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fier. Je trouve les demandes importunes, qui font AN. 1257. craindre au paffans la rencontre de nos freres comme celle des voleurs. La grandeur & la curiofité des bâtimens, qui trouble nôtre paix, incommode nos amis & nous expofe aux mauvais jugemens des hommes. La multiplication des familiarités que nôtre regle défend, qui causent des foupçons & nuisent à nôtre réputation. L'imprudence dans la diftribution des charges, que l'on donne à des freres fans les avoir affez éprouvez, foit pour la mortification du corps, foit pour l'affermiffement dans la vertu. L'avidité des fepultures & des testamens, qui attirent l'indignation du clergé particulierement des curés. Les changemens de place trop frequens, qui troublent la paix, marquent de l'inconftance & nuifent à la pauvreté. Enfin la grandeur, des dépenses; car nos freres ne veulent pas fe contenter de peu & la charité eft refroidie : ainfi nous sommes à charge à tout le monde & nous le ferons encore plus à l'avenir fi on n'y remedie promtement. C'est à quoi il exhorte les fuperieurs, & particulierement à ne pas recevoir trop de religieux, & ne confier la predication & la confession qu'aprés un grand examen. La lettre eft datée de Paris le vingt-troifiéme d'Avril 1257. trente ans aprés la mort de faint François.

Gall. chr. to.

4. p. 258. Sup. liv.

LXXXI. n.

47.

La même année Eftienne de Lexinton fut depofé de l'abbaye de Clairvaux par Gui abbé de Cîteaux, pour avoir fondé le college des Bernardins à Matth. Par. Paris fans la permiffion du chapitre general de l'ordre. Le pape Alexandre ordonna à l'abbé de Cîteaux de le retablir; mais les adverfaires d'Eftienne

P. 820,

aïant répandu beaucoup d'argent en cour de Rome firent enforte que la fentence de dépofition subsista. AN. 1257% Eftienne acquiefça & se retira à l'abbaye d'Orcamp fille de Clairvaux où il mourut.

:

fi

vêque

Matth. Par.

P. 7849

En Angleterre Vautier de Grai archevêque xv. d'Yorc mourut le premier jour de Mai 1255. aïant Seval archetenu ce fiege prés de quarante ans. Le roi Henri d'Yorc. retarda autant qu'il pût l'élection du fucceffeur, p.778. difant je n'ai jamais tenu en ma main cet archevêché, il faut faire enforte qu'il ne m'échappe pas tôt. Enfin les chanoines élurent tout d'une voix le docteur Seval doïen de la même église, homme modefte & vertueux, favant en droit & inftruit des autres fciences. Il avoit été de l'école & de la compagnie de faint Edme de Cantorberi. Le roi defaprouva l'élection, parce que Seval n'étoit pas né en legitime mariage; & ce prélat avoit cependant le déplaifir de voir diffiper les biens de fon église Mais

le

1.786.

pape leva l'irregularité par difpenfe, & Seval fut facré archevêque d'Yorc le vingt-trofiéme de Juil- p. 798

let 1256.

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Peu de tems aprés trois hommes inconnus vin- poduin. rent à l'église métropolitaine d'Yorc, & y entre- p. 45. rent fecretement pendant que tout le monde étoit à table. Ils s'informerent quel étoit le stalle du doïen puis d'eux d'entre eux dirent au troifiéme: Mon frere nous vous installons par l'autorité du pape. Le nouvel archevêque fut fenfiblement affligé de voir remplir par une telle surprise la pla ce qu'il avoit occupée ; & il caffa autant qu'il étoit en lui cette prife de poffeffion. Tous les chanoines furent indignés de voir ufurper par un étran

ger inconnu la feconde place d'une église de si granAN. 1257. de dignité, mais la crainte du pape auquel le roi

P. 813.

1.8207

P. 831.

étoit entierement dévoué les retenoit. Le nou-
veau doïen retourna à la cour de Rome d'où il
étoit venu, fit interdire l'archevêque & le fatigua
par beaucoup de dépenses & de travaux, que le
prélat fouffrit patiemment, comme étant l'afflic-
tion que saint Ēdme lui avoit prédite qui lui feroit
utile. Enfin l'année fuivante 1257. aprés bien des
conteftations, le prétendu doïen, qui étoit un Ro-
main nommé Jourdain, renonça à fon droit moïen<
nant une penfion de cent marcs d'argent fur l'égli-
fe d'Yorc, jufques à ce qu'il fût pourvû d'un meil-
leur benefice.

Toutefois la même année vers la fin de Septem-
bre, le pape choqué de la fermeté avec laquelle l'ar-
chevêque Seval refufoit de conferer les meilleurs
benefices de fon église à des Italiens indignes &
inconnus, le fit excommunier dans toute l'Angle-
terre au fon des cloches & à l'extinction des chan-
delles, pour l'intimider par une cenfure fi infa-
mante. Mais Seval la fouffrit patiemment, se conso-
lant par les exemples de faint Thomas de Cantor-
beri & de faint Edme fon maître, dont il croïoit
fuivre les traces. Auffi plus on prononçoit contre
lui de maledictions au dehors, plus le peuple lui
donnoit en fecret de benedictions.

L'année fuivante 1258. fe voïant malade à la mort, il fe foûleva joignant les mains & tournant vers le ciel fon visage baigné de larmes, il dit : Seigneur Jefus-Chrift jufte juge vous favez comme le pape m'a maltraité, pour n'avoir pas voulu admettre des perfonnes

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AN 1258.

perfonnes indignes, & qui ne favoient point l'Anglois, au gouvernement des églifes que vous m'avez confiées : toutefois de peur que fa fentence tout injufte qu'elle eft ne devint jufte par le mépris que j'en ferois, j'en demande humblement l'abfolution. Mais j'appelle le pape à votre jugement incorruptible, & je prens à témoin le ciel & la terre combien il m'a injustement perfecuté. Dans cette amertume de cœur il écrivit au pape, comme avoit fait l'évêque de Lincolne Robert Groffe-tête, le priant de moderer fa conduite tyrannique, & d'imiter l'humilité de fes faints predeceffeurs. Seval mourut vers Matth. Parif. l'Afcenfion, qui l'an 1258. fut le fecond jour de Mai, Godum. Ebor. après avoir tenu le fiege d'Yorc un an & neuf mois, p. 43. & le pape aïant receu fa lettre, n'en conçût que du mépris & de l'indignation, comme de celle de l'évêque de Lincolne. Après la mort de Seval les chanoines d'Yorc élurent pour archevêque le docteur Geofroi de Knington leur doyen, qui alla à Rome, & y fut facré par le pape Alexandre le vingt-troisiéme Septembre de la même année 1258. & tint le faint fiege cinq ans.

terbe.

p.

Le pape étoit cependant accablé de foins & d'af- XLV. faires temporelles. Au mois de Mai 1257. il fut obli- Le pape à Vir gé de quitter Rome pour fe garantir de la violence du peuple. Le fujet de la fédition fut que le fena- Matth. Parif teur, qui étoit alors un citoïen de Brefse, oppri- # 823. moit le peuple à la perfuafion des nobles, aufquels feuls il cherchoit de plaire, principalement à la famille Annibaldi, La populace donc par le confeil d'un boulanger Anglois s'étant affemblée, alla brifer la prifon ou le fenateur precedent nommé BranTome XVII.

Iiii

caleon étoit enfermé. L'en aïant tiré ils l'établirent

AN. 1258. senateur, & lui prêterent ferment de fidelité suivant
l'ancienne coûtume. Brancaleon chassa de Rome
fes ennemis, & fit pendre deux Annibaldes
parens
d'un cardinal. Le pape l'excommunia avec ses fau-
teurs; mais ils prétendoient avoir le privilege de ne
pouvoir être excommuniez; & fe moquant du
pape
ils menaçoient de le poursuivre avec fes cardinaux
jufques à leur ruine entiere. Le pape craignant quel
que
chofe de pis fe retira à Viterbe, & se propo-
ap. Rain. 1258. sa d'aller jusques à Assise. On voit par les dattes de
fes lettres qu'il étoit encore à Rome le douziéme
de Mai 1257. qu'il étoit déja à Viterbe le vingt-
neuf, & qu'il y demeura jufques au commence-
ment de Septembre 1258.

1. 6..

Matth. Parif. Ibid.

Sup. n. s.

du

Brancaleon n'épargna ni les amis ni les parens pape, au contraire il fit armer les Romains pour marcher contre Anagni, qui étoit regardée comme fa patrie, parce qu'il étoit né dans le diocese, & avoit été chanoine de la cathedrale. Les habitans p. 824. envoyerent au pape de fes parens, le prier d'avoir pitié d'eux; & il fut reduit à fupplier Brancaleon de retirer les troupes, ce qu'il obtint malgré l'animofité des Romains. Ils étoient foûtenus par Mainfroi qui aimoit Brancaleon, & fut ravi de voir le Anon. p. 852. pape humilié. Ce prince pouffoit toûjours ses conto. ix. Ughell. quêtes, & fe trouvant maître de l'isle de Sicile, de la principauté de Tarente, de la Poüille, & de la Terre de Labour, il fe fit folemnellement couronner roi à Palerme, le dimanche onzième d'Août 1258.

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Progrés d'E- En Lombardie, Ecelin avoit ramené à son parti

celin.

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