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des moutons dans le temple, & mesure l'indulgenAN. 1253. ce felon l'argent que l'on donne pour la croifade. De plus, le pape ordonne aux prelats par fes lettres, de pourvoir un tel d'un benefice, felon qu'il voudra T'accepter; quoiqu'il foit étranger, abfent & entierement indigne, fans lettres, ignorant la langue du pays, enforte qu'il ne peut ni prêcher ni entendre les confeffions, ni même affifter les pauvres & recevoir les paffans, parce qu'il ne refifte pas.

Je voy, ce qui m'eft nouveau, que le pape pour s'attirer la faveur des grands, permet d'être évêque, fans jamais fe faire facrer: feulement pour avoir le revenu, en gardant ceux dont on jouissoit déja. Il vouloit parler fans doute de Philippe de Savoye archevêque de Lion. Il s'étendoit fur les vices de la cour de Rome, particulierement l'avarice & l'impureté; & ajoûtoit, que pour tout engloutir, elle s'attribuoit les biens de ceux qui mouroient fans teftament; & qu'afin de piller plus librement, elle faifoit part au roi de fes rapines. L'évêque fe plaignoit encore que le pape employoit au recouvrement de ses exactions les freres mandians lettrez & vertueux, abusant ainfi de leur obéiflance, pour les faire rentrer dans le monde qu'ils avoient quitté. Qu'il les envoyoit en Angleterre avec de grands pouvoirs, comme des legats traveftis, ne pouvant y envoyer de legat en forme & à découvert, fi le roi ne le demandoit.

Telles étoient les plaintes de l'évêque de Lincol ne, trop aigre à la verité, mais trop bien fondées, comme il paroît par les écrits du tems, les écrits du tems, même par les lettres des papes. Il mourut la nuit de la faint

Denis, c'est-à-dire le neuvième d'Octobre 1253. en AN. 1253. opinion de fainteté ; & on prétendit qu'il s'étoit fait des miracles à sa mort : il refte de lui quelques écrits Cave. Sac. imprimez peu confiderables, & quelques autres ma

nufcrits.

nes,

Schol. p. 497.

707. 10. 12. 13 28.-29.

Nous voyons en France dans le même tems, To. 11. conc. p. quelques-uns des abus dont on se plaignoit en Angleterre, mais qui venoit des évêques. Ils coupoient les prebendes pour augmenter le nombre des chanoi& en inftituoient pour la premiere prebende vacante. Ils demandoient à leur clergé des fubfides fans necessité : ils chargeoient les cures de penfions; enforte qu'il reftoit à peine au titulaire de quoi fubfifter. Il les donnoient en commande à des clercs qui en avoient déja d'autres en titre ils en uniffoient à leur menfe, quoiqu'elle eût un revenu fuffifant. C'eft ce qui paroît par les reglemens du concile tenu cette année à faint Florent de Saumur, le mardi d'après la faint André, c'est-à-dire le fecond jour de Dececembre, par Pierre de Lamballe archevêque de Tours & fes fuffragans.

:

XLIV.

n. 44.45. ei.

Dés l'année 1251. Mendog ou Mindof prince de Lituanie ayant donné quelques terres aux chevaliers Eglife de Litua de Pruffe, ils lui confeillerent de prendre le titre de Rain. 1251, roi, & pour cet effet de s'adreffer au pape, & fe mettre sous sa protection. Mendog envoya donc une ambaffade folemnelle au pape Innocent, qui lui écrivit en ces termes: Nous avons appris avec bien de la joye, que Dieu vous ayant fait la grace de vous éclairer, vous avez receu le baptême avec une grande multitude de payens; & que vous avez entierement foûmis votre perfonne, votre royaume &

AN. 1253.

tous vos biens à la protection du faint fiege. C'eft pourquoi condescendant à vos defirs, nous recevons au droit & à la profperité de S. Pierre, le roïaume de Lituanie, & toutes les terres que vous avez déja retirées d'entre les mains des infideles, ou que vous en pourrez retirer à l'avenir, & nous vous prenons fous la protection du saint siege, avec votre femme, vos enfans & votre famille. La lettre est Baudrand. t. 1. dattée de Milan le feiziéme de Juillet 1251. La Luthavie ou Liteuvie, comme on la nomme dans le pays, est la même que la Lituanie.

p. 582.

Rain. n. 46. 47.

Rain.. 1253.

n. 26.

Le pape écrivit en même tems à Henri évêque de Culm, lui donnant commiffion de couronner roi Mindof, & d'ordonner un évêque pour la Lituanie, après que le roi y auroit fondé & doté suffisamment une églife cathedrale. A condition que le nouvel évêque ne feroit foûmis qu'au pape, & lui feroit ferment ». 48. aussi-tôt après fon ordination. Le pape écrivit aufsi à l'évêque de Riga, & à deux autres du voisinage, d'aider le nouveau roi pour la conversion des Lituaniens. Deux ans fe pafferent fans que l'érection de Id. 125 4. n. 27 l'évêché fut executée, & en 125.9. le pape en donna de nouveau la commission à l'archevêque de Livonie & de Pruffe, qui avant de recevoir la lettre du pape, ordonna évêque de Lituanie un prêtre de l'ordre Teutonique, nommé Christien, & receut de lui le ferment de fidelité en fon nom & de fon églife, ce que le pape trouva fort mavais. Il declara nul ce ferment, & prétendit que la Lituanie appartenant à S. Pierre en proprieté, fon évêque ne devoit dépendre que du S. fiege. C'est ce qu'il declara par une lettre du troifiéme de Septembre 1254.

S. Louis

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actions

Sanut. p. 122.

Joinv. p. 108.

S. Louis ayant achevé les fortifications de Jaffe, AN. 1253. refolut de fortifier auffi Saïette, c'eft-à-dire, Sidon, XLV. & partit pour y aller le jour de S. Pierre vingt-neu- Suite des acti viéme de Juin 1253. Etant en chemin il delibera s'il Joinv.p.105. prendroit Naploufe, qui eft l'ancienne Samarie, & Duch. p. 458.. c'étoit l'avis des Templiers & des Barons du pays; mais ils ne vouloient pas qu'il y fut en perfonne, difant que s'il étoit pris ou tué, la terre-fainte étoit perdue. Le roi ne put fe refoudre à y envoyer fes gens fans lui, & ainfi l'entreprise manquá. En ar- Duch p. 360. rivant à Sidon, il apprit que le corps d'environ trois 404.469. mille Chrétiens tuez par les Sarrafins depuis trois ou quatre jours, étoient demeurez dans la plaine fans fepulture. Il y alla avant que de manger, accompagné du legat Eude de Châteauroux, par lequel il fit benir un cimetiere fur le lieu, puis il y fit porter ces corps, travaillant lui-même de fes mains à les ramaffer & les mettre dans des facs, fans en être détourné par l'infection qui en fortoit, telle les valets & les pauvres payez pour ce travail, në le faifoient qu'avec une extrême repugnance. Le roi le continua pendant cinq jours, fans fe boucher le nez comme plusieurs autres, ni témoigner de dédain. Le matin après la messe il alloit fur le lieu, & difoit à fes chevaliers: Venez, enterrons les martyrs de J. C. qui ont plus fouffert que nous pour lui. Il fit faire pour eux des obfeques folemnelles.

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que

Il demeura le reste de l'année occupé à fortifier Duch. p. 360. Sidon; & cependant il lui vint des avis de France par des lettres & des hommes envoyez exprès, que. depuis la mort de la reine fa mere, le roïaume étoit en grand danger, étant menacé, tant du côté de Tome XVII. Rrr

l'Angleterre que de l'Allemagne : ce qui le fit penfer AN. 1254. ferieufement à fon retour. Il appella le legat, qui Joinv. p. 110. étoit avec lui, & lui fit faire plufieurs proceffions, pour demander à Dieu qu'il lui fit connoître fa volonté ; & enfin il refolut de donner ordre à fon voiage pendant le carême, & partir à Pâques, qui cette année 1254. devoit être le douziéme d'Avril. La refolution étant prise, le legat pria un jour le fire de Joinville de venir avec lui à fon logis; & l'ayant fait entrer dans fa garde-robe, il commença à pleurer & lui prenant les mains, il lui dit: Senechal je me rejouis & rends graces à Dieu, de ce que vous êtes échapé de tant de perils; mais d'ailleurs je fuis penetré de douleur, d'être obligé de quitter votre bonne & fainte compagnie, pour retourner à la cour de Rome avec des gens fi déloyaux comme il y en a. J'ai refolu de demeurer encore un an après vous à Acre, & employer ce qui me reste d'argent, à en fortifier le fauxbourg, afin qu'on n'ait rien à me reprocher.

171.

Le deffein du départ du roi étant devenu public, le patriarche de Jerusalem, & les barons du païs vinrent le trouver, & lui rendirent humblement graces des biens qu'il avoit faits à la terre-fainte, en fortifiant Acre, & rebâtiffant Saïde, Cefarée & Jaffe, & ils ajoûterent: Nous voyons bien Sire, que votre fejour ici ne pourroit plus être utile au royaume de Jerufalem; c'est pourquoi nous vous conseillons d'aller à Acre faire les preparatifs de votre voyage pendant ce carême. Le roi fuivit ce confeil, & demeura à Acre jusques à fon départ. Il eut la confolation d'avoir procuré pendant fon fejour à la ter

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