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can & petit-fils de Ginguis paffa en Perfe l'an 651. AN. 1258. de l'Hegire 1253. de Jesus-Christ, avec une armée Bibl. Orient. que fon frere lui donna, composée de l'élite des 7.5.5. Mogols. L'an 654. il extermina les Molhedites, qui

P. 453.

étoient les Assassins, & dépoüilla de toutes ses pla

ces leur dernier prince nommé Roucneddin Gourfcha. Houlacou avoit demandé du fecours contre 2.628. les Molhedites au calife Moftazen qui le lui avoit refusé; c'eft pourquoi après leur défaite il marcha vers Bagdad. Mostazembilla étoit le trente-septiéme calife de la famille d'Abas, il regnoit depuis l'an 640 & étoit re connu de tous les Musulmans pour chef de leur religion. C'étoit un prince voluptueux & toutefois avare, livré à fon Vizir qui le trahiffoit. Houlacou lui aïant écrit des reproches du fecours qu'il lui avoit refusé contre les ennemis communs, le calife lui fit une réponse tres-injurieuse, le menaçant de la colere de Dieu & de la fienne, pour avoir osé mettre le pied fur fes terres. Houlacou qui connoiffoit fes forces & la foiblesse du calife, indigné de cette réponse, s'approcha de Bagdad, & fe trouva aux portes lors qu'on y penfoit le moins. 629. Il l'affiegea deux mois, pendant lefquels les habitans vivoient à leur ordinaire comme en pleine paix ; & le calife ne fongeoit qu'à fes plaifirs. Enfin la ville fut prise au mois Safar l'an 656. 1258. & mise à feu & à fang par les Tartares, qui la pillerent pendant fept jours, car on y avoit amaffé depuis plufieurs fiècles des richeffes immenfes. Le calife Mostazem étant pris, fut empaqueté dans un feûtre lié fort étroitement, & traîné par toutes les rues de la ville. Il expira bien-tôt dans ce supplice; &

AN. 1258.

Sup. liv.

XXXVIII. n. 5.

telle fut la fin du dernier calife des Mufulmans. Ils avoient commencé en la personne d'Aboubecre l'an onzième de l'Hegire de Jesus-Christ 631. & cette dignité étoit demeurée dans la famille des Abbafides liv. pendant 509. Depuis ce tems les Musulmans n'ont point eu de chef legitime de leur religion, puisque c'eft un des points fondamentaux de leur créance, qu'il doit être de la famille du prophete.

111. n. 6.

Houlacou foûmit enfuite Mofoul & toute la Mefo- Bibl. Or. p.754, Abulfar. p. potamie, puis il paffa l'Eufrate & entra en Syrie, 444.345.8. prit & défola Damas & Alep. C'étoit l'an 6 5 7. 1258. Alors Mangou-can étant mort, Houlacou lui fucceda, & fut le cinquiéme grand can des Mogols. Les Chrétiens auroient pû profiter de cette décadence des Musulmans en Orient s'ils ne fe fuffent ruinez eux-mêmes par leurs divifions; mais outre la guerre des Venitiens avec les Genois, il y eut alors une furieuse querelle à Acre entre les Hospitaliers & les Templiers. Ils fe battirent avec tant d'animofité que les Templiers furent entierement défaits, enforte qu'à peine en resta-t'il un seul mais auffi la plupart des Hôpitaliers y perirent. On n'avoit jamais vû un tel maffacre entre des Chrétiens, encore moins entre des religieux. La nouvelle en étant venuë deça la mer, les Templiers s'affemblerent promptement & par déliberation commune ils manderent par toutes leurs maisons, qu'après y avoir laiffé ceux qui étoient neceffaires pour les garder, tous les chevaliers se rendiffent promptement à Acre, tant pour rétablir leurs maifons ruinées dans le païs, que pour tirer vengeance des Hôpitaliers.

LIII ij

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AN. 1259.

LV.

Tartares au roi

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R. 23.9.

La crainte des Tartares qui avoient déja ravagé la Hongrie engagea le roi Bela IV. à écouter des Propofitions des propofitions d'alliance qu'ils lui firent, & fur lef de Hongrie. quelles il envoya au pape Alexandre un docteur ap. Rain. n. 35. nommé Paul avec une lettre où il difoit : Quand la Hongrie fut attaquée par les Tartares, j'envoiai l'éSup. liv. LXXXI.2.47. vêque de Vacia à prefent évêque de Palestrine au pape Gregoire IX. pour lui demander du secours fans qu'il daignât m'envoyer feulement un mot de Ughell to confolation. Cet évêque étoit Eftienne, qui de Vacia fut transferé à l'archevêché de Strigonie; & le pape Innocent IV. le fit cardinal évêque de Palef trine en 1251. La lettre continuë: Après la mort de Gregoire pendant la vacance du faint fiege, les cardinaux m'écrivirent, que quand il y auroit un pape il prendroit foin d'éloigner de mon royaume ces fâcheux ennemis; mais cette efperance a été fans effet, & après l'élection du nouveau pape, je fuis demeuré méprifé & abandonné. Mes forces n'étant donc pas affez grandes pour refifter aux Tartares fi le fecours du faint fiege me manque encore à prefent, je ferai contraint à mon grand regret d'accepter la paix & l'alliance qu'ils m'ont offerte plufieurs fois. Ils me donnent le choix d'un mariage ou de mon fils avec la fille de leur prince, ou de fon fils avec ma fille; mais à condition expreffe que mon fils avec la quatrième partie de mes troupes marchera à la tête des Tartares contre les Chrétiens, & qu'il au ra la cinquième partie du butin & des conquêtes. De plus je ferai exempt de leur payer tribut : ils n'entreront point fur mes terres, & s'ils m'envoyent des ambassadeurs, leur fuite n'excedera pas cent perfon

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par

nes. Le roi de Hongrie fe plaignoit encore que le pape chargeoit les églises de fon roïaume les provifions de benefices qu'il donnoit à des étrangers, & le prioit de n'en plus user ainsi à l'avenir.

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AN 1259.

Le pape lui répondit par une lettre du quatorziéme d'Octobre 1259. où il dit : Tout le monde fait dans quel embarras d'affaires étoit l'église quand vous demandâtes du fecours à Gregoire IX. & quelle perfecution lui faifoit l'empereur Frideric. Elle fut obligée à contracter de fi grandes dettes qu'elle n'a pû encore s'en acquitter; enforte qu'elle avoit plus befoin du fecours des autres, qu'elle n'étoit en état de leur en donner. Quand fon fucceffeur fut en place, l'orage qui avoit désolé votre roïaume étoit passé, les Tartares s'étoient retirés, ainfi il n'étoit plus besoin d'accomplir la promeffe des cardinaux. A l'égard des propofitions que vous font à prefent les Tartares, quand vous n'auriez aucun fecours à efperer du ciel ni de la terre, quand il s'agiroit de la perte de tout le royaume du monde & de votre propre vie, elles devroient vous faire horreur. Il y a des remedes fi honteux qu'un homme courageux doit plûtôt choifir la mort. A Dieu ne plaife qu'aucun interêt temporel vous engage à vous separer du corps des fideles, & vous allier avec les infideles, pour devenir l'ennemi des Chrétiens, après en avoir été le defenfeur, & ou-vrir le paffage aux barbares pour les attaquer. Quand même vous auriez attiré fur vous ce reproche éternel, ce feroit plûtôt la perte que le falut de votre roïaume. Vous pouvez avoir appris que Tartares ont féduit plufieurs nations par les appas

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les

AN. 1259.

trompeurs de pareils traités. Vous flattez-vous du privilege de leur faire mieux garder leurs promeffes? On ne peut s'affurer de la foi des infideles, ils ne reconnoissent point d'autorité dans nos fermens, & un Chrétien ne peut fe fier aux leurs.

Le lien du mariage ne peut engager non plus un Chrétien avec une infidele, parce qu'entre les infideles mêmes le mariage, quoique vrai, n'est ni ferme, ni indissoluble par le manque de foi. Donc fi vous donniez, ce qu'à Dieu ne plaise, votre fils ou votre fille aux Tartares, cette conjonction illicite n'apporteroit aucune fermeté à votre paix, & ne feroit qu'un infame concubinage. Il l'exhorte enfuite à recourir à Dieu & à reconnoître que ces incurfions des infideles font la punition des crimes des Chrétiens, particulierement de l'ufurpation des biens de l'église & des entreprises fur fa liberté. Il le prie enfuite de ne pas trouver mauvais s'il ne lui envoye pas les mille arbaletriers qu'il demandoit, puisqu'il tirera un plus grand fecours de la cinquième partie des revenus ecclefiaftiques de Hongrie, qu'il lui accorde, & dont toutefois il exempte les Templiers avec les autres religieux militaires & les moines de Cifteaux. Enfin fur les provisions de benefices à des étrangers, il s'excuse foiblement, disant, qu'à peine y a-t'il un autre roïaume à qui cette plainte convienne moins qu'à la Hongrie, & que l'on ne peut fi bien faire que les hommes malins ne trouvent matiere à quelque reproche,

Ce que le pape dit ici, qu'on ne peut s'affurer de la foi des infideles, ne doit pas être pris trop à la rigueur. Il ne Il ne faut pas confondre la foi divine, & fur

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