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qu'Aimar de la Marche un des quatre freres élû AN. 1258. évêque de Vincheftre n'allât en cour de Rome,

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& ne fe fît facrer à force d'argent. C'eft pourquoi p.838. Add.
ils envoïerent au pape quatre chevaliers, chargés 1134
d'une lettre, où ils fe plaignent principalement de
ce prélat & de fes freres comme des principaux au-
teurs des troubles d'Angleterre ; & prient le pape
de lui ôter l'administration de l'église de Vinchef-
tre qu'il lui a donnée; mais de le faire fans fcan-
dale par la plenitude de fa puiffance, fe rappor
tant du furplus à ce que diront leurs envoïés. Le roi H. Knigrór.
envoya auffi en cour de Rome, & obtint du pape
l'abfolution du ferment qu'il avoit fait au parle-
ment d'Oxford-, après quoi il ne s'y crut plus obli
gé.

p. 2446.

Add. p. 113.

Cependant le pape fit réponse aux feigneurs Matth. Parif. d'Angleterre par une lettre pleine de complimens, où il se plaint que leur roi n'a point executé le traité fait avec le faint fiege pour la Sicile, en forte qu'il lui feroit libre de difpofer de ce roïaume en faveur d'un autre prince; ainfi il refuse d'envoyer un nonce pour cette affaire, comme on l'avoit demandé. On le demandoit auffi pour deux autres fins, la publication de la paix avec la France, & la reformation du roiaume d'Angleterre. Sur quoi le pape répond que voulant être plus particulierement informé de l'état de ce roïaume, & aïant alors peu de cardinaux, il differe d'envoïer un nonce vû même que la paix pourroit être publiée avant qu'il

arrivât.

Enfin quant à l'évêque de Vincheftre, le pape dit, que ne s'étant point trouvé prés du faint fiege, Kkkk iij

1

AN. 1258.

ap. Vading. 1258. n. 7.

de défenfeur legitime de sa part, on n'a pas pû proceder juridiquement contre lui. Ce qui montre que ce prélat n'étoit pas encore en cour de Rome, mais il y vint bien-tôt après.

Y étant arrivé, il reprefenta au pape & aux cardinaux, que ne pouvant demeurer fans peril en Angleterre, depuis les troubles qui y étoient furvenus, il avoit été obligé d'en fortir, & de s'absenter de fon église à fon grand regret ce qui lui faifoit craindre d'être troublé dans l'administration qu'il en avoit comme évêque élû, tant au fpirituel qu'au temporel, & d'être privé par violence de fes droits & de fes revenus. Le pape touché de fes plaintes, écrivit en fa faveur au roi & aux feigneurs d'Angleterre, & chargea de fes lettres Valasque de l'ordre des freres Mineurs fon penitencier & fon chapelain, avec ordre d'employer les exhortations les plus efficaces, pour obliger le roi & les feigneurs à recevoir l'évêque de Vincheftre, comme élû caSup noniquement, & approuvé par le faint fiege. A quoi le pape ajoûte: Et quant à nos conftitutions pour fe faire facrer dans certain tems, nous l'en avons difpensé, & lui même s'eft offert devant nous pour recevoir la prêtrife en tems convenable, & enfuite la confecration épifcopale. C'est pourquoi nous voulons & ordonnons que vous lui faffiez rendre entierement fes revenus & tous fes biens, meubles & immeubles ufurpés depuis le commencement des troubles, emploïant pour cet effet les cenfures ecclesiastiques, nonobftant tout privilege quel qu'il foit. La commiffion eft du vingt-huitiéme de Janvier

· Frere Valasque étant arrivé en Angleterre expo- AN. 1258. fa fa charge devant le roi & les feigneurs assemblés; Matth. Vefmais tous lui dirent unanimement comment les cho- munft. p. 369. fes s'étoient passées, & lui firent voir que l'évêque avoit furpris le pape, en lui déguifant la verité. Ils fe porterent appellans de la commission, & envoïerent au pape de nouveau, pour le mieux informer de l'affaire. Ainfi frere Valafque fut obligé de fe retirer, & l'évêque de Vinchestre se trouva plus éloigné de fes prétentions. Enfuite on s'informa comment frere Valasque étoit entré en Angleterre, & on trouva que c'étoit par la permiffion du roi fans celle des feigneurs; c'eft pourquoi le garde du port de Douvres, qui l'avoit laillé entrer, fut deftitué de fa charge.

LIII:

Louis pour la

P. 176.

obferv. p. 369,

La paix entre la France & l'Angleterre fut conclue à Paris le vingt-huitiéme de Mai, qui étoit le Amour de S. mardi après la quinzaine de la Pentecôte lan 1258. paix. Par ce traité le roi Henri renonça à fes prétentions Du Tillet. An. fur la Normandie, l'Anjou, le Maine, le Poitou & Joinv. p. 14. la Touraine; & faint Louis lui laiffa tout le duché 119. d'Aquitaine, compris les droits qu'il avoit dans les trois évêchés de Limoges, de Cahors & de Perigueux, à condition de lui en faire hommage. Le confeil de faint Louis s'opposoit fortement au traité, & lui difoit: Sire, nous fommes très-étonnés que vous vouliés laisser au roi d'Angleterre une fi grande partie de votre royaume, que vous & vos predeceffeurs avés acquise fur lui par fa faute, & dont il ne vous Laura point de gré. Le faint roi répondit: Je sai bien que le roi d'Angleterre & fon predeceffeur ont juftement perdu les terres que je tiens, & que je ne

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t.36.

fuis point obligé à cette restitution. Je ne la fais que pour le bien de la paix, & pour nourrir l'amitié & l'union entre nous & nos enfans qui font cousins germains: enfin je rendrai ce prince mon vassal, & il me fera hommage, ce qu'il n'a point encore fait. C'est ainsi qu'en parle le fire de Joinville, mieux inftruit de ces affaires que le moine de faint Denis, qui dit que le roi fentoit du remors de conscience pour la Normandie, & les autres terres que PhilipRe Augufte avoit ôtées au roi Jean par le jugement des pairs.

:

Ce n'eft pas que faint Louis n'eût la conscience tres-delicate fur l'article du bien d'autrui. Il recherchoit foigneufement ce qui pouvoit avoir été ufurpé par fes predeceffeurs, & avoit établi pour cet effet. Lachefe. to. 2. des commiffaires dans les provinces comme en Languedoc l'archidiacre d'Aix avec trois religieux, & le fenechal de Nîmes étoit chargé de païer. Vers Orleans & Bourges, c'étoit Geofroi de Bussi archidiacre d'Orleans: la plûpart étoient des chanoines, pour lesquels le roi avoit obtenu du pape Alexandre qu'en vacant à cette bonne œuvre, ils feroient ap. Rain. n. 16: censés refidens. Il fe trouvoit quelquefois qu'après avoir verifié qu'un bien étoit mal acquis, on ne pouvoit trouver les perfonnes à qui la reftitution devoit être faite, quelque recherche qu'on en fit. Sur quoi le faint roi confulta le pape qui lui répondit par une bulle du onzième d'Avril 1258. ou après lui avoir donné de grandes louanges, il lui permet de fuppléer à ces reftitutions par des aumônes, par lefquelles il déclare que fa confcience en fera déchargée, ajoûtant, que s'il vient enfuite à décou

vrir les perfonnes à qui la reftitution devoit être faiAN. 1258. te, il fera encore obligé à la faire..

App. n. 519.

Catel. Lang.

Il y avoit auffi d'anciennes conteftations entre la France & l'Arragon que faint Louis termina cette même année. La Catalogne étoit originairement un fief de la couronne de France, & les rois d'Arragon avoient acquis des droits fur plufieurs terres au-deça des Pyrenées. Pour finir ces contestations, les deux rois convinrent d'arbitres : Saint Louis prit Hebert doyen de Baïeux; Jacques roi d'Arragon prit Guil- Marca Hifp. laume de Montegrin facriftain de Gironne, par compromis du mois de Mai 1255. Le traité fut conclu trois ans après, & passé à Barcelonne le feizié- n. 523. me de Juillet 1258. par lequel le roi Louis cede au Liv. 1. p. 29. roi Jacques tous fes droits & fes prétentions fur les comtés de Barcelonne, d'Urgel, de Roussillon, & les autres terres au-delà des monts qui y font fpecifiées; & le roi Jacques cede au roi Louis fes droits & fes prétentions fur plufieurs villes & terres de deça les monts, favoir Carcaffonne, Beziers, Agde, Albi, Rodés, Cahors, Narbonne, Millau, Nismes, Toulouse & d'autres moins confiderables. En ge- Joinu. p. 1 neral faint Louis fut l'homme du monde qui fe don-na le plus de peine pour procurer la paix, particulierement entre fes fujets & les grands feigneurs de fon royaume ; les étrangers même le prenoient pour arbitre, tant fa fageffe & fa juftice étoient univerfellement reconnuës.

LIV.

Cette année 1258. eft memorable chez les Mu- Prife de Bagdad fulmans par un des plus grands évenemens de leur par les Tartares. hiftoire la prife de Bagdad par les Tartares, & l'ex- Aboul-farage. tinction des Califes. Houlacou frere de Mangou- Haito. c. 24v Tome XVII.

LIII

p. 337.

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