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per- AN. 1250.

re: auffi ce jeune prince étoit-il bien fait de sa fonne, fpirituel, gracieux, & naturellement aimable. Il n'avoit que dix-huit ans à la mort de l'empereur fon pere: toutefois il se conduifit fi bien, qu'elle ne produifit aucun changement notable: il conferva fes officiers, & ceux qui compofoient fon confeil. Il écrivit d'abord au roi Conrad qui étoit en Baluz. 1. Allemagne, pour lui donner part de la mort de l'em- Mifcell. p. 476. pereur leur pere, & dans cette lettre il dit entre autre chofe: Se trouvant menacé de mort, il a par fon testament humblement reconnu l'églife Romaine pour fa mere, comme zelé pour la foi catholique, & a ordonné de reparer entierement les torts qu'il pouvoit avoir faits aux églifes contre fon intention. Mainfroi exhorta Conrad à venir au plûtôt remplir les fouhaits de tous fes fujets. Cependant il marcha vers Naples, dés qu'il eut appris la mort de fon pere; mais étant à Montefoscolo, qui n'en eft qu'à dix lieues, il apprit que le pape Innocent M. Spin. avoit envoyé à Naples & à toutes les villes du leur défendre de rendre obéïffance à aucun autre qu'au faint fiege, parce que le roïaume lui étoit dévolu. Mainfroi envoya donc à Naples le comte de Caferte, pour favoir l'intention des habitans: il y vint le feptiéme de Janvier, & ils fui dirent clairement qu'ils s'ennuyoient d'être fi long-tems frappés d'interdit, & d'excommunication, & qu'ainfi ils étoient refolus de ne prêter obéïffance à perfonne, s'il ne venoit avec l'inveftiture & la benediction du pape. Le comte de Caferte paffa de-là à Capouë, où on lui fit la même réponse.

roïaume,

Le pape apprit la mort de Frideric par une let AN. 1250. tre du cardinal Pierre Capoche fon legat. Sur quoi

XXV.

Lettres du pa- il lui écrivit en ces termes : Nous avons d'abord pe pour leroïau. me de Sicile. penfé de retourner à Rome, comme nous & nos Ap.Rain. 1251. freres les cardinaux, le defirons depuis long-tems;

7. 2.

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mais depuis nous avons confideré, que nous ne favons fi tout le royaume de Sicile reviendra unanimement au sein de l'églife, ou fi quelques-uns s'y oppoferont. C'eft pourquoi nous vous mandons de nous en informer au plûtôt, afin que nous fachions fi nous devons être accompagnez d'un grand. corps de troupes. La lettre eft du vingt-cinn. 3. quiéme de Janvier 1 25 1. En même tems il en écrivit une aux prelats, aux feigneurs & à tout le peuple du royaume de Sicile, qu'il commence en invitant le ciel & la terre à fe rejouir de la mort. du perfecuteur de l'églife, qui opprimoit depuis fi long-tems leur liberté il les felicite d'en être delivrez, & les exhorte à revenir au fein de leur mere, fous la protection de laquelle il leur pron. s. met la paix & la feureté parfaite. Il écrivit en particulier à Berard archevêque de Palerme, & auparavant de Bari, vieux prelat, fingulierement attaché à Frideric, auquel il avoit donné l'abfolution pendant fa maladie, & avoit fait fes funerailles. Le pape le traite comme un vieux pecheur endurci, l'exhorte à reparer le scandale énorme qu'il a donné à toute l'église, à faire penitence de fes crimes, & à les reparer en ramenant les autres au bon parti, fe joignant à l'archevêque de Bari, que le pape envoyoit pour cet effet dans le royaume. C'étoit Marin Filan

geri, qui en 1226. avoit fuccedé à André fucceffeur

AN. 1251.

de Berard dans le fiege de Bari, & qui mourut Ughell. to. 7.

cette année 1251. après, trente-trois ans de pon- p. 835. tificat

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XXVI. Lettres pour l'Allemagne.

Rain. n. 7.

En même tems le pape s'appliquoit à détourner les Allemans de l'obéiffance de Conrad. Il en donna la commission à Jacques Pantaleon, ar- VIII. ep. 21. Ap. chidiacre de Liege, à qui il manda de prendre avec lui Thieri, maître des chevaliers de Pruffe, qui favoit l'Allemand, d'aller trouver les ducs, les marquis & les comtes de l'empire, les ramener à l'obéiffance de l'églife, & les engager à rendre hommage à Guillaume de Hollande la lettre eft du dix-huitiéme de Février. Le pape chargea auffi un .. 11. frere Prêcheur, de publier la croifade contre Conrad, avec l'indulgence de la terre- fainte, & quarante jours d'indulgence pour ceux qui affifteroient à fes fermons. Et comme la Souabe étoit l'ancien patrimoine de Conrad, il écrivit au peuple de cette province en ces termes: Vous devez être affurez que la race de Frideric nous étant justement fufpecte, d'imiter la perfidie de fon pere, & la tyrannie de fes ayeux, elle n'aura jamais du confentement du faint fiege, ni l'empire ni la principauté de Souabe.

2. 12,

Enfin le pape écrivit à Guillaume comte d'HolJande, pour l'encourager à foûtenir fes pretentions, fans écouter les propofitions qu'on lui pourroit faire au contraire, & pour le foûtenir, il procura fon mariage avec la fille d'Otton duc de Brunfvic. Or le comte Guillaume avoit grand besoin d'ap- Alb. Stað. pui il s'étoit engagé temerairement à accepter 693

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Matth. Pari·

AN. 1251.

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l'empire, & fut reduit à fe retirer dans le comté de Hollande, qu'il avoit même donné à son frere, & à vivre aux dépens d'autrui. Auffi malgré tous les efforts du pape, fon parti devenoit de plus en plus Sup. liv. méprifable par tout l'empire. Le pape avoit d'abord fait élire roi des Romains, le Lantgrave de Turinge, qui mourut de chagrin après avoir été défait honteufement. Le comte de Gueldre, le duc de Brabant & le comte de Cornouaille refuferent cette dignité. Enfin le pape l'offrit à Haquín roi de Norvege, que dans cette vûë il avoit fait facrer roi; mais ce prince declara publiquement qu'il vouloit toûjours combattre les ennemis de l'églife, mais non pas tous ceux du pape. Il me l'a dit à moimême, dit Matthieu Paris, & avec un grand ferment.

XXVII.

vêque de Maïen.
ce déposé.
Ap. Serrar.

p. 839.

Sifrid ou Sigefroi archevêque de Maïence, mouChriftien arche, rut le neuvième jour de Mars 1249. Un auteur du tems le louë comme un grand guerrier, ajoûtant qu'il ne negligeoit pas fes fonctions fpirituelles, p. 840. ni le gouvernement de fon état temporel. Après fa mort, le chapitre de Maïence postula Conrad archevêque de Cologne; mais le pape ne voulut pas admettre la poftulation. Le chapitre élut donc Chriftien Prevôt de l'églife de Maïence, où il avoit été élevé dès l'enfance. Son élection fut

confirmée par le legat qui étoit prefent; & il re-
ceut l'inveftiture du roi Guillaume, le jour de faint
Pierre vingt-neuviéme de Juin 1249. Il fut facré
& receut le pallium la même année. Tous les gens
de bien fe rejoüiffoient de fa promotion, efpe-
rant qu'il procureroit la paix, principalement

parce qu'il n'étoit point exercé au métier de la guer- AN. 1251. re; mais c'eft ce qui lui nuifit. On l'accufa auprès du pape d'être entierement inutile à l'église, & d'aller à regret aux expeditions militaires, quand il y étoit appellé par le roi. Cela étoit vrai; & la raison de Christien, eft que l'on commettoit des 'incendies, on coupoit les vignes, on gâtoit les moiffons. Or, difoit-il, ces ravages ne conviennent point à un évêque; mais je ferai très volontiers tout ce qu'on peut faire par le glaive fpirituel. Et comme on l'exhortoit à fuivre les traces de fes predeceffeurs, il répondit: Il est écrit: Mets ton épée au Jo. 18. n. foureau.

2.841.

Cette conduite lui attira la haine du roi Guillau me, & de plufieurs laïques, qui l'ayant accufé, obtinrent du pape qu'il fût dépofé de l'épifcopat. Ce decret fut executé par le legat Hugues de faint Cher ou de faint Thieri, de l'ordre des Freres Prêcheurs, cardinal prêtre du titre de fainte Sabine qui avoit pour adjoint Henri de Sufe, archevêque Gal. Chr. to. 1. d'Embrun, auparavant évêque de Sifteron, & de- P. 279. puis cardinal évêque d'Oftie. Chriftien acquiesça volontiers, & ceda le siege de Maïence en 1251. Le legat hui donna pour fucceffeur un jeune homme, nommé Gerard, qui n'étoit encore que foûdiacre, fils du comte Conrad, furnommé le Sauvage. Le legat fit ce choix à la perfuafion de l'archevêque d'Embrun, qui pour cet effet avoit receu fecretement deux cens marcs d'argent. On voit ici combien la difcipline étoit changée; car autrefois on auroit déposé un évêque qui auroit porté les ar- Sup, Tiv. mes. C'étoit un des reproches contre Salonius & 1xxx1v. n. 38.

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