AN. 1256. IV. Conft. 7. let 1256. & porte en fubftance : L'importance de cette affaire demande une attention finguliere & une meure déliberation, fur tout pour élire un fu- Bular. Alex. jet qui foit fidelle & dévoué à l'église, & dont les ancêtres ayent été dans les mêmes fentimens. Or vous favez comment le deffunt empereur Frideric & fes ancêtres en ont ufé à l'égard de l'églife leur mere, & quelle récompense ils lui ont renduë des biens qu'ils avoient reçûs d'elle. Ils l'ont traitée comme s'ils tendoient à fa détruction, & ont excedé la cruauté de tous les autres perfecuteurs D'où l'on peut juger ce que l'on doit efperer s'il refte quelque puiffance dans cette famille, puisque un mauvais arbre ne produit que produit que de mauvais fruits. C'est pourquoi il faut bien fe garder de penfer au jeune Conrad, ni de l'élire en quelque façon que ce foit, parce que fon bas âge le rend entierement incapable de confentir à fon élection, ni de proteger l'églife & d'exercer les fonctions royales. Ainfi nous vous deffendons tres-étroitement de l'élire, fous peine d'excommunication que nous prononçons dés à prefent contre vous en ce cas ; & avant que de proceder à l'élection, vous ferez la même deffenfe de nôtre part à tous les autres électeurs, tant ecclefiaftiques que feculiers. La même lettre fut envoyée à l'archevêque de Treves, & à celui de Cologne ; mais l'élection ne fe fit que l'année fui vante. Sup. liv. LXXXIII. n L'archevêque de Maïence étoit Gerard qui tenoit ce fiege depuis cinq ans, & avoit toûjours été pour Guillaume de Hollande. Il fut pris cette année 1256. avec fon oncle le comte d'Eberstin, par 158. 23. Addit. ad Lambert. Pift. tom. I. pag. les d'Albert duc de Brunfvic, que ce comte Quand le pape Alexandre eut appris l'accommo- que tences portées à leur occafion contre les docteurs par at AN. 125 6. Au contraire, de peur qu'une fi deteftable rebellion contre l'église Romaine ne foit d'un pernicieux exemple : nous privons de toutes dignitez & benefices & de la fonction de docteur Guillaume de Saint Amour, Eude de Douai, Nicolas de Barfur-Aube, & Chrétien chanoine de Beauvais, comme étant les principaux auteurs de cette revolte. Et fi, contre nôtre défense, ils ofent enseigner ou mon ter en chaire, nous les déclarons indignes de tous benefices, & ordonnons qu'ils foient chaffés de tout le roïaume de France. Il enjoint enfuite à l'évêque fous peine d'excommunication de faire pu blier cette bulle dans Paris, & d'avertir les collateurs qu'ils pourvoient aux benefices des docteurs rebelles. La bulle est du dix-septiéme de Juin. Il est remarquable que le pape n'y parle point des quatre archevêques, qui avoient été les arbitres de l'accommodement qu'il condamne. Enfuite il écrivit Bulla vera fi au roi faint Louis, le priant de faire executer cette 28. Duboulai pr bulle, de bannir les docteurs rebelles, & d'empê- 306, cher que l'école de Paris ne foit diffipée ou transfe rée ailleurs. dei Vading. n.. pens. p. 106. Cependant l'archevêque de Sens tint un concile G. S. Am. reà Paris, où fe trouverent douze évêques : fix de la Duboulai p. province de Reims, favoir ceux de Soiffons, de D ddd iij 309. AN. 1256. Beauvais, de Noyon, d'Arras, d'Amiens, & de Terouane fix de la province de Sens, Chartres, Paris, Orleans, Meaux, Troyes & Nevers. En ce concile le maître de l'Ordre des freres Prefcheurs fe plaignit, que quelques feculiers docteurs en theologie avoient enfeigné & prêché publiquement plufieurs fauffetez & plufieurs erreurs contre les bonnes mœurs, dont quelques-unes tournoient au préjudice de leur ordre. Les prélats appellerent Guillaume de Saint-Amour, & Laurent, tous deux docteurs regens en theologie à Paris, avec quelques autres étudians hommes de probité; & demanderent à Saint-Amour s'il avoit enfeigné quelques erreurs, ou blâmé l'ordre des freres Prefcheurs approuvé par le pape. Il le nia & dit : Qu'il étoit prêt de foûtenir ce qu'il avoit prêché s'il étoit vrai, ou de le retracter s'il meritoit correction. Les prélats après avoir deliberé, offrirent de tenir un concile où ils appelleroient des theologiens des provinces voifines, & demanderent aux parties s'ils obferveroient ce qui feroit décidé par ce concile. SaintAmour l'accepta avec joye & le demanda instamment à genoux, tant en fon nom que des autres docteurs, offrant de recevoir telle correction qu'il plairoit au concile, Mais le maître des freres Prefcheurs & ceux qui l'accompagnoient dirent, qu'ils n'en étoient pas d'accord; & que ce concile n'auroit autorité que dans la province de Sens, au lieu que leur ordre dont la réputation étoit attaquée s'étendoit dans tous les royaumes. Toutefois SaintAmour, au nom de l'univerfité fupplia les prelats de s'informer des perils dont l'églife Gallicane étoit menacée par les faux prédicateurs, & de prendre foin de les éloigner. C'eft ce que témoignent les AN. 1256. treize prélats dans leur lettre patente du dernier de Juillet 1256. XXX. perils des der Tim. III. N Guillaume de Saint-Amour compofa en effet cette même année, & à la priere des évêques com- Livre des me il prétendoit, un écrit qu'il intitula : Des perils niers tems. des derniers temps, faisant allusion à un paffage de p. 109. 11. S. Paul, qu'il entreprend d'expliquer, & voici comme il propofe fon deffein. Nous montrerons que dans l'église il doit y avoir quantité de grands perils: : par quelle forte d'hommes ils viendront, com- p. 19: bien ils feront propres à les amener, & comment ils s'y prendront. Quels feront ces perils: que ceux qui manqueront de les prévoir ou de se précautioner y periront: que ces perils font proches, & qu'il ne faut point differer de les examiner & les détourner. Qui font ceux qui doivent les prévoir & en avertir les fidelles, & qu'elle fera leur punition s'ils ne le font. Comment on peut détourner ces perils, & connoître les hommes dangereux qui doivent les amener. Il protefte qu'il ne parlera contre per- p. 20; fonne en particulier, ni contre aucun ordre approuvé par l'église; mais on voit dans la fuite que cette protestation n'eft pas fincere; car dans tout cet ouvrage il défigne les religieux mandians, & en particuliers les freres Prefcheurs, auffi clairement que s'il les nommoit ; & il est évident que fon but n'est que de les décrier. Voici les propofitions qui m'ont paru les plus remarquables dans cet ouvrage. Tous ceux qui prê- p. 24chent fans mission font de faux prédicateurs, quel |