrétien, foit qu'il le veuille ou

non.

Nous avons auffi trouvé plufieurs Chrétiens répandus dans l'Orient, & plufieurs belles & anciennes églifes que les Turcs ont ruïnées: dequoi les Chrétiens vinrent se plaindre à l'ayeul du can d'à prefent. Il les reçût avec grand honneur, leur donna la liberté, & défendit de leur faire aucune peine dequoi les Sarrafins reçûrent une grande confufion. Mais ces Chrétiens manquent de predicateurs pour les inftruire, ce qui eft un grand reproche contre ceux qui le devroient faire. Dans Tome XVII.

Iii

[merged small][merged small][ocr errors]

l'Inde que l'Apôtre faint Thomas a convertie, il y a un roi Chrétien qui fouffroit beaucoup des rois Sarrafins fes voifins, jufques à l'arrivée des Tartares, dont il s'eft rendu vaffal, & avec leur fecours il a fait de tels progrès, que tout l'Orient eft plein d'efclaves Indiens. J'en ay vû plus de cinquante mille que ce roi envoyoit vendre. Le conneftable d'Armenie eft croyable, tout auplus fur ce qu'il dit avoir vû; mais quant à ce qu'on lui avoit dit de la converfion du can des Tartares, les relations que j'ai rapportées & celle que je rapporterai enfuite en montrent la fauffeté. Toutefois les prétendus ambaffadeurs d'Ercalthaï difoient la même chofe.

[ocr errors]

Saint Louis après avoir reçû la lettre dont ils étoient porteurs, les interrogea en presence du legat, de fon confeil & de quelques prélats, & leur demanda : Comment vôtre maître a-t-il appris mon arrivée ? d'où fon venus les Tartares, & par quel motif? quel pays habitent - ils maintenant ? leur ̄roi a-t-il une grande armée ? à quelle occafion a-t-il reçû la foi? combien y a-t-il d'années, & plufieurs autres ont-ils été baptifez avec lui? Il fit le mêmes questions fur Ercalthaï. Il demanda pourquoi Bachon avoit fi mal reçû les envoyés du pape. Par ce Bachon j'entends Baïothnoi. Le roi demanda encore file fultan de Moful étoit Chrétien, enfin de quelle pays étoient les ambassadeurs, & depuis. quand ils étoient Chrétiens.

Ils répondirent: Le fultan de Mosul a envoyé an can une lettre qu'il avoit reçûë du fultan d'Egypte, où il parloit de vôtre arrivée, disant faus

le ca

AN. 1249.

fement qu'il avoit pris & emmené en Egypte foi-
xante de vos vaiffeaux, afin de perfuader au ful-
tan de Moful qu'il ne devoit point mettre fa con-
fiance en votre arrivée.. A cette occafion Ercalthaï
en ayant appris la nouvelle, nous a envoyés vers
vous, pour vous avertir que les Tartares fe propo-
fent d'affieger l'efté prochain le calife de Bagdad,
& vous prier d'attaquer l'Egypte, afin que
life n'en puiffe tirer aucun fecours. Après avoir
répondu fur l'origine des Tartares, & fur leur ma-
niere de vivre, ils ajoûterent: Kiocaï qui regne
à present, eft fils d'une Chrétienne, fille du prêtre
Jean, par les exhortations de fa mere & d'un faint
évêque nommé Malaffias, il a receu le baptême le
jour de l'Epiphanie, avec dix-huit fils de rois, &
plufieurs capitaines. Il y en a toutefois encore plu-
fieurs qui ne font pas baptifés. Ercalthaï qui nous
a envoyés, eft Chrétien depuis plufieurs années,
& quoiqu'il ne foit pas de la race royale, il eft puif-
fant, & fe tient maintenant à l'Orient de la Perfe.
Pour Bachon, il eft payen, & a pour confeillers des
Sarrafins, c'eft pourquoi il a mal receu les envoyés
du papę; mais il n'a plus tant de puiffance & dé-
pend à prefent d'Ercalthaï. Le fultan de Moful eft
fils d'une Chrétienne, aime cordialement les Chré-
tiens, obferve leurs fêtes, & ne fuit en rien la loi
de Mahomet, & s'il en trouvoit l'occafion favo-
rable, il fe feroit volontiers Chrétien. Quant à
nous, nous fommes d'une ville, diftante de Mo-
ful de deux journées, & nous fommes Chrétiens
depuis nos ancêtres. Le nom du pape eft main-
tenant celebre chez les Tartares, & l'intention

[ocr errors]

d'Ercalthaï notre maître, eft d'attaquer cet efté le AN 1249. Calife de Bagdad, & de vanger l'injure faite à J. C. par les Corefmiens. Telle fut la réponse des ambas-Ladeurs.

Duchesne.p.350.

Spicil 222. Ils prirent congé du roi le vingt-cinquiéme de Joinville. p.25. Janvier 1249. & partirent de Nicofie deux jours après, accompagnés de trois freres Prêcheurs André, Jean & Guillaume, que Loüis envoyoit au roi des Tartares avec des presens; savoir une croix faite du bois de la vraye croix, une tente d'écarlate où étoit reprefentée en broderie la vie de J. C. & quelques autres curiofitez qui pouvoient attirer ce prince à la religion. Louis écrivit à même fin au Can & à Ercalthaï; & le legat leur écrivit auffi, & aux prelats qui étoient fous leur obéiffance, exhortant ces princes à reconnoître la primauté de l'église Romaine, & l'autorité du pape ; & les prelats à être unis entre eux, & conferver la foi des premiers conciles:

XIII.
Jean de Parme

Sup. liv. LXXXII. n. S.

24. §. 5..

Vading an.

Laurent, de l'ordre des freres Mineurs, penitenlegat en Grece. cier du pape, & legat en Orient depuis deux ans, avoit mandé qu'il voyoit ouverture à la réunion des Grecs, tant de la part de l'empereur Jean VaAnt. 3. part. tit. tace, que du patriarche Manuel Caritopule. C'est pourquoi le pape Innocent leur envoya en 1249. Jean de Parme general de l'ordre, en qualité de Boll. 19. Mart. legat, qui étant arrivé à Nicée s'attira tellement l'eftime & le respect de l'empereur, du patriarche, du clergé & du peuple, qu'ils croyoient voir un des anciens peres, & un vrai disciple de Jesus-Christ. Ses compagnons édifierent auffi beaucoup les Grecs, par. leur pieté : entre autres frere Gerard, que l'on

3249.

to. 8. p. 60.

« PrécédentContinuer »