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P. 25.

que favans & quelque faints qu'ils foient; quand AN. 125.6. même ils feroient des miracles. Or il n'y a dans l'église de mission légitime, que celle des évêques dict. 21. c. 2. & des curez : les évêques tiennent la place des apôtres, les prêtres des foixante & douze disciples .On dira que pour prêcher il fuffit d'avoir l'autorité du pape ou de l'évêque diocefain; mais fi le pape acCorde à quelques perfonnes le pouvoir de prêcher par tout, il faut l'entendre des lieux où ils y feront invitez, puifque les évêques mêmes ne peuvent qu'en ce cas faire aucune fonction hors de leurs diocefes. Le pape fe feroit tort à lui-même s'il troubloit les droits de fes freres les évêques, & il n'est pas vrai-semblable qu'il accorde à une multitude indefinie de perfonnes la faculté de prêcher aux peup. 26. ples, autrement ce feroit comme une infinité d'évêques univerfaux ; & puisque la subsistance est dûë à ceux qui prêchent avec autorité legitime, ce seroit impofer aux peuples une charge infupportable.

$ 47. Si les prélats veulent arrêter la prédication des faux apôtres, le moyen le plus court eft d'empêcher qu'ils ne reçoivent leur fubfiftance; car fi ce fecours leur manquoit ils ne prêcheroient pas longtemps. Or ils n'ont point droit de vivre de l'évangile comme les vrais apôtres, n'ayant point de peuple qui leur foit foûmis. Si on demande quel mal il y a de demander fon neceffaire: je répons que ceux qui veulent vivre par la mandicité, deviennent flateurs, médisans, menteurs. Et fi on dit que c'est une pratique de perfection de tout quitter pour Jefus-Chrift, & de mandier enfuite : je foûtiens

.48.49.

que

que la perfection confifte à tous quitter & fuivre Jesus-Christ en l'imitant dans la pratique des bon- AN. 1256. nes œuvres, c'est-à-dire, en travaillant, & non pas en mandiant. Celui donc qui aspire à la perfection p. 50. 51. doit après avoir tout quitté, vivre du travail de ses mains, ou entrer dans un monaftere qui lui fourniffe les neceffitez de la vie. On ne trouve nulle part que Jesus-Christ ou fes apôtres ayent mandié; & quoiqu'ils euffent droit de fe faire nourrir par les peuples qu'ils inftruisoient avec mission legitime,

ils travailloient de leurs mains pour fubfifter. Les 1. un. cod. de bix humaines mêmes condamnent les mandians Mend. valid. valides. Il eft vrai que l'église permet, ou du moins tolere depuis long-tems la mandicité en quelques reguliers; mais il ne s'enfuit pas qu'on la doive toû jours permettre, contre l'autorité de faint Paul; & fi l'église l'a accordée par erreur, elle devroit revoquer fa conceffion, après avoir reconnu la verité.

Entre les fignes des faux apôtres & des seducteurs, l'auteur marque les fuivans. Ils feignent d'a- p. 61. 62. 6ất voir plus de zele pour le falut des ames que les pafteurs ordinaires ; fe vantant d'avoir éclairé l'église, & d'en avoir banni le peché. Ils flattent les hommes par interêt, & demeurent volontiers aux cours des princes. Ils ufent d'artifice pour se faire donner des biens temporels, soit pendant la vie, foit à la mort: P. 63. ils crient contre les veritez qui les choquent, & travaillent à les fupprimer. Ils plaident pour fe faire recevoir, ne veulent rien fouffrir, fe fâchent p. 67. 69. quand on ne leur fait pas bonne chere, ou quand on veut les examiner : ils perfecutent ceux qui l'en

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AN. 1256.

treprennent & excitent contre eux les puiffances temporelles. Ils cherchent les amitiez du monde, & p. 71 font donner des benefices & des dignitez ecclefiaftiques à leurs parens, quoi qu'indignes. C'étoit à ceux qui vivoient alors de juger à qui ces fignes pouvoient convenir.

Nang. Chr. 1256.

313.

p. 806.

Ce qui eft certain, c'eft que ce livre de Guillaume de Saint-Amour ne fit qu'échauffer la querelle Duboulai. P. entre l'univerfité & les freres Prêcheurs; & pour l'apppaifer, le roi faint Louis envoya en cour de Rome deux docteurs nommez Jean & Pierre, de grande réputation & bien inftruits de ses intentions, qui porterent avec eux le livre pour le faire examiner Matth. Parif. par le pape. Ce que l'univerfité ayant appris, elle envoya auffi des deputez de fa part, favoir Guillaume de Saint-Amour, Eude de Douai, Chrétien chanoine de Beauvais, Nicolas de Bar-sur-Aube, Jean Belin, & Jean de Jecteville Anglois, recteur de l'univerfité, qui devoient poursuivre de leur côté la condamnation de l'évangile éternel. Les freres Prêcheurs envoyerent auffi des députez pour foûtenir leur caufe contre ceux de l'univerfité. Or le peuple fe moquoit d'eux, & leur refufoit les aumônes accoûtumées, les nommant hypocrites & precurfeurs de l'Ante-chrift, faux predicateurs, confeilleurs flatteurs des rois & des princes; & les accufant de mépriser les pasteurs ordinaires, de prévariquer dans l'administration de la penitence, & de favorifer la licence de pécher en parcourant des provinces qu'ils ne connoiffoient pas. Ainfi parle Matthieu Paris peu favorable aux religieux man

XXXI.

à Theod. Lafcaris.

Vading.n, 61.

Cependant le pape Alexandre envoya l'évêque d'Orviete en qualité de legat au nouvel empereur AN. 1256. Grec Theodore, pour renoüer la negociation commencée avec Jean Vatace fon pere, touchant l'u- Legation nion des églises. Or l'inftruction que le pape don- 2. ep. 325. ap. na à ce legat, contenoit premierement les articles Rain. n. 48. que Vatace avoit fait propofer au pape Innocent IV. favoir : Reconnoiffance de la primauté du saint fiege & du pape, au deffus de tous les autres patriarches, avec la préfeance dans les conciles: liberté d'appeller à l'église Romaine de la part des ecclefiaftiques Grecs, qui fe croiront vexés par leurs fuperieurs, & recours à elle pour les questions qui s'éleveront entre eux, particulierement les queftions de foi. Obéïssance au pape & foûmission à ses decrets, pourvû qu'ils ne foient contraires, ni aux maximes de l'évangile, ni aux canons des conciles. Les Grecs de leur côté demandoient la reftitution de la ville de C. P. pour l'empereur Theodore & pour les patriarches Grecs celles de leurs fieges; en forte que l'empereur Baudouin, & les patriarches Latins s'en retiraffent, excepté le patriarche d'Antioche, qui y seroit toleré fa vie durant. Le pape Innocent avoit accepté ces propofitions de l'avis des cardinaux.

Toutefois quant à la reftitution de l'empire il répondit, qu'il n'en pouvoit rien decider fans appeller l'empereur Latin; mais il offroit fa mediation pour le faire convenir amiablement avec Theodore: ou en cas qu'ils ne puffent convenir, il promettoit de rendre à Theodore bonne justice. A l'égard des patriarches il répondit, qu'ils devoient Eeee ij

AN. 1256.

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demeurer en l'état où ils étoient, jufques à ce que le concile en eût décidé. Il offroit toutefois de re

connoître dés-lors pour vrai patriarche le patriarche Grec de C. P. & de lui faire rendre son siege si-tôt que l'empereur Grec feroit devenu maître de la ville, de quelque maniere que ce fût; en forte que le patriarche Latin y demeurât auffi pour gouver ner les Latins.

Le pape Alexandre donna pouvoir à l'évêque d'Orviete fon legat, d'accepter ces propofitions des Grecs, à moins qu'il ne pût en obtenir de plus avantageuses; & s'ils vouloient traiter plus à loifir, it devoit les engager à envoyer au pape des ambaffadeurs avec plein pouvoir, tant de l'empereur que de l'églife Grecque, pour confommer l'affaire en fa presence. Enfin le legat pouvoit prendre des mesures pour la tenuë d'un concile general fur les lieux. Georg. Acrop. Il partit en effet, & arriva avec ceux de fa fuite à Berée en Macedoine, où ils fejournerent quelque tems; mais George Acropolite grand logothete,. que l'empereur Theodore avoit laiffé dans la province, en qualité de gouverneur, les renvoya vant l'ordre de ce prince, fans qu'on voïe te legation ait eu aucun effet

6. 67. p. 77.

XXXII. Condamnation

rils.

Duboulai. p. 310. 313.

fui

que cetAvant que les députez de l'université de Paris ar du livre des pe- rivaffent à Anagni où étoit le pape, les envoyés du roi faint Louis, & ceux des freres Prêcheurs, y étoient & avoient déferé au faint fiege le livre des perils des derniers tems. Le pape commit pour l'examiner quatre cardinaux, Eude de Château-Roux évêque de Tufculum, Jean Francioge prêtre du titre de faint Laurent, Hugues de faint Cher

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