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AN:4233.

lades. La même fentence porte excommunication contre ceux qui par leurs mauvais confeils avoient porté le roi à introduire ou negliger ces abus; il y en a deux excommuniez nommément, & un troifiéme menacé de l'être dans le jeudi faint prochain. La fen tence eft du mois de Decembre. 123.2.

Pour faire lever cet interdit le roi de Hongrie André s'adreffa au pape, qui lui envoïa Jacques élû évêque de Palestrine en qualité de legat, & par les exhortations le roi fit une charte où il lui promit avec ferment d'obferver les articles fuivans. Nous ne donnerons plus à des Juifs ou à des Sarrafins l'intendance de notre chambre, de la monoïe, du fel, des collectes : nous ne les affocierons point aux intendans & ne ferons rien en fraude qui leur donne lieu d'opprimer les Chrétiens. Nous ne permettrons point que dans tout nôtre roïaume les Juifs ou les Sarrafins aient aucune charge publique; & nous aurons foin qu'à l'avenir ils foient diftinguez des Chrétiens par certaines marques. Nous ne permettrons point qu'ils aïent d'efclaves Chrétiens. Et nous députerons tous les ans un palatin ou un autre de nos officiers pour executer ce que deffus, à la requête de l'évêque dans le diocefe duquel feront les Juifs, les payens ou les

Mahometans.

Nous ne permettrons point que les caufes concernant les mariages ou les dots foient portées devant les juges feculiers. Nous voulons auffi que les clercs ne foient poursuivis que devant les juges ecclefiaftiques en toutes matieres, excepté les caufes des terres, fur lefquelles le pape fera confulté, & on lui fera entendre, que fi on nous ôtoit la connoiffance de ces cau

fes, l'église en fouffriroit un grand préjudice. Nous ne leverons aucune collecte fur les clercs, & ne contreviendrons en rien à leurs privivileges, & nous confulterons le pape touchant les impofitions fur nos autres fujets. Cette charte fut jurée par le roi André, par Bela fon fils aîné & fon prefomptif heritier, par Coloman roi & duc d'Efclavonie, & par tous les grands feigneurs & les grands officiers Hongrois : mais elle fut mal executée, comme on voit par les plaintes que le pape en fit l'année fuivante au roi André & à Bela fon fils.

AN.1234!

les Grecs.

1234.8.36.37

Narrat: ap Rain 1233 .s

MS.

Les quatre freres mandians envoyez par le pape suite de la new Gregoire à l'empereur Jean Vatace & au patriarche gociation aves Germain, arriverent en Natolie au commencement ap.Rainald.an, de l'année 1234. lorfque l'on comptoit encore 1233. &c. avant Pâques. Il y avoit deux freres Prefcheurs, Hugues & Pierre, & deux freres Mineurs, Aimon & Supin.57. Raoul. Ils entrerent à Nicée le dimanche après l'octave de l'Epiphanie qui étoit le quinziéme de Janvier, Integra ex code vers le foirmais avant que d'y entrer, ils rencontrerent plufieurs Grecs envoyez les uns par l'empereur, les autres par le patriarche pour les complimenter, & enfin les chanoines de la grande églife, qui vinrent au-devant d'eux loin de la ville & les y amenerent avec honneur. Les quatre nonces demandoient qu'on les menât à la grande églife pour faire leur priere mais on les mena dans celle où avoit été celebré le premier concile general l'an 325. & on leur montra Supl.xx. n. 10.les peres qui y avoient affifté peints fur les murailles. Enfuite après leur avoir fait faire un long circuit dans la ville accompagnez d'un grand clergé & fuivis d'une grande multitude de peuple : on les con

AN:1234.

duifit au logement que l'empereur leur avoit fait preparer honorablement : où ils trouverent en abondance tous les foulagemens neceffaires pour les remettre de leurs fatigues.

Le lendemain lundi le patriarche les fit appeller, & l'aïant trouvé avec fon clergé assemblé, ils le saluerent premierement de la part du pape, puis de la leur, & le remercierent de l'honneur & des graces qu'il leur avoit faites. Puis ils lui prefenterent la bulle, dont il baifa le seau, & regardant fon clergé, il dit en grec: Pétros Pâulos, pour marquer les têtes des apôtres qui y étoient reprefentées, Enfuite il demanda aux freres, s'ils étoient legats du pape, & s'ils vouloient être honorez comme tels. Ils declarerent que non, & qu'ils n'étoient que de fimples nonces ; & confiderant ce clergé fi nombreux, pour éviter toute furprise, ils ajoûterent, qu'ils n'étoient envoiez qu'au patriarche & non à un concile. Le patriarche declara qu'on devoit un grand refpect au moindre nonce du pape : & après plufieurs difcours de part & d'autre, fon clergé les reconduifit avec honneur à leur logis.

Le lendemain mardi'dix-feptiéme de Janvier l'empereur les fit appeller à fon palais, & leur donna audiance en prefence du patriarche & d'une grande partie du clergé. Après les honnêtetez convenables de part & d'autre, les nonces propoferent le fujet de leur voïage, & dirent que le patriarche avoit reçû la bulle où le tout étoit plus amplement expliqué. On leur demanda quels étoient leurs pouvoirs, ils dirent, qu'on le voïoit par la bulle, & que le pape ratifieroit tout ce qu'ils feroient de bien touchant cette affaire. Entrons donc en matiere, dirent les Grecs; & après plu

fieurs raifons propofées de part & d'autre pour favoir
qui d'eux ou des Latins commenceroit la dispute, les
nonces dirent: Nous ne fommes pas envoïez pour
difputer avec vous fur quelque article de foi, dont
l'églife Romaine foit en doute: mais
pour conferer
amiablement fur les points dont vous doutez. C'est
donc à vous à les propofer. Les Grecs répondirent:
Dites vous-mêmes quels ils font. Les nonces voïant
qu'ils ne cherchoient qu'à gagner du tems, répondi-
rent: Quoi que ce ne foit pas à nous à propofer vos
questions, toutefois pour ne pas perdre inutilement
le tems, voici ce que l'églife Romaine admire le plus.
Puifqu'il eft certain que l'église Grecque lui a été
autrefois foûmife, comme toutes les autres nations
Chrétiennes : quelle raison a-t-elle euë de se souftrai-
re à fon obéïffance? Les Grecs ne voulurent point
répondre à cette question: mais ils prierent les non-
ces de leur dire la caufe de la féparation. Les nonces
voïant leurs chicanes, & fachant qu'ils aimoient les
comparaifons, leur propoferent cet exemple : Voilà
un creancier & un débiteur: celui-ci nie la dette; le-
quel des deux doit rendre raifon à l'autre de ce que la
dette n'eft pas païée ? Les Grecs confondus par cet-
te comparaifon, répondirent après en avoir déliberé:
Nous difons qu'il y a deux caufes de la féparation:
l'une, la Proceffion du faint Esprit : l'autre, le facre-
ment de l'autel. Les nonces repondirent: S'il n'y a
point d'autres causes, pourquoi vous êtes-vous fouf-
traits à l'obéïffance de l'églife Romaine? voïons fi ce
font des raifons fuffifantes. Puis ils ajouterent: Cette
matiere eft difficile, & nous ne pourrons la traiter
dignement fans le fecours de Dieu. C'est pourquoi

Tome XVII.

I

AN. 1234

AN.1234.

18.Janv.

XXX.
Conference à

Nicée.
19. Jan.

demain nous vaquerons à la priere, & nous celebrerons la messe invocant le faint Efprit, afin qu'il nous découvre la verité de fa Proceffion. Mais comme nous n'avons point d'oratoire, nous prions le feigneur patriarche de nous en affigner un.

Il leur donna une église affez commode près de leur logis; & le lendemain mercredi, comme ils faifoient le fervice, plufieurs Latins, François, Anglois & d'autres nations vinrent l'entendre. Après l'office un Latin vint les trouver en pleurant, & difant que fon papas Grec l'avoit frapé de cenfure, parce qu'il avoit affifté à leur meffe. Les nonces en furent affligez, & aïant tenu conseil, ils envoïerent d'eux d'entre-eux au patriarche, pour fe plaindre de cette injure faite à Dieu & à toute fon églife. Le patriarche vouloit diffimuler la chose: mais voyant que les nonces en "étoient extrêmement offenfez, il leur envoïa ce papas avec fes confreres, qui le dépoüillerent de ses habits facerdotaux, & le ramenerent ainfi par la ville jufques à la maifon du patriarche. Et comme les autres. papas protesterent que celui-ci ne l'avoit fait que par Limplicité & non par malice : les nonces ne voulant pas paroître impitoyables dans le commencement de leur negociation, prierent le patriarche même de luż pardonner..

Par cette raifon étant venus le jeudi au palais de l'empereur pour la conference, ils vouloient commencer par la queftion du S. Sacrement de l'autel, pour favoir ce que les Grecs croyoient de celui que confacrent les Latins: mais ils infifterent opiniâtrement à commencer par la Proceffion du S. Elprit. On entra donc ainfi en conference. Les Grecs demande

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