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AN. 1256.

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écoliers les uns des autres. Et enfuite: Les freres
renonceront à toutes les lettres obtenues ou à ob-
tenir contre ce que deffus, foit par eux, foit par
d'autres, & ils procureront la revocation des fen-
tences que l'on dit avoir été portées contre les se-
culiers qui ne les recevroient pas. Les freres n'in-
quieteront aucune perfonne particuliere, ni l'uni-
verfité, à l'occasion des difputes paffées. Au reste
cette feparation des freres d'avec les feculiers a été
faite pour
le bien de la paix, non que nous aïons
rien trouvé de reprehenfible dans les freres. Ce font
les principaux articles de la fentence arbitrale, qui
porte en tête les noms des quatre archevêques, & eft
dattée du premier jour de Mars 1255. c'est-à-dire,
1256. avant Pâques.

Mais dans le même tems & le troisième jour de Mars le pape Alexandre donna à Rome une bulle adreffée à l'évêque de Paris, qui commence : De quibufdam magiftris, où après avoir traité d'enfans de Satan, & d'ennemis de la pieté, les docteurs & les écoliers qui s'oppofent aux freres Prêcheurs, & qui empêchent de leur donner des aumônes, il ordonne à l'évêque de prononcer excommunication contre tous ceux qui détourneront de fe confesser à ces religieux, s'ils font autorifez par le pape, fon legat, l'évêque, ou le curé, ou que l'on entende leurs fermons ou leurs leçons, ou qui leur refuferont l'entrée des écoles pendant les leçons & les difputes. Un mois après, & le quatriéme d'Avril le pape adreffa une bulle à l'univerfité, blâmant sa défobéïffance de n'avoir pas obfervé la conftitution faite pour maintenir leur école : j'entens la

bulle, Quafi lignum vita. Il s'en prend à la feduction de quelques particuliers, entre-autres de Guillaume de faint Amour, & menace de punir l'univerfité, fi elle n'obéït. Huit jours après le pape écrivit au roi faint Louis, le priant de prêter main-forte à l'évêque, pour reprimer l'infolence des écoliers contre les freres Prêcheurs. Ces trois bulles femblent

données avant que le pape fçût l'accord fait à Pa

ris.

XXVI

Hermites de
Boll. 1o. Febr.

S. Auguftin.

to. 4. p. 472. Sup. liv.

Dans le même tems le pape Alexandre réunit en un feul corps cinq congregations d'hermites, deux de S. Guillaume, trois de S. Augustin. Ce faint Guillaume eft celui de Malaval, mort environ cent ans auparavant, dont les imitateurs formerent deux congregations, l'une qui garda fon nom, l'autre qui prit celui de mont-Fabal: elles avoient chacune leur fuperieur general, mais toutes deux fuivoient la regle de faint Benoist, depuis que le pape Gre goire IX. le leur eut permis. Les trois autres congregations fuivoient la regle de faint Auguftin, & on les nommoit de faint Augustin, du B. Jean le Bon & de Brictine. Or depuis long-tems on voïoit en Europe plufieurs hermites qui fe aifoient de la regle de faint Augustin. Jean le Bon eft l'hermite de Sup. liv. Mantoue dont j'ai parlé en fon lieu : il mourut le Bzov. 1249. vingt-troifiéme d'Octobre 1249. & le pape Inno- ". 13. cent IV. à la priere de l'évêque & de la ville de Mantoue, commit Albert évêque de Modene pour informer de fa vie & de ses miracles, par bulle du dix-feptiéme de Juin 1251. La congregation de Brictine portoit le nom de fon defert fitué au diocese de Fano dans la Marche d'Ancone; & comme elle

LXXXI. n

!

n'avoit point de regle approuvée, le pape Gregoire AN. 1256. IX. en 1238. lui accorda de fe ranger fous celle de faint Augustin.

A. conftit. 6.

Sup. liv.

Ce furent donc ces cinq congregations que le paBullar. Alex. pe Alexandre IV. entreprit de réunir. Pour cet effet il leur ordonna d'envoyer en fa presence deux freres de chacune de leurs maifons munis d'un plein pouvoir, puis il leur donna pour commiffaire Richard cardinal diacre du titre de faint Ange, qui les affembla à Rome en chapitre general, & de leur commun confentement les réunit tous à une feule obfervance fous un fuperieur general, dont ils laifferent le choix au cardinal pour cette premiere fois. Ils dexxxxi. n. 4. manderent d'être confervés dans la pratique du vœu qu'ils avoient fait d'une pauvreté absoluë, renonçant à la poffeffion des biens immeubles; mais ils demanderent auffi d'être déchargés de l'obligation qu'on leur avoit impofée de porter des bâtons. Le cardinal Richard leur accorda l'un & l'autre, & fit l'union en un feul ordre, fous le nom d'hermites de faint Augustin, leur donnant pour premier general Lanfranc. Le pape confirma le tout par sa bulle du neuviéme d'Avril 1256. & telle fut l'origine des rè ligieux Auguftins mandians.

Boll. p. 477.

Mais les Guillelmites ne demeurerent pas longtems en cette union. Ils fouffroient avec peine de fe voir tirez de l'inftitut de faint Guillaume & de la regle de faint Benoist, que Gregoire IX. & Innocent IV. leurs avoient accordée; & ils firent fi bien folliciter Alexandre IV. qu'il leur permit de demeu rer comme ils étoient auparavant fous leur general particulier,

Si-tôt

.

AN. 1256

XXVII.

Parme.

to. 8. p. 64.

Si tôt que S. Bonaventure fut arrivé à Rome en qualité de general de fon ordre, les adverfaires de Jean de Parme, l'exciterent à informer contre lui & Condamnacontre fes compagnons, comme ayant de mauvais tion de Jean de fentimens fur la foi. On produifit plufieurs articles Vading. n. 5. extraits de leurs ouvrages; mais aprés un ferieux Vita ap. Boll examen il ne s'y trouva rien par où la foi fût bleffée. On vint enfin au principal chef d'accusation, & on leur demanda ce qu'ils penfoient de l'abbé Joachim & de fa doctrine. Ils demeurerent aheurtés à le loüer & à foûtenir, qu'il n'avoit rien enseigné de mauvais touchant l'unité de l'effence divine & la Trinité des perfonnes; car c'est dequoi il s'agiffoit principalement : que fa doctrine étoit conforme à celle des peres & des conciles, & que celui de Latran auroit pû fe paffer d'en faire une nouvelle décifion. Des deux compagnons de Jean de Parme, le plus dur étoit Gerard & le plus ardent, soit à objecter, foit à répondre auffi étoit-il le plus favant, & avoit profeffé la theologie pendant quelques années. Enfin les juges les voyant obstinés dans leurs fentimens, les condamnerent tous deux à la prifon perpetuelle ; & ils s'y rendirent avec joïe, se croyant perfecutés pour la verité. Leonard y mourut, Gerard en fut délivré par faint Bonaventure dix-huit ans aprés.

On vint enfuite à Jean de Parme, & S. Bonaventure nomma des juges pour lui faire fon procès dans un petit monaftere deTofcane. Le pape donna pour commiffaire le cardinal Jean Caietan des Urfins de puis pape: on ne trouva l'accufé coupable, que de trop d'attachement à la doctrine & à la perfonne de Tome XVII. D ddd

AN. 1256.

XXVIII.

Guiliaume de

Matth. Parif. p. 793.

l'abbé Joachim ; & enfin il fut condamné à une longue prifon. Mais il furvint des lettres du cardinal Ottobon neveu d'Innocent IV. & depuis pape luimême, adreffées au cardinal Caïetan & à S. Bonaventure, par lefquelles il fe rendoit caution de la foi de Jean de Parme, & déclaroit qu'il tiendroit fait à lui-même le traitement que l'on feroit à ce religieux. Le cardinal Caïetan fut touché de cette lettre, le jugemenr ne fut point executé, & le general donna le choix à Jean de Parme du lieu de fa retraite. Il choifit le petit convent de Grecchia près de Rieti, & y demeura trente-deux ans.

Au commencement de cette année 1256. GuilMort du roi laume de Hollande roi des Romains perit malheuHollande. reusement en faisant la guerre aux Frifons. Comme Annal. Steron, il marchoit fur un marais gelé, la glace rompit sous les pieds de fon cheval armé comme lui, & plus il· fit d'effort pour fe relever, plus il enfonçoit. Les Frisons survinrent, qui le percerent de plusieurs coups, quoiqu'il offrît une groffe rançon, & le mirent en pieces: ainfi mourut ce prince à la fin du mois de Janvier, & le pape l'ayant appris eut grand regret, dit Matthieu Paris, aux fommes immenfes qu'il avoit employées pour le soûtenir. Il craignit auffi que l'on ne voulût élire empereur le jeune Conradin, fachant que plufieurs feigneurs Allemans étoient affectionnez à fon pere Conrard & en general à la maison de Suaube, qui regnoit depuis prés de fix vingt ans.

Croyant donc que le temps de l'élection étoit proche, il écrivit à l'archevêque de Maïence l'un des „p. Rain. n. 3- électeurs. La lettre eft du vingt-huitiéme de Juil

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