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cles, dont voici la fubftance. On excommunie les AN. 1258. nobles, les bourgeois & les autres laïques qui font des conftitutions ou des confederations, pour reftraindre la jurisdiction ecclefiaftique, & empêcher que les laïques ne plaident en cour d'église, finon Sup. liv. en très-peu de cas. Cette excommunication sera LXXXII 2. 3. publiée tous les dimanches, & fi les coupables y demeurent trois mois, ils feront privés de fepulture ecclefiaftique, & leurs enfans exclus des benefices. On voit bien qu'il s'agit ici de quelque confederation faite en Guienne à l'exemple de celle des no2. bles de France en 1247. mais ce ne peut être la même, puifque la Guienne étoit encore foûmise au roi d'Angleterre. On excommunie auffi ceux qui violent les franchises des églifes, foit en y prenant ou maltraitant des hommes, foit en enlevant les biens qui y font en dépôt; & on les condamne à la reftitution du double.

G. 3.

c. 4.

Les religieux qui méprisent les fentences des évêques, & celebrent les divins offices nonobftant leurs cenfures, feront chaffez des diocefes par leurs fuperieurs, qui y feront contraints par cenfures; On admoneftera les barons & tous les feculiers, de ne point faifir ni occuper les biens dont l'églife eft en paifible poffeffion, s'ils le font après l'admonition generale, ils feront excommuniés par 7. le feul fait. Puifqu'il eft du devoir des évêques de faire executer les dernieres volontés des fidelles, nous ordonnons que ceux qui voudront fairę testament, appellent leur curé pour y être present; & les curés appelleront pour leurs teftamens deux ou trois curés ou vicaires voifins. Le prêtre qui abfout

c. 8.

c. 9.

absout un excommunié à l'article de la mort, doit AN. 1258. l'obliger à fatisfaire par lui ou par autre à sa partie, autrement le prêtre lui-même y sera tenu en fon nom. C'est que l'on excommunioit souvent, faute de payer une dette, ou pour quelque autre interêt temporel. On avertit tous les juges ecclefiaftiques de ne point favorifer diverses vexations que la chicane introduifoit dans leurs tribunaux, principalement fous pretexte de commissions du pape, à peine de fufpenfe, qui après quarante jours fera fuivie d'excommunication. Ces fortes de chicanes. avoient été condamnées en détail au concile de Lion en 1245. L'archevêque Gerard tenoit le fiege de Bourdeaux dés l'année 1227. il étoit fort Gall. Chr.p. âgé, & ne furvêcut pas long-tems au concile de Ruffec.

Sup. liv. LXXXII. n. 27. Conc. Lugd.

C. L. 2. 5. 8.

P.779.

Gall. Ch.

L'autre fut tenu à Montpellier le fixiéme de Septembre 1258. par Jacques archevêque de Narbonne, & auparavant abbé de faint Aphrodise. Il avoit fuc- To. IL. cone. cedé depuis peu à l'archevêque Guillaume de la Broue mort le vingt-fixiéme de Juillet 1257. après 384. 386. douze ans de pontificat. Ce concile fit huit articles de statuts, dont le premier declare excommuniés par le feul fait ceux qui ufurpent les biens de l'église, entreprenant fur fes droits & fes libertés, ou infultent aux perfonnes ecclefiaftiques : fur la requifition de l'évêque lezé, l'excommunication fera dénoncée dans tous les diocefes de la province, & ce c. 8. ftatut fera publié tous les dimanches dans toutes les paroiffes. Celui qui prononce quelque cenfure, qualité de commiffaire du pape ou de fubdelegué, doit montrer fa commiffion. L'évêque en donnant r. 20 Tome XVII.

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en

c. 4.

AN. 1258.

LI.

la tonfure prendra garde principalement que celui qui l'a demandé foit âgé de vingt ans, & qu'il se pre3. fente par devotion & non par fraude. Les clercs qui tiennent boutique, qui trafiquent publiquement, qui exercent des arts mecaniques, travaillent à la journée, ou ne portent point l'habit clerical, jouiront ni de l'exemption des tailles, ni des autres privileges de clericature. C'eft qu'on fe plaignoit hautement de l'abus de ces privileges, & de l'extenfion de la jurisdiction ecclefiaftique. On n'ajugera point aux Juifs en justice les ufures. On permet au fenechal de Beaucaire, d'arrêter les clercs pris en flagrant délit, pour rapt, homicide, incendie & crimes femblables, à la charge de les remettre à la cour de l'évêque. Je crois voir ici le commencement du cas privilegié.

Arlot nonce en

Angleterre.

826.

ap. Rain.

En Angleterre Arlot foûdiacre & notaire du pape, arriva à Londres la femaine fainte, c'est-à-dire, Matth. Paris vers la fin de Mars 1238. & quoiqu'il n'eût point le titre de legat, il marchoit à grand train, accompa gné de vingt chevaux. Sa commiffion dattée du 1257. n. 46. douziéme Decembre precedent, & adressée au roi d'Angleterre portoit, qu'il avoit pouvoir de donner à ce prince un délai jufques au premier jour de Juin, pour l'entreprise du roïaume de Sicile, le déchar geant pour le passé des cenfures qu'il avoit encourues, faute d'accomplir fa promesse. Après le Hocdai, c'est-à-dire, le fecond mardi d'après Pâques le roi Henri tint un parlement à Londres, où entre autres affaires importantes, on traita celle de Sicile, fur laquelle Arlot vouloit avoir une réponse préMatth. Paris. cise. Il. demandoit de plus une très-groffe fomme

Fr 927,

d'argent, à laquelle le pape s'étoit obligé pour

roi envers des marchands.

le AN. 1258

le

n. 30.

Arlot fut fuivi de prés par Manfuet de l'ordre des p. 828. freres Mineurs, envoié auffi par le pape à la follicitation du roi. Il étoit chapelain & penitencier du Vading. 1263. pape, & avoit de grands pouvoirs, jufques à commuer les vœux de toutes les perfonnes qui appartenoient au roi, & abfoudre les excommuniés, les fauffaires & les parjures, ce qui encourageoit plufieurs à mal faire, par la facilité du pardon. Comme le roi, preffé par le pape, demandoit inftamment à fon parlement de quoi s'acquitter, les seigneurs d'Angleterre lui répondirent: Nous ne pouvons nous épuifer tant de fois pour une entreprise temeraire, formée fans notre confeil. Vous deviés fuivre l'exemple du prince Richard votre frere, qui refufa le royaume de Sicile quand le pape lui offrit par le docteur Albert. Il confidera la quantité d'états differens qui feparent l'Angleterre de la Pouille, la mer, les montagnes, la diftance des lieux, la diverfité des langues; & ce qu'il craignoit le plus, les chicanes de la cour de Rome, & l'infidelité des Siciliens. Toutefois pour ne pas paroître ingrat envers le pape, il lui répondit, qu'il accepteroit fon offre, s'il lui donnoit tous les croisés pour troupes auxiliaires, à quoi Nocera habitée par des infideles ferviroit de pretexte honnête, s'il fourniffoit de plus la moitié des frais de la guerre, & lui donnoit quelques places pour lui fervir de retraite en cas de befoin. La conclusion fut que les feigneurs refuserent au roi le fecours d'argent qu'il leur demandoit; mais les prelats n'oferent parler. KKKK ij

Le parlement de Londres dura jusques au cinAN. 1258. quiéme de Mai qui étoit le dimanche aprés l'Ascenfion, & les plaintes y augmenterent contre le glois contre leur roi. Il ne tient point fes promeffes, difoit-on, & Matth. Parif. n'observe point la chartre du roi Jean, que nous avons tant de fois achetée. Il a exceffivement éle

LII. Plaintes des An

roi.

p. 830.

Addit. p. 1132

vé contre les loix du roïaume les fils du comte de la Marche fes freres uterins, il méprise ses sujets & les pille, il n'avance & n'enrichit que les étrangers. Il s'eft tellement épuifé par fes liberalités indifcretes, qu'il ne peut recouvrer ses droits ufurpés par les François, ni même repouffer les infultes des Gallois, qui font les derniers des hommes. Le roi s'humilia, convint qu'il avoit fuivi de mauvais confeils, & jura fur la châffe de faint Edouard qu'il fe corrigeroit. On remit le projet de la reformation de l'état à un autre parlement, qui se tiendroit à Oxford à la faint Barnabé, où le roi convint que l'on éliroit douze perfonnes de fa part, & douze de part des feigneurs, pour travailler à la reformation, promettant lui & Edouard son fils aîné, d'observer tout ce qu'auroient reglé les vingt-quatre commiffaires.:

la

Mais les quatre freres de la Marche, que le roi avoit mis du nombre, ne tendoient qu'à éluder la reformation ; & les feigneurs les intimiderent tellement qu'ils les obligerent à fortir du roïaume, & Matth. Parif. fe retirer en France. La ville de Londres prit le parti des feigneurs, celui du roi s'affoibliffoit de jour en jour; & le nonce Arlot voïant l'Angleterre ainfi troublée, en fortit fans bruit au mois d'Août P. 897. vers l'Affomption. Alors les feigneurs craignirent

2.833.834.

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