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Matth. Parif..

338.

Gal. LI.

Germain écrivit auffi aux cardinaux, pour les ex- AN.12 32. horter à procurer la paix comme étant le confeil du pape. Permettez-nous, dit-il, de dire la verité, nôtre division est venuë de l'oppreffion tyrannique' que vous exercez & des exactions de l'église Romaine, qui de mere eft devenue une marâtre, & foule les autres, d'autant plus qu'ils s'abaiffent devant elle. Il propose ensuite l'exemple de la reprehension de S. Paul, que S. Pierre prit en bonne enforte qu'elle ne produit point de divifion, mais un examen plus foigneux de la queftion touchant les ceremonies légales. Puis il ajoûte: Nous fommes fcandalifez de vous voir uniquement attachez aux biens de la terre:amaffer de tous côtez de l'or & de l'argent, & vous rendre les roïaumes tributaires. Et enfuite: Plufieurs nations nombreuses nous font unies, & parfaitement d'accord avec nous : les Ethiopiens, les Syriens, les Iberiens, les Lazes, les Alains, les Goths, les Chazares, le peuple innombrable de Ruffie, les Bulgares.

Conc p. 3210

Le pape Gregoirerépondit au patriarche Germain par une longue lettre, dattée du Rieti le vingt-fixié- e›.5.to. x1. me de Juillet 1232. où il promet de lui envoïer des religieux pour lui expliquer plus amplement fon intention & celle des cardinaux. Quant à l'exemple de S. Pierre repris par S. Paul, il répond avec quelques anciens, que l'un & l'autre en uferent ainfi de concert, & par un artifice charitable pour gagner les Juifs & les Gentils. Mais nous avons vu comme S. Auguftin sup.liv, x‹1.m refute folidement cette explication apportée par S. Aug. pift.28, Jerôme. Le pape dit enfuite, qu'auffi-tôt que l'églife Grecque s'eft feparée de la Romaine, elle a perdu la liberté & eft devenue efclave de la puiffance feculie

AN.1233.

p. 324. ap. Va

re: puis s'eft écartée peu à peu de la pureté de la foi & de la difcipline. Le fondement de ce reproche eft, que les évêques & tout le clergé étoient bien plus foûmis aux princes, & aux magistrats chez les Grecs que chez les Latins, & contenoient mieux dans fes anciennes bornes l'immunité ecclefiaftique.

En execution de fa promeffe le pape envoïa l'année suivante en Natolie quatre religieux mandians, deux freres Prescheurs, Hugues & Pierre, deux freres Mineurs, Haimon & Raoul, & les chargea d'une lettre 1.6. xx. au patriarche Germain, où il compare le fchifme des ding.1233... Grecs à celui de Samarie, & dit que Dieu n'a pas laiffé de fufciter chez eux de grands docteurs, tels que S. Chryfoftome, S. Gregoire de Nazianze, S. Balile le grand & S. Cyrille, comme chez les Samaritains Elie, Elifée & les autres prophétes. C'eft faire remonter bien haut le fchifme des Grecs. Il propose enfuite l'allegorie des deux glaives, qu'il dit appartenir l'une & l'autre au pape, même le materiel en vertu de ces paroles de J. C. à S. Pierre: Remets ton épée au fourreau, Il infifte fur les figures de l'unité de l'églife; & finit par la queftion des Azymes, difant que le pain levé des Grecs reprefente le corps de J. C. corruptible avant fa refurrection, & le pain fans levain des Latins fon corps glorieux. La lettre eft du dix-huitiéme de Mai 1233.

Matth. XIV.

XXI. Lettres du pape

ap.Rain. 1233..

La même année le pape envoïa des freres Miaux Princes Mu-neurs en miffion chez les infideles, avec une lettre fuimans. adreffée au fultan de Damas & dattée du quinziéme 16. Vading. cod. Février, qui contient une longue inftruction fur la religion Chrétienne appuïée de plufieurs paffages de l'ancien & du nouveau teftament, & finit

n. 27.

par une exhortation

1

exhortation au fultan d'embraffer le Chriftianifme, avec proteftation que le pape ne cherche que fon falut, fans aucune vûë temporelle, & fans vouloir rien diminuer de la puiffance de ce prince. Il envoïa la même lettre au calife de Bagdad, & au Miramolin d'Afrique, c'eft-à-dire au roi de Maroc : mais on n'en yoit aucun effet, & il n'étoit pas naturel d'en attendre. Il écrivit au Miramolin une autre lettre en fa- Vading.eod. yeur d'Agnel évêque de Fés de l'ordre des freres Mineurs, à la fin de laquelle il ajoûte cette menace : Si vous aimez mieux être ennemi qu'ami de J. C. nous ne fouffrirons aucunement, comme nous ne le devons pas, que ceux qui font fideles vous obéïffent. Je ne fai comment accorder cette propofition avec Les préceptes des apôtres, d'obéir aux princes même infideles, & avec la pratique des premiers Gécles.

Le pape Gregoire travailla avec plus de fruit à la converfion des Sarrafins de Sicile, qui étoient en Italie au fervice de l'empereur Frideric; & il lui en vix ep.310.xp. écrivit en ces termes : Nous vous prions de donner Rain 4. un ordre précis par vos lettres aux Sarrafins établis

à Nocera, qui entendent affez bien l'Italien, à ce que l'on dit, de recevoir en paix les freres Prescheurs que nous leur envoïons, les écouter patiemment, & s'appliquer ferieufement à ce qu'ils leur propoferont pour leur falut; & fi quelques-uns fe convertissent nous vous prions de les foûtenir de vôtre protection. La lettre eft du vingt-feptiéme d'Août 1233. L'empereur favorifa en effet cette miffion, & manda enfuite au pape que plufieurs s'étoient convertis. Le féjour des Mufulmans en cette ville lui a fait donne

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AN. 1233.

cence.

XXII.

Sigon. lib. xv11. de regno l. l.p.

43.

le nom de Nocera des païens, pour la diftinguer de

Nocera en Ombrie.

La reputation & l'autorité des freres Prescheurs Fr Jean de Vi- croiffoit de jour en jour principalement en Italie. A Boulogne fe trouvoit alors frere Jean de Vicence, qui aïant commencé à prêcher gagna tellement les cœurs de tout le peuple par fa doctrine & fa vertu, qu'il étoit le maître de la ville. Les bourgeois, les païfans, les artifans, les nobles, le fuivoient avec les croix & les bannieres & fe remettoient à lui feul de toute leur conduite : il n'y avoit procés qu'il ne terminât & divifion qu'il n'appaisât. L'évêque même &

le

corps de ville étant depuis long-tems en differend touchant la jurifdiction criminelle, le prirent pour arbitre, & s'en tinrent à fa décifion. Il fit fortir de prison du confentement des magistrats ceux qui n'y étoient que pour dettes, & perfuada aux creanciers de faire des remises confiderables. Un jour il prêcha avec tant de vehemence contre les ufuriers, que le peuple courut auffi-tôt chez un fameux usurier nommé Landulfe, & abattit fa maison. Toute la Lombardie par 4 étoit remplie du bruit de fa prédication & de fes miracles, & on venoit de toutes parts le voir & l'entendre.

Vita. ep. pradic.

La ville de Boulogne craignant qu'on ne l'en retirât envoïa une ambaffade au pere Jourdain qui tenoit le chapitre general, & elle lui reprefenta entre-autres raifons, que Jean avoit femé dans leur ville la parole de Dieu avec grand applaudiffement; & que tout le fruit qu'on en efperoit pourroit fe perdre par fon abfence. Mais Jourdain après avoir loüé leur devotion témoigna qu'il n'étoit pas fort touché de cette raifon. Car, dit-il, les femeurs n'apportent pas leur

lit fur le champ qu'ils ont femé pour y coucher juf- AN. 1233. ques à ce qu'ils voïent comment la femence fructifie: ils la recommandent à Dieu & vont femer un autre champ. Ainfi peut-être feroit-il expedient que frere Jean allât femer ailleurs la parole de Dieu : fuivant ce le sauveur disoit : Il faut que j'aille auffi prêcher a d'autres villes. Toutefois nous délibererons de cette affaire avec nos définiteurs, & nous ferons enforte que vous aurez fujet d'être contens.

que

&

Le pape Gregoire voïant l'autorité que s'étoit acquife frere Jean de Vicence, l'emploïa pour réunir & pacifier les villes d'Italie: craignant que l'empereur Frideric ne se prévalût de leur divifion pour se les af- Sigon. p. 44 fujettir, principalement celles de Lombardie. Il fit donc Jean fon legat dans la Marche d'Ancone, l'envoïa enfuite en Tofcane, pour faire la paix entreFlorence & Siene. Mais il ne fut pas aifé de le tirer de Boulogne & des autres villes où il étoit cheri; & le pape fut obligé de les menacer des cenfures ecclefiaftiques fi elles s'opiniàtroient à le retenir. Le pape écrivit à ce faint religieux pour le feliciter du fuccés de fes travaux & l'y encourager; & pour le confoler R1133.35. des calomnies qu'on répandoit contre lui.

VIT.ep.68.218 130 287 ap.

37.38.

que.

XXIII. Canonifation

Pendant que frere Jean de Vicence étoit à Boulogne, il procura la tranflation de S. Dominique. De- de S. Dominipuis douze ans qu'il étoit mort fes disciples n'avoient encore rien fait pour honorer fa memoire; & quelques-uns demeurant dans leur fimplicité, difoient qu'il fuffifoit que fa fainteté fût connuë de Dieu, fans Boll. 13 Febr to. le mettre en peine qu'elle vînt à la connoiffance des P72 epift. hommes. Toutefois le peuple reclamoit l'affistance Bv.n.s. du faint pour diverfes maladies: plusieurs demeu

Chr. MS. ap.

Jordan ap.

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