- fier. Je trouve les demandes importunes , qui font 37. craindre au passans la rencontre de nos freres comme celle des voleurs. La grandeur & la curiosité des bâtimens , qui trouble nôtre paix , incommode nos amis & nous expose aux mauvais jugemens des hommes. La multiplication des familiarités que notre regle défend, qui causent des soupçons & nuisent à nôtre réputation. L'imprudence dans la distribution des charges, que l'on donne à des freres sans les avoir assez éprouvez , soit pour la mortification du corps , soit pour l'affermissement dans la vertu. L'avidité des sepultures & des testamens , qui attirent l'indignation du clergé particulierement des curés. Les changemens de place trop frequens , qui troublent la paix , marquent de l'inconstance & nuisent à la pauvreté. Enfin la grandeur, des dépenses ; car nos freres ne veulent pas se contenter de peu & la charité est refroidie : ainsi nous sommes à charge à tout le monde & nous le serons encore plus à l'avenir si on n'y remedie promtement. C'est à quoi il exhorte les superieurs, & particulierement à ne pas recevoir trop de religieux , & ne confier la predication & la confession qu'aprés un grand examen. La lettre eft datée de Paris le vingt-troisiéme d’Avril 1257. trente ans aprés la mort de saint François. La même année Estienne de Lexinton fut depoSup. liv. sé de l'abbaye de Clairvaux par Gui abbé de Ci teaux , pour avoir fondé le college des Bernardins à Matth. Par. Paris sans la permission du chapitre general de l'or820, dre. Le pape Alexandre ordonna à l'abbé de Citeaux de le retablir ; mais les adversaires d'Estienne Gall. chr. to. 4. p. 258. LXXXI!. n. 47. Seval archevêque Matth. Par. aïant répandu beaucoup d'argent en cour de Rome En Angleterre Vautier de Grai archevêque X LIV: Peu de tems aprés trois hommes inconnus vin- Doduin. rent à l'église métropolitaine d’Yorc, & y entre- p. 453 rent secretement pendant que tout le monde étoit à table. Ils s'informerent quel étoit le stalle du doien , puis d'eux d'entre eux dirent au troisiéme : Mon frere nous vous instalons par l'autorité du pape. Le nouvel archevêque fut sensiblement affligé de voir remplir par une telle surprise la place qu'il avoit occupée ; & il cafľa autant qu'il étoit en lui cette prise de possession. Tous les chanoines furent indignés de voir usurper par un étran AN. 1257. p. 813. p.322 ger inconnu la seconde place d'une église de si grande dignité, mais la crainte du pape auquel le roi étoit entierement dévoué les retenoit. Le nouveau doïen retourna à la cour de Rome d'où il étoit venu , fit interdire l'archevêque & le fatigua par beaucoup de dépenses & de travaux, que le prélat souffrit patiemment , comme étant l'afiliction que saint Edme lui avoit prédite qui lui seroit utile. Enfin l'année suivante 1257. aprés bien des contestations, le prétendu doïen, qui étoit un Romain nommé Jourdain , renonça à son droit moïennant une pension de cent marcs d'argent sur l'église d’Yorc, jusques à ce qu'il fût pourvû d'un meilleur benefice, Toutefois la même année vers la fin de Septembre, le pape choqué de la fermeté avec laquelle l'archevêque Seval refusoit de conferer les meilleurs benefices de son église à des Italiens indignes & inconnus , le fit excommunier dans toute l'Angleterre au son des cloches & à l'extinction des chandelles, pour l'intimider par une censure si infamante. Mais Şeval la souffrit patiemment, se consolant par les exemples de saint Thomas de Cantorberi & de saint Edme son maître , dont il croioit suivre les traces. Aussi plus on prononçoit contre lui de maledictions au dehors , plus le peuple lui donnoit en secret de benedictions. L'année suivante 1258. se voiant malade à la mort, il se soûleva joignant les mains & tournant vers le ciel son visage baigné de larmes , il dit : Seigneur Jesus-Christ juste juge vous savez comme le pape m'a maltraité, pour n'avoir pas voulu admettre des personnes p. 831. personnes indignes, & qui ne savoient point l'An- Ā na AN 1258. glois, au gouvernement des églises que vous m'avez confiées : toutefois de peur que fa sentence tout injuste qu'elle est ne devint juste par le mépris que j'en ferois, j'en demande humblement l'absolution. Mais j'appelle le pape à votre jugement incorruptible, & je prens à témoin le ciel & la terre combien il m'a injustement persecuté. Dans cette amertume de cæur il écrivit au pape, comme avoit fait l'évêque de Lincolne Robert Grosse-tête, le priant de moderer sa conduite tyrannique, & d'imiter l'humilité de ses saints predecesseurs. Seval mourut vers Marth. Puris. l'Ascension, qui l'an 1258. fut le second jour de Mai, 83483% 840 après avoir tenu le siege d’Yorc un an &.neuf mois , p. 43. & le pape aïant receu sa lettre, n'en conçût que du mépris & de l'indignation, comme de celle de l'évêque de Lincolne. Après la mort de Seval les chanoines d’Yorc élurent pour archevêque le docteur Geofroi de Knington leur doyen, qui alla à Rome, & y fut sacré par le pape Alexandre le vingt-troisiéme Septembre de la même année 1258. & tint le . faint siege cinq ans.....s ti,.. .. : Le pape étoit cependant accablé de soins & d'af- xLv. faires temporelles. Au mois de Mai 1257. il fut obli- Lepape à Vit gé de quitter Rome pour se garantir de la violence du peuple. Le sujet de la sédition fut que le fena- Matth. Paris teur , qui étoit alors un citoien de Bresse, oppri- P. 823..... moit le peuple à la persuasion des nobles, ausquels seuls il cherchoit de plaire, principalement à la famille Annibaldi. La populace donc par le conseil d'un boulanger Anglois s'étant assemblée , alla briser la prison où le senateur precedent nommé Bran-, Tome XVII. cerbe. Iiii n. 6. caleon étoit enfermé. L'en aïant tiré ils l'établirent An. 12 · senateur, & lui prêterent serment de fidelité suivant l'ancienne coûtume. Brancaleon chasla de Rome ses ennemis, & fit pendre deux Annibaldes parens d'un cardinal. Le pape l’excommunia avec ses fauteurs ; mais ils prétendoient avoir le privilege de ne pouvoir être excommuniez; & se moquant du pape ils menaçoient de le poursuivre avec ses cardinaux jusques à leur ruine entiere. Le pape craignant quel que chose de pis se retira à Viterbe, & se propo8p. Rdin. 1253. sa d'aller jusques à Alise. On voit par les dattes de ses lettres qu'il étoit encore à Rome le douziéme de Mai 1287. qu'il étoit déja à Viterbe le vingtneuf, & qu'il y demeura jusques au commence ment de Septembre 1258. Si Marih. Pan Brancaleon n'épargna ni les amis ni les parens du pape , au contraire il fit armer les Romains pour marcher contre Anagni , qui étoit regardée com me fa patrie, parce qu'il étoit né dans le diocese, & Sup. n. avoit été chanoine de la cathedrale. Les habitans 8.824. envoyerent au pape de ses parens, le prier d'avoir pitié d'eux; & il fut reduit à supplier Brancaleon de retirer ses troupes , ce qu'il obtint malgré l'animosité des Romains. Ils étoient soûtenus par Main froi qui aimoit Brancaleon, & fut ravi de voir le Anon. p. 852. pape humilié. Ce prince poussoit toûjours ses con quêtes , & se trouvant maître de l'isle de Sicile, de la principauté de Tarente, de la Pouille , & de la Terre de Labour, il se fit folemnellement couronner roi à Palerme, le dimanche onziéme d'Août 1258. XLVI Progrés d'E- En Lombardie, Ecelin avoit ramené à son parti ris. Jóid. to. IX. Ughell. selin. |