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AN. 1249.

P. 373.

Toulouse, d'Agen, de Cahors & de Rhodés, avec les feigneurs, plufieurs chevaliers & les confuls de Toulouse. Ils étoient tous d'avis qu'il y vint mais il fe fit rapporter à Millau & y fit fon tef Catel. Comt. tament par lequel il choifit fa fepulture à Fontevraud près la reine Jeanne fa mere : il ordonna la reftitution de tous les biens qu'il avoit mal ac6. 375. quis & laiffa de grands legs à divers monafteres. Puis par un acte feparé il declara que fon deffein étoit, s'il revenoit en fanté, d'accomplir le vœu qu'il avoit fait d'aller à la croifade d'outre-mer; mais que s'il ne pouvoit l'accomplir, il ordonnoitque fon heritier envoyât à la terre fainte cinquante chevaliers pour y faire le fervice pendant un an. Il ordonna encore que l'argent qu'il avoit provenant du vingtiéme levé fur les églises, des legs pieux & du rachapt des voeux, fut rendu au pape. Cet acte eft du vingt-quatrième de Septembre 1249. & le comte Raimond après avoir reçû l'extrême-onction mourut le vingt-fept, âgé de cinquante ans. En lui finit la race des comtes de Toulouse, & le comté paffa au frere du roi Alfonfe comte de Poitiers, qui avoit époufé Janne fille unique de Raimond. L'extinction de cette puiffante famille fut regardée comme une punition di3. Pod. Laur. vine, pour la protection qu'elle avoit donnée à l'herefie.

Matth. Paris

p. 668.

XVIII.

Malloure.

Après que le comte de Poitiers fut arrivé à DaJournée de la miete, le roi faint Louis en partit le vingtiéme de Novembre I249. réfolu d'attaquer le Caire & marcha contre l'armée des Sarrafins, campée au lieu nommé la Maffore ou Maffoure. Il apprit en

Epift. S.Lud.
Duchesne p.

428.

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chemin la mort du fultan d'Egypte Melic Saleh AN. 1250. fils de Camel, arrivée le fecond jour de Saaban l'an 647. c'est-à-dire le oǹziéme de Novembre M. s. 1249. mais elle fut tenue fecrette attendant la venuë de Tourancha fon fils qui étoit en Diarbecre. Cependant les affaires furent gouvernées par Sejareldor veuve du fultan, & par l'émir Facardin qui eut le commandement des troupes. Les François vinrent devant la Maffoure le mardi avant Noël vingt-uniéme de Decembre, mais ils ne purent en approcher à caufe d'un canal tiré du Nil qui feparoit les deux armées : les nôtres le nommoient le fleuve de Tanis, & les gens du païs Aschmoum. Comme il n'étoit pas gueable les François commencerent à faire une chauffée pour le traverser; mais les Sarrafins leur résisterent vigoureusement, ruinant leurs travaux & brûlant leurs machines.

Matth. Par

Enfin un Arabe Bedouin ayant enfeigné un gué aux François, ils pafferent le Tanis le jour du mardi-gras huitiéme de Fevrier 1250. & ayant furpris les ennemis dans leurs camp, ils en tuerent plufieurs, entre autres l'émir Facardin. Robert comte d'Artois paffa plus avant contre l'ordre exprès du roi fon frere, & voulut fans differer attaquer la Maffoure. Comme le maître du Temple plus fage & p* 683. plus experimenté s'efforçoit de le retenir, le jeune prince lui répondit en colere: Voilà l'efprit feditieux & la trahifon des Templiers & des Hofpitaliers. On a bien raifon de dire que tout l'Orient feroit conquis il y a long-temps, fi ces pretendus religieux ne nous en empêchoient par leurs artifi

Kkk iij.

AN. 1250.

XIX. Prife de S.

Louis.

M.S.

Joinu. p. 57

ces ils craignent de voir finir leur domination & leurs richeffes fi ce païs étoit foûmis aux Chrétiens. C'eft pour cela qu'ils ont alliance avec les Sarrafins, qu'ils trahiffent les croifés & les font perir par le fer & par le poifon. Frideric n'a-t-il pas éprouvé leurs tromperies? Le maître du Temple & celui de l'Hôpital outrés de ces reproches fuivirent le comte d'Artois, ils entrerent dans la Maffoure qu'ils trouverent ouverte ; mais les Sarrafins s'étant apperçûs du petit nombre des François revinrent fur leurs pas, & les enveloperent dans cette place, enforte que la plûpart y perirent, entre autres le comte d'Artois, avec plufieurs chevaliers des ordres militaires.

Quelques jours après, le nouveau fultan arriva à la Maffoure. Il fe nommoit Elmelic Moadam Tourancha Gaïateddin fils de Saleh. Alors on publia la mort de fon pere, il fut reconnu par toute l'Egypte, & fa prefence releva le courage des Mufulmans. Au contraire l'armée des Chrétiens déperiffoit de jour en jour par les maladies & la difette des vivres, que l'abstinence du carême augmentoit encore; enforte que ne pouvant plus fubfifter dans leur camp, ils reprirent le chemin de Damiete. Comme ils étoient en marche le cin

d. p. 60. quiéme jour d'Avril, qui étoit le mardi d'après l'octave de Pâques, les Sarrafins les attaquerent de toutes leurs forces, & ne laifferent pas de trouver grande refiftance nonobftant le petit nombre & la foibleffe des François. Gui de Chasteau Porcien évêque de Soiffons preferant la gloire du martyre au retour dans fa patrie, s'alla jetter feul au

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AN. 1250.

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milieu des ennemis qui le tuerent promptement. Le roi faint Louis malade comme les autres, étoit fans armes, monté fur un petit cheval, & il ne luireftoit de tous ses chevaliers, que Geoffroi de Sergines, qui après l'avoir défendu long-tems, le fit Sanut. p. 219arrêter à une petite ville nommée Charmafac, où on le trouva fi mal, qu'on ne croyoit pas qu'il pût paffer la journée. Les ennemis y étant entrez, il se rendit prifonnier avec les François qui s'y trouverent puis fes deux freres Alfonfe comte de Poitiers, & Charles comte d'Anjou; enfin tout ce qui reftoit de l'armée, car le nombre des morts fut tres - grand. Le legat se sauva par le Nil à Damie- Guill. Guiarsi où il porta la nouvelle de cette défaite à la 144.

te,

reine.

il

Duchefne.

Le roi faint Louis fut mené à la Maffoure, & mis aux fers; mais les Arabes le guerirent promptement par un bruvage propre à fa maladie. Il demeura un mois en prifon, & pendant ce tems, id ne ceffa point de reciter tous les jours l'office di- Guill. Carnotí vin felon l'ufage de Paris, avec deux Freres Prê- p. 468.. cheurs, dont l'un étoit prêtre & favoit l'Arabe, l'autre nommé Guillaume de Chartres étoit fon clerc." Ils difoient tant l'office du jour que celui de la Vierge, & la messe entiere, mais fans confacrer, le tout aux heures convenables, & même en prefence des Sarrafins qui gardoient le roi. Car aprèsfa prife, ils lui apporterent comme en present son breviaire & fon miffel. Ils admiroient fa patience à. fouffrir les incommoditez de fa prison & leurs infultes: fon égalité d'ame & fa fermeté à refuser ce qu'il ne croyoit pas raifonnable, & difoient : Nous

te regardions comme notre prifonnier & notre ef AN. 1250. clave, & tu nous traites étant aux fers comme fi nous étions tes prifonniers. Les émirs difoient que c'étoit le plus fier Chrétien qu'ils eussent jamais

Joinu.p.73.

XX.

Traité pour la liberté de Saint Louis.

P. 429. 430.

68.

connu.

Quelques jours après qu'il fût pris; le sultan lui fit propofer une tréve, demandant inftamment avec des menaces & des paroles dures, qu'il lui fit renEpift. Duchesne dre inceffamment Damiete, & le dédommageât des frais de la guerre, du jour que les Chrétiens l'avoient prife. Le roi fçachant que Damiete n'étoit point en état de fe défendre, y confentit; mais J8inv.b. 66.67. quant aux places que les Chrétiens tenoient encore en Palestine, & dont on lui demandoit auffi la reftitution, il declara qu'elle ne dépendoit pas de lui, puifque ces places appartenoient à divers feigneurs, ou aux chevaliers des ordres militaires. Le fultan le menaça de le mettre aux bernicles: tourment cruel où un homme attaché entre deux pieces de bois, avoit tous les os brifez; & il fe contenta de dire à ceux qui lui firent cette menace, qu'il étoit leur prifonnier, & qu'ils pouvoient faire de lui ce qu'ils vouloient. Ayant appris que plufieurs feigneurs prifonniers comme lui, traitoient de leur rançon, & craignant pour ceux qui ne pourroient la donner fi forte, il défendit ces traitez particuliers, & declara qu'il vouloit payer pour tous, comme en effet il l'executa.

Dichef. p.404.

Joinu.

Le fultan voyant qu'il ne le pouvoit vaincre par menaces, envoya lui demander quelle fomme d'argent il vouloit donner outre la reftitution de Damiete. Le roi répondit que fi le fultan vou

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