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AN. 1250.

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quoient de lui, il prit le confeil des barons de France, des fuperieurs des trois ordres militaires & des Joinu. p. 81. barons du royaume de Jerufalem. La plupart l'affu rerent que s'il fe retiroit alors, il laifferoit la terrefainte fur le point de fa perte totale, veu l'etat miferable où elle fe trouvoit ; & que les Chrétiens cap. tifs ne feroient jamais délivrez. Au contraire s'il demeuroit ils esperoient qu'on les pourroit retirer & conferver les places du royaume, vû principament la divifion qui étoit entre le fultan d'Alep & celui d'Egypte. Le roi fe rendit à ces raifons & réfolut de differer fon retour en France; mais il renvoya les deux freres Alfonfe comte de Poitiers B. C. p. 43 & Charles comte d'Anjou, pour la confolation de la reine leur mere & du royaume. C'est ce qu'il témoigne lui-même par une lettre écrite d'Acre au moi d'Août 1250. & adreffée à tous fes fujets : & il la finit en les exhortant à venir inceffamment au fecours de la terre fainte.

XXII. Ambaffade des Affaffins à S.

Louis.

Duch. to. S. p. 332. Nang. Chr. an. 1236. La chefe. liv.

Tandis que faint Louis féjournoit à Acre, il lui vint des envoyez du prince des Affaffins, que les François nommoient le Vieil de la montagne. Le Janv. p. 85. roi favoit depuis long-temps quel étoit ce prince & cette nation. Dès l'année 1236. fur un faux bruit que le roi de France s'étoit croifé & que c'étoit le plus dangereux ennemi des Mufulmans, le prince des Affaffins en envoya deux en France avec ordre de le tuer. Mais depuis ayant appris que cette nouvelle étoit fauffe & que les freres du roi pourroient vanger fa mort: ce prince envoya deux autres des fiens en France pour avertir le roi de fe donner de garde des premiers. Ces derniers ar

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riverent devant, & le roi profitant de l'avis mit au- AN. 1250. près de fa perfonne des gardes armez de masses de cuivre. Les feconds envoyez du prince Arabe chercherent fi bien les premiers qu'ils les trouverent & les amenerent au roi. Il les receut avec une grande joye, leur fit des prefens à tous quatre, & en envoya par eux de tres-riches à leur maître en figne de paix & d'amitié. C'eft ce qui fe paffa pour lors

en France.

Mais en 1250. Íes envoyez de la même nation p. 86.étant venus à Acre, le roi leur donna audience un matin après la meffe, & les fit affeoir pour dire leur charge. Un émir qui en étoit, demanda au roi s'il connoiffoit leur maître. Le roi répondit qu'il en avoit oui parler. Je m'étonne donc, répondit l'émir, que vous ne lui avez pas envoyé des prefens pour gagner fon amitié, comme font tous les ans l'empereur d'Allemagne, le roi de Hongrie, le fultan d'Egypte, & plufieurs autres princes, fachant bien qu'autrement ils ne feroient en vie qu'autant qu'il lui plairoit. Il vous avertit donc de lui en envoyer, ou du moins de le faire décharger du tribut qu'il paye aux maîtres du Temple & de l'Hôpital. Le roi leur fit rendre réponse par ces deux maîtres › qui dirent aux envoyez : Votre maître eft bien hardi de faire au roi de France de telles propofitions. Si nous n'avions égard à vôtre qualité d'envoyé, nous vous ferions jetter dans la mer. Retournez donc à votre maître, & revenez dans quinze jours, avec des lettres par lesquelles le roi foit content de lui & de

vous.

Ils revinrent dans la quinzaine, & apporterent

n. 43.

au roi une chemise & un anneau d'or, gravé du nom AN. 1250. de leur maître, pour montrer qu'il vouloit être uni comme la chemise eft au corps, & comme les doigts de la main. Ils apporterent auffi des échets de crif1. 87. tal ornez ďambre, & d'or parfumez. Le roi les renvoya chargez de prefens pour leur maître, favoir, quantité de veftes d'écarlate, de coupes d'or, & de Liv. XXII. la vaiffelle d'argent. Il envoya avec eux un religieux nommé frere Yves le Breton, qui entendoit T'Arabe, & qui rapporta que ces Affafins, qu'il nomme Bedouins, étoient de la fecte d'Ali, comme je l'ai marqué cy-deffus. Frere Yves ajoûtoit que ce qui les rendoit fi déterminés, eft qu'ils croyoient la destinée & la metempsycofe, perfuadez que l'ame de celui qui fe faifoit tuer, pour executer l'ordre de fon maître, paffoit dans un corps où elle étoit plus heureuse. Leur prince difoit que l'ame d'Abel avoit paffé au corps de Noé, puis d'Abraham, puis de faint Pierre, & que ce saint vi

XXIII. Evêchez de Suede.

voit encore.

Le pape Innocent receut cependant une requê te de l'archevêque d'Upfal, des évêques ses suffraAp. Rain.n.40 gans, & de tout le clergé de Suede, portant qu'en ce roïaume regnoit un ancien abus; favoir, que les évêques n'étoient établis que par la puiffance feculiere du roi & des feigneurs, & par les clameurs du peuple. A quoi l'évêque de Sabine, pendant fa legation, avoit voulu pourvoir, & avoit ordonné, que dans les églises cathedrales qui n'avoient point encore de chapitre, il y auroit au moins cinq chanoines avec une dignité à leur tête : qui pourvoiroient par élection au siege va

Cant

cant. Le pape confirma cette ordonnance du legat, défendant de pourvoir aucun évêque, finon AN. 1250. par élection du chapitre ; & à aucun feculier de rien attenter au contraire, ni d'exiger des évêques de Suede aucun hommage ou ferment de fidelité, vû qu'ils foûtenoient ne tenir du roi ou d'autres feigneurs, aucunes regales ou fiefs. La bulle est dattée de Lion le feptiéme Decembre 1250. Le legat Sup. liv. dont elle fait mention, étoit Guillaume premierement évêque de Modene, fi fameux depuis vingtcinq ans par fes travaux dans les églifes du Nort. Le pape Innocent IV. le fit cardinal évêque de Sa- Ital. fac. to. 1. bine en 1244. & il mourut à Lion le dernier jour Matth. Par. de Mars 1251.

P. 198..

p.705.

XXIV.

Chr. Matth.

P. 41.

L'empereur Frideric paffa cette année 1250. dans Mort de l'empe la Poüille, où il fit venir dix-fept compagnies de reur Frideric II. Sarrafins de Barbarie, & enfuite chargea le peuple Spinel. Ap. d'une impofition par tête, la plus forte qu'on eût Paper. Cona. jamais veuë; & comme elle ne produifoit pas affez à fon gré, il fit publier qu'on la payât dans la faint André, fous peine des galeres. Mais vers le même tems il tomba malade, & fe trouvant en peril de mort, il fit un teftament, par lequel il inftitua heritier le roi Conrad fon fils; & lui ordonna d'employer cent mille onces d'or pour le recouvrement

n. 33.

de la terre-fainte. Il le chargea auffi de reftituer à ap. Rain.. 1250. l'églife Romaine tous les droits qu'il poffedoit in- Math. Par. justement, pourvû que de son côté elle en usât en- § 702, vers lui comme une bonne mere. Il inftitua heritier le roi Frideric fon petit-fils, pour les duchez d'Autriche & de Souabe; & pour le roïaume de Sicile Henry fon fils, qu'il avoit eu d'Ifabelle d'AnTome XVII. Mmm

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gleterre, refervant le comté de Catane à fon peAN. 1250. tit-fils Conradin, qui venoit de naître à Conrad & la principauté de Tarente qu'il avoit donnée à Mainfroi fon bâtard. Il choifit pour le lieu de fa fepulture Palerme, ou plûtôt Montreal, où étoient Alb.Stad.Chr. enterrez les rois Normands. L'empereur Frideric se prepara encore à la mort, par l'absolution que lui donna l'archevêque de Palerme.

6. 144.

Spinel

Le neuviéme de 'Decembre on le croyoit hors de peril; & le douze au foir, il difoit qu'il vouloit fe lever le lendemain matin. Mais ce jour-là, qui étoit le jour de fainte Luce, treiziéme de DeRicard. Male. Cembre, on le trouva mort. Le bruit courut depuis, que Mainfroi l'avoit étouffé, en lui mettant un oreiller fur le vifage, pour fe rendre maître de fon tréfor, qui étoit grand, & du royaume de Sicile. L'empereur Frideric vêcut cinquante-deux ans, dont il fut cinquante-un roi de Sicile, trente-huit roi de Jerufalem, & trente-trois empereur. Il mourut en un lieu nommé Florenzola, d'où on le transporta à Tarente, pour paffer en Sicile. On le portoit dans une litiere couverte d'un drap de foye rouge, & environnée de deux cens Sarrafins à pied, qui étoient fes gardes du corps, & de fix compagnies de gendarmes à cheval: il étoit fuivi de quelques feigneurs, vêtus de deüil, & des fyndics des villes. Il fut enterré magnifiquement à Montreal, par les foins de Main

Anonym. to. 9.

froi.

C'étoit celui de tous fes fils que Frideric avoit Ugbel. p. 754. le plus aimé, quoiqu'il ne fut pas legitime: il l'avoit élevé à sa cour, & avoit pris plaisir à l'instrui

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