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AN. 1254.

Matth. Par.

C.

re-fainte la conversion de plufieurs Sarrafins. Ils étoient touchez de fa merveilleufe patience dans l'adverfité, & de fa conftance inflexible dans fon p. 759. deffein. Ils voyoient la fermeté de fa foi, & l'amour Duch. p. 457. de fa religion, qui lui avoit fait quitter les délices de fon royaume, pour s'expofer à tant de perils. Ils s'adreffoient donc à lui, & il les recevoit à bras ouverts, & les faifoit inftruire foigneufement par les freres Prêcheurs & les freres Mineurs, qui leur faifoient voir le foible de la religion de Mahomet, & la verité du chriftianifme. Ils recevoient le baptême, & le roi leur donnoit la fubfiftance: il en emmena plufieurs en France, avec leurs femmes & leurs enfans: il en envoya quelques-uns devant, & leur affigna à tous des penfions leur vie durant. Il fit aussi acheter plusieurs efclaves, tant mahometans que payens, & en prit le même foin. De-là viennent apparemment tant de familles qui portent le nom de Sarrafın.

p. 458.

Louis partit enfin du port d'Acre le vendredi vingt-quatrième d'Avril 1254. chargé des benedic- Joinu. p. xxsi tions de tout le peuple, de la nobleffe & des prelats, qui le conduifirent jufques à fon vaiffeau. Il laiffa le legat avec un fecours confiderable d'argent & de troupes; & obtint de lui la permission d'avoir dans le vaiffeau le S. Sacrement, pour donner la communion, tant aux malades qu'à lui & aux fiens, quand on le jugeroit à propos. Or la permission du legat étoit neceffaire, parce que les autres pelerins, quelque grands qu'ils fuffent, n'avoient pas accoûtumé d'en ufer ainfi. Le roi fit mettre le faint facrement dans le lieu du vaisseau le plus convenable, où il fit

AN. 1254.

XLVI. Differends des

évêques de Chy. pre avec les Lá

tins.

ap, Rain.1240.

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Rain.1247.n.30

dreffer une riche tente d'étoffe d'or & de foye, avec un autel, devant lequel il entendoit tous les jours l'office divin, celebré folemnellement, c'est-à-dire, toutes les heures & la meffe, excepté le canon; mais le prêtre & fes miniftres ne laiffoient pas d'être revêtus felon l'office du jour.

Cependant le pape Innocent envoya au legat Eude évêque de Tufculum, un reglement pour les Grecs de l'isle de Chypre. Dés le tems du pape Gregoire IX. l'archevêque. Latin de Nicofie receut un ordre du S. fiege, pour défendre à tous les évêques de sa dépendance, de permettre à aucun prêtre Grec de celebrer la messe, qu'il n'eût juré obéïssance à l'églife Romaine, & renoncé à toute heresie, particulierement aux reproches que les Grecs font aux Latins, de confacrer en azymes.. L'archevêque ayant affemblé les évêques Grecs de fa province, leur fit lire & expliquer cet ordre du pape, contre lequel ils firent plufieurs objections; mais n'ofant s'y opposer ouvertement, ils en demanderent copie, & du tems pour déliberer, pendant lequel ils fortirent fecretement de Chypre, avec les abbez, les moines, & les principaux prêtres Grecs, emportant tout ce qu'ils purent des églifes & des monasteres, & se retirerent en Armenie. L'archevêque Latin confulta le pape fur ce qu'il devoit faire en cette rencontre; & le pape lui manda de chaffer du pays les prêtres & les moines qui y étoient reftez, & de donner à des prêtres Latins les églises & les monafteres des fugitifs. La lettre eft du treiziéme d'Avril 1240.

Sept ans après le pape Innocent IV. envoya frere Vading. eod. Laurent de l'ordre des Mineurs, fon. penitencier

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avec un ample pouvoir de legat, pour la réunion des Grecs & des autres fchifmatiques; & ce legat rapella l'archevêque Grec de Chypre, de l'exil vo- Rain.1250, lontaire où l'avoient reduit les mauvais traitemens .40.4 des prelats Latins. Le prelat Grec s'adreffa à l'évêque de Tufculum, lorfqu'il fut arrivé en Chypre avec S. Loüis, en qualité de legat, & promit entre fes mains obéiffance à l'églife Romaine, avec fes fuffragans. Enfuite ils envoyerent au pape une requête contenant plufieurs articles fur lefquels ils demandoient justice.

1. Que l'archevêque Grec & fes fucceffeurs euffent la liberté d'ordonner quatorze évêques de leur nation, puifque de toute antiquité il y avoit dans l'isle autant de fieges épifcopaux. 2. Qu'en demeurant fous l'obéïffance de l'église Romaine, ils ne fufsent point soûmis à la jurisdiction des prelats Latins, mais qu'ils jouiffent de la même liberté qu'eux. 3. Qu'ils exerçaffent la jurifdiction ordinaire fur leur clergé & leur peuple, quant au fpirituel, comme avant qu'ils fe feparaffent de l'église Romaine, & telle que l'avoient les prelats Latins, avec pleine liberté de recevoir les ordres, & d'embraffer la pro

feffion monaftique, comme avant que le pays

fut foumis à la domination des Latins. 4. Que les moines Grecs fuffent déchargés de payer aux évêques Latins, les dixmes des terres qu'ils cultivoient de leurs mains ou à leurs dépens; & qu'elles tournaffent au profit des évêques Grecs. 5. Que les appellations des jugemens prononcez par les évêques Grecs, ne fuffent point portées devant les évêques Latins, mais devant le pape ou fon legat, fur les Rrr üj

XLVII.

Reglement pour

Chypre.

Rain. 1254.

a.y. to. II.

lieux, qui feroit tenu de prendre leur protection. 6. Enfin qu'il plût au pape de revoquer tout ce que 'le legat Pelage évêque d'Albane, avoit ordonné contre eux en punition de leur défobéïffance.

Conc. p. 612.

Sur ces demandes des Grecs le pape ne fe croyant pas fuffifamment informé des circonftances du fait, pour donner une réponse décifive, renvoya l'affaire au legat Eude évêque de Tufculum, qui étant fur les lieux, pouvoit en prendre une connoiffance plus exacte, & lui donna plein pouvoir de regler le tout par le confeil des prelats & des autres perfonnes fages, felon qu'il jugeroit plus expedient pour le falut des ames, la paix de l'église, & l'accroiffement de l'obedience catholique. La lettre est du vingtiéme de Juillet 1250.

Quatre ans après, c'est-à-dire le cinquième de les Grecs de Mars 1254. le pape envoya au même legat un grand reglement pour terminer le different émû entre l'archevêque de Nicosie & ses suffragans Latins d'une part, & les évêques Grecs de l'isle de Chipre, soûmis à l'église Romaine d'autre part. Le legat avoit envoyé au pape les pretentions des Latins, & les réponfes des Grecs, lui demandant la décision, à quoi le pape fatisfit parce reglement, qui regarde principalement le rit Grec dans l'administration des facremens, & contient vingt-fix articles, dont voici la fubftance.

Art. 1.

3.

Les Grecs fuivront l'ufage de l'églife Romaine, dans les onctions qui fe font au baptême, & on tolerera leur coûtume, d'oindre les cathecumenes par tout le corps, fi on ne fi on ne la peut ôter fans scandale. Il eft indifferent qu'ils baptifent en eau froide ou en

AN. 1254

Goar. p. 367.

eau chaude. Les évêques feuls marqueront les baptifez fur le front avec le S. chrême, c'eft-à-dire, ,donneront la confirmation. C'est que chez les Grecs ce 4 facrement s'adminiftre avec le baptême, & le plus fouvent par un prêtre. Chaque évêque peut faire le Eucholog S. chrême dans fon église le jeudi faint, avec le baume & l'huile d'olive; mais fi les grecs veulent gar- Cone. p 6284der leur ancien usage, que le patriarche faffe le chrême avec les archevêques, ou l'archevêque avec ses fuffragans, on le peut tolerer. Les confeffeurs ne se ❝.7%contenteront point en administrant la penitence, Goar. p.4320 d'enjoindre une onction pour toute fatisfaction; mais on donnera l'extrême-onction aux malades.

6.

Arcud.

Quant à l'Euchariftie, les Grecs peuvent fuivre 82 leur coûtume, d'y mêler de l'eau froide ou chaude, pourvû qu'ils croyent que la confecration fe fait également avec l'une ou avec l'autre. C'eft qu'ils met- Goar. p. 148. tent de l'eau bouillante dans le calice, pour fignifier la vertu du faint Efprit. Mais, ajoûte le pape, ils ne doivent pas garder toute l'année l'Euchariftie confacrée le jeudi faint, pour la donner aux malades. Ils ne garderont pas plus de quinze jours celle qui fera refervée pour cet ufage, de peur que les efpeces étant alterées, elle ne foit plus difficile à prendre, quoique la verité & l'efficacité du facrement ne ceffe par aucune longueur de tems. Ils fui- 10. 113 vront leur ufage dans la maniere & l'heure de celebrer la meffe, pourvû qu'ils ne la difent pas après none, ou avant que d'avoir dit matines. J'entends la priere du matin que nous appellons laudes, & les Grecs Orthron. Le calice fera d'or, d'argent, ou au 13. 147. moins d'étain; l'autel propre, avec un corporal

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