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19. Janu

rent fi les nonces vouloient objecter ou répondre. Les AN. 1234nonces dirent : C'est à vous de proposer vos difficul tez sur cet article, & à nous d'y fatisfaire. Le patriarche dit : Vous les entendrez. Alors le cartophylax, qui étoit comme le treforier de l'églife patriarcale,s'éleva au milieu de l'affemblée & par l'ordre du patriarche & de l'empereur il dit : Croïez-vous qu'il y a un Dieu en trois perfonnes ? Les nonces répondirent: Nous le croïons. Croïez-vous le Pere non engendré, le Fils feul engendré, le S. Efprit procedant du Pere: Nous le croïons comme vous le dites. Alors le carto phylax avec une grande fimplicité levant les mains au ciel commença à benir Dieu à haute voix, & aïant repeté les mêmes paroles une feconde & une troifiéme fois, voïant que les nonces y faifoient la même réponse, il ajoûta : Nous ne trouvons ici aucune difpute entre vous & nous : Dieu foit beni de tout. Les nonces dirent : Vous ne trouverez point de differend sur cet article entre l'églife Romaine & la Grecque, nous ne croïons pas que vous en trouviez non plus fur le Sacrement de l'autel ; & il n'y a point eu d'autres caufes du fchifme: C'eft donc fans fujet qu'elle s'eft fouftraite à l'obéïffance de l'églife Romaine.

Enfuite l'empereur aïant confulté les favans, dit aux nonces: Nous avons ouï que vous dites comme nous : mais le Seigneur patriarche demande fi vous ne dites rien de plus. Car nous avons oui dire que vous avez ajoûte quelque chofe au fymbole compofé dans le concile par les peres : qui ont défendu fous peine d'anathême d'y ajoûter, ou d'y changer même une fyllabe. Les nonces demanderent que le patriarche leur montrât le symbole écrit. Le patriarche dit :

AN. 1234.

zo. Jánu.

Jar. 3. c.34 to.3.

Je vous prie de m'excufer pour aujourd'hui : je fuis fatigué & malade: demain, s'il plaît à Dieu, je me porterai mieux, & je vous montrerai ce que j'ai promis. Ils fe féparent ainfi.

Levendredi vingtiéme Janvier après avoir celebré la meffe & le refte de l'office, les nonces vinrent à Sup.liv.xxvI.. conference, & commencerent par prier le patriarche 21. Conc. Eph. d'acquiter fa promeffe. Il ordonna à un de fes favans com.¡.1197.A. de lire la lettre de S. Cyrille à Jean d'Antioche après leur reconciliation, qui commence : Que les cieux fe réjoüiffent. On y lut ces paroles: Nous parlerons de l'incarnation du Fils de Dieu fans rien ajoûter du tout à l'expofition de foi faite à Nicée. Il eft dit ici, dit le lecteur, qu'il ne faut rien ajoûter à la foi de Nicée : pourquoi donc y avez-vous ajoûté ? Les nonces répondirent: S. Cyrille ne dit pas ici que perfonne ne doit ajoûter mais qu'il n'ajoûtera rien. Ainfi le patriarche ne s'eft pas acquitté de fa promeffe. Les Grecs voulant prouver ce qu'ils avoient avancé, lurent dans la fuite de la lettre : Nous ne permettons à perfonne d'ébranler en aucune maniere le symbole de Nicée, ni d'y changer une parole. Les nonces répondirent : Nous ne changeons rien au fymbole & ne disons rien de contraire; mais S. Cyrille ne défend pas d'y ajoûter. Les Grecs leur demanderent: Avezvous ajoûté quelque chofe à ce fymbole ? Les nonces répondirent: Qu'on le life & vous le saurez. On lut le fymbole de CP. & les nonces voulant tirer de la bouche des Grecs la raifon de nôtre addition, diSw;. liv. xv. rent : Le fymbole de Nicée avoit été fait devant; & vous dites qu'il n'y faut rien ajoûter, & que S. Cyrille a défendu d'y rien changer : nous voulons donc

Ibid.p. IV.A.

20. Janv.

71.6.

entendre ce premier fymbole. Les Grees refifterent tant qu'ils purent, mais enfin on lut le fymbole de Nicée tout au long, puis celui de CP.

Alors les nonces dirent : S'il eft vrai comme vous foûtenez, que vos faints ont défendu de rien ajoûter au fymbole de Nicée : qui eft-ce qui a ofé ajoûter ce que le fymbole de CP. contient de plus? Les Grecs craignant de répondre à cette question, s'efforçoient de détourner ailleurs la difpute: mais les nonces les prefferent d'autant plus vivement. Enfin après plufieurs confultations & plufieurs fuites, ils répondirent: ce n'eft pas une addition, c'est une explication de la verité. Les nonces demanderent fi cette explication faifoit que le fecond fymbole fût un autre que le premier. Les Grecs répondirent que non, & que cette explication ne faifoit ni addition, ni changement. Ainfi les nonces tirerent d'eux ce qu'ils prétendoient pouvant dire de même que le Fueque n'eft ni une addition au fymbole ni un changement, & n'aïant autre chofe à prouver, finon qu'il eft vrai au fond que le S. Efprit procede du Fils. Les Grecs continuerent de leur demander ce qu'ils avoient ajoûté au symbole ? Les nonces auroient pû répondre qu'ils n'avoient rien ajoûté, suivant l'explication que les Grecs leur avoient donnée eux-mêmes: toutefois pour plus granfûreté, ils leur firent cette question: Nous eft-il permis de croire ce qui eft de neceffité de foi ? Les Grecs répondirent: Oui. Et ce qu'il nous eft permis de croire, nous cft-il permis de l'écrire, de le chanter, de le prêcher? Ils en convinrent. Or, ajoûterent les nonces, c'est une verité de foi que le S. Efprit procede du fils. Prouvez-le, dirent les Grecs. Vos SS. le

:

AN.1234.

20. Janv.

20. Janu.

1.p.9. E.

AN.1234. Prouveront, dirent les nonces. Ecoutons S. Cyrille dans le premier difcours de l'adoration, où il dit:L'esDesder.infp.p. prit n'eft aucunement changeant: ou s'il eft sujet au changement, le défaut retombe fur la nature divine: puifqu'il eft du Pere & même du Fils, étant une effufion fubftantielle de l'un & de l'autre. Et dans la lettre à Neftorius qui commence ainfi : Puisque le SauCon Eph.par veur dit : Quoi que le S. Efprit ait fon hypoftafe propre, & foit connu en lui-même en tant qu'il eft Efprit & non pas Fils: toutefois il ne lui est pas étranger. Car il eft nommé l'Esprit de verité, & J. C. eft la verité, & il vient de lui par effusion comme Dieu le

(.26. n. 10. to. 3.

conc.p.4os D.

36.45.8.1203 4.

Pere.

A ces paffages les Grecs répondirent, que l'effufion n'eft pas la proceffion : mais les nonces les refuterent Conc Ep. pr. par S. Cyrille même, qui dit dans l'expofition du fymbole de Nicée: Après avoir parlé de J. C. les bienheureux peres font auffi mention du S. Efprit, & ils difent qu'ils croient en lui comme au Pere & au Fils car il leur eft confubftantiel, & en eft une effufion, c'eft-à-dire il en procede. Et S. Athanafe à la fin de l'expofition du fymbole de Nicée : Le S. Efprit procedant du Pere eft toûjours entre les mains du Pere qui l'envoie & du Fils qui le porte, & par lequel il remplit tout. Ces paffages difent clairement que le S. Elprit vient du Fils comme du Pere. Ainfi fe termina la conference du vendredi.

to.!.p. 102.edit.

1698.

11, Janv.

Le famedi vingt-uniéme les Grecs remirent la conference après le dîné, parce qu'ils ne jeûnent pas ce jour-là, & ils envoïerent querir les nonces par des officiers de l'empereur. Or les Grecs firent reflexion que le jour precedent les nonces avoient cité plu

fieurs paffages des peres; aïant grande quantité de li- AN.1234 vres Grecs qu'ils avoient apportez de CP. c'est pourquoi ils concerterent de les furprendre par de petites 21. Janu. questions & des difputes de mots. Ils firent donc paroître dans l'assemblée un de leurs philofophes, qui après un grand préambule s'adreffant aux nonces leur dit: Nous favons que vous êtes des hommes faints & favans, & que vous aimez la paix & la verité; or il n'y a point de catholique qui ait honte de confeffer fa foi. Dites-nous donc par qui, quand, où & pour quelle raifon vôtre Filioque a été ajoûté au fymbole Les nonces virent leur fineffe, & que ne croyant pas qu'ils puffent répondre à cette question, ils vouloient les confondre devant cette affemblée. Ils retorquerent donc la queftion contre les Grecs & leur dirent: Vous avez dit & fort bien, qu'un catholique doit confesser publiquement ce qu'if croit. Vous devez done nous dire fi vous croïez que le S. Efprit ne procede pas du Fils. Ils répondirent: Nous ne croyons pas qu'il procede du Fils. Ce n'eft pas-là, dirent les nonces, ce que nous demandons : mais fi vous croïez & fi vous dites qu'il ne procede pas du Fils.

Les Grecs ne voulurent point l'avoüer précisement: mais ils prefferent les nonces de répondre à leur question. Ceux-ci voyant qu'il étoit nuit, ne croyoient pas devoir entamer une fi grande matiere: mais les Grecs prefferent, & firent allumer dans le palais des flambeaux de cire & des lampes. Les nonces ainfi preffez répondirent : Votre premiere question eft de favoir qui a fait cette addition: Nous difons que c'eft J.C.Ou? Dans l'évangile,lorfqu'il a dit: Quand l'Ef prit de verité fera venu, il vous enseignera toute

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J. XVI. 13.

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