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en theologie, & liront dans la grande bible, favoir AN. 1259. le livre de vie où tout eft écrit. Nous ferons tous examinez avant que d'être licentiés en Paradis, & on ne fera grace à perfonne au jour du jugement. Nous favons fur quel livre nous ferons examinés c'eft fur le livre de la confcience: comme donc un clerc feroit infenfé, fi après que le chancelier lui auroit dit: Vous ferez examiné fur ce livre seul, il le laiffoit pour en étudier d'autres : ainfi c'eft une extrême folie de laiffer le livre de la confcience pour en étudier d'autres avec foin, ou d'en étudier d'autres plus foigneufement que celui fur lequel on> doit être rigoureusement examiné.

Duboulai. p. 238. Bibl. PP. 1016.

8.1029.

Tout le reste de l'ouvrage est du même stile & fondé fur la même comparaifon, & l'on y peut voir qu'elle étoit alors la maniere dont le chancelier examinoit ceux qui devoient être licenciés. Le traité de la confeffion contient un examen de conscience par mamere de dialogue entre le confesseur & le penitent, & l'auteur y defcend dans un grand détail. Le chemin du paradis eft divifé en trois journées, la contrition, la confeffion & la fatisfaction. Hy.eft dit que le penitent doit être refolu à quitter le peché principalement pour l'amour de Dieu, quand il n'y auroit ni enfer ni paradis ; & ensuite que pour chaque peché mortel on eft obligé à sept ans de penitence, & que fi on ne l'accomplit en cette vie on l'achevera en purgatoire, où l'on voit que les anciennes penitences n'étoient pas encore oubliées. L'auteur n'emploïe ni raifonnemens fubtils ni lieux communs, mais des preuves fenfibles. & des exemples familiers.

anciens des

p. 360.

L'eftime de l'école de Paris y attira les Chartreux, AN. 1259. comme on voit par le titre de leur fondation, où LIV. le roi faint Louis parle ainfi : Les freres de l'ordre Statuts des Chartreux font venus en nôtre préfence, & Chartreux. nous ont humblement fupplié de leur accorder nô- Duboulai. tre maison deVauvert près nôtre ville de Paris, dans laquelle coulent abondamment les eaux de la doctrine falutaire qui arrofent toute l'églife. Sur quoi le roi leur donne en aumône le château avec quelques autres biens, & l'acte eft datté de Melun au mois de Mai 1259.

Dubois.

p. 435.

Discipl. ord.

Car. p. 112.

128.d

p. 1297

La même année les Chartreux tinrent leur cha-: pitre general où Dom Riffer treiziéme prieur de Chartreufe fit autorifer les ftatuts de l'ordre qu'il avoit compilés, corrigés & augmentés, & c'est ce qu'ils appellent les ftatuts antiques. On y lit entreautres : Quoiqu'on ait changé quelque chofe quant à la pratique dans les coûtumes de Dom Guigues, toutefois le chapitre ordonne, qu'on les ait entieres dans chaque maifon fans aucun changement, afin que nous voyons combien nous fommes déchûs de la vie de nos anciens peres. L'origine des p. 131 chapitres generaux y eft marquée fous Dom Bafile, qui fut le huitiéme prieur de Chartreufe, & mourut l'an 1173. Les prieurs de toutes les autres maifons qui nétoient encore que quatorze, le prierent de trouver bon que pour affermir l'obférvance, ils s'affemblaffent en chapitre commun dans cette premiere maifon, ce qu'il leur accorda..

Voici comme parlent les ftatuts de Dom Riffer au chapitre de la reprehenfion : Nous avons fujet de craindre le jugement de Dieu, nous qui contre Mmmm iij

p. 133.

AN. 1259.

2.134.

la défense avons transferé les bornes que nos peres nous avoient prescrites pour vivre regulierement : fi quelqu'un en doute, qu'il life & relife les ftatuts de Dom Guigues, & il verra combien nôtre presente maniere de vie eft differente de celle de nos peres. La caufe de ce mal femble être en quelques prieurs, qui negligent de corriger ceux qui leur font foûmis, ou qui par trop d'indulgence à se donner à eux & aux leur les commoditez corporelles tombent dans le relâchement. Quelques-uns encore trouvent penible de demeurer avec leurs freres & fe plaisent à fortir & à fe promener : ils fe chargent des affaires d'autrui & abandonnent leur troupeau. Ils devroient confiderer que le prieur de Chartreuse ne fort jamais des bornes de fon defert, que fes promenades au dehors font tres-odieuses aux vrais hermites, & que c'eft principalement ce qui nous rend méprifables aux gens du monde.

Le chapitre general a fouvent fait des reprimendes & des reglemens touchant la curiofité & la dépense dans les habits & les montures; mais il n'y a point eu, ou tres-peu d'amandement ; au contraire plufieurs fe roidiffent contre la défense & méprifent l'efprit de nôtre inftitut, qui nous oblige plus que tous les autres moines à l'humilité, l'abjection, la pauvreté, la groffiereté dans nos habits, & tout ce qui est à nôtre usage. Ils ont oublié la sainte rufticité de nôtre ordre, & fe favent bon gré d'introduire ces délicateffes contraires à la fobrieté & à la frugalité, qui énervent la rigueur de la vie éremitique. Ces fuperfluités font caufe que l'étenduë de nos déferts ne pouvant plus fuffire à la depense,

par

AN. 1259.

plufieurs fe portent à des démarches illicites : à courir par le monde pour acquerir des biens, étendre leurs bornes, & avoir des revenus au de-là toutes fortes de dispenses. Le chapitre ordonne de Sup. liv. dénoncer ceux qui feront coupables de ces défordres. L'intervalle entre les ftatuts de Dom Guigues & ceux de Dom Riffer eft environ de cent

trente ans.

La Lombardie fut enfin délivrée cette année du tyran Ecelin. Aïant voulu furprendre Milan & l'aïant manqué, il fut attaqué par les Cremonois & les Mantoüans, conduits par le marquis Hubert Palavicin. Ecelin fut bleffé à un pied dans le combat & pris le famedi vingt-feptiéme de Septembre jour de faint Cofme l'an 1259. Les Cremonois le menerent à Succino, où il mourut peu de jours aprés âgé d'environ foixante & dix ans. Comme il avoit vêcua fans penfer à Dieu il refusa les facremens avec horreur; aussi avoit-il été fans religion, dépouillant les églises, faisant mourir cruellement les ecclefiaftiques & les religieux, & diftribuant les benefices à qui il lui plaifoit, comme s'il eût été pape. C'é- toit l'ennemi du genre humain, & il fit perir en diverses manieres plus de cinquante mille hommes.. Il croïoit aux aftrologues & en avoit plusieurs à sa fuite, entre-autres un chanoine de Padouë & un certain Paul Sarrafin venu de Bagdad portant une grande barbe: les Italiens croïoient voir en lui un autre Balaam...

LXVII. n. 58

L X. Mort du

tyran Ecelin.

Mon. Pad. p. 606.607.

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Sup. n 4.

Philippe Fontaine archevêque de Ravenne & le p.610. gat du S. fiege étoit toûjours prifonnier à Bresse où Ecelin l'avoit mis. Le pape Alexandre aïant appris

AN. 1259.

Anon. ap.

2.853.

la mort du tyran, écrivit au marquis Palavicin & aux Breffans de délivrer ce prélat, mais ils le refuferent; car le marquis pour être ennemi d'Ecelin n'étoit pas plus ami du pape. Toutefois l'archevêUghell to. 9. que trouva moïen de fe fauver par une fenêtre du palais où il étoit gardé & s'enfuit à Mantouë. Le marquis Palavicin avoit été dévoué à l'empereur Frideric, lui avoit rendu plufieurs fervices & en avoit reçû plufieurs graces; c'eft pourquoi il demeura toûjours attaché à fa famille, & dans la confederation contre Ecelin qu'il fit avec le marquis d'Efte, les Cremonois, les Mantoüans & les Milanois, il étoit porté expreffement qu'ils reconnoiffoient Mainfroi pour roi legitime de Sicile & pour leur ami, & qu'ils emploïeroient leurs offices pour Matth. Par. le reconcilier avec le pape. Aussi Mainfroi declarat-il Palaviçin capitaine de fes troupes en Lombardie

ap. Rain.

n. S.

Anon. p. 854.

contin. p. 848.

Nang. p. 447.
Rain. n. 7.

Le pape qui avoit excommunié Mainfroi cette même année comme ufurpateur du roïaume de Sicile, fut irrité de cette union des Lombards avec lui, Rain n. 7. & en écrivit ainfi à Henri de Sufe archevêque d'Embrun fon legat: Vous declarerés nulle l'absolution qu'un certain religieux a donnée à Palavicin & aux Cremonois, attendu qu'il n'en avoit aucun pouvoir, qu'il n'a point gardé la forme de l'églife, & que fuivant vôtre ordonnance c'étoit aux freres Mineurs ou aux Prêcheurs à donner cette abfolution. Que fi Palavicin & les autres veulent revenir à l'obéïffance de l'églife, ils doivent renoncer à la confederation qu'ils ont faite avec Mainfroi jadis prince de Tarente, ou avec les autres ennemis de Dieu & de l'églife, & fatisfaire fur tous les chefs pour lefquels ils ont été

ex

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