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. epift.88.896 19.8 51. Dubulai p.135.

85. ap. Rain.

leur eût donné fatisfaction. Les freres Prefcheurs Duboulai. to.z. 2.138. profiterent de l'occafion, & du confentement de l'é vêque Guillaume & du chancelier de l'église de Paris, ils établirent chez eux une chaire de theologie: à quoi ne fervit pas peu l'eftime que s'étoit atiré leur general Jourdain, & legrand nombre de docteurs & d'étudians qui étoient entrez dans cet ordre: car ces docteurs après avoir changé d'habit ne laiffoient pas. de continuer leurs leçons. Si-tôt que le pape Gregoire fut informé du défordre arrivé à Paris, & de la retraite des étudians, il voulut y mettre remede; & pour cet effet il écrivit aux deux évêques du Mans & de Senlis & à l'archidiacre de Châlons, leur donnant commiffion d'interpofer leurs bons offices entre le roi & l'univerfité: enforte qu'elle reçût fatisfaction pour les torts & les infultes qu'elle avoit fouffertes, qu'on la fit jouir de la liberté accordée par Philippe Augufte, & qu'on la rappellât à Paris. La lettre est du vingt-quatrième de Novembre 1229. L'évêque du Mans étoit Maurice, que le pape transfera à l'archevêché de Roüen en 1231. l'évêque de Senlis étoit encore Guerin confident de Philippe Auguste, qui mourut le dix-neuvième d'Avril 1230.

En même tems le pape écrivit au roi Louis & à la. reine Blanche fa mere une lettre qui commence ainfi : Le roïaume de France fe diftingue depuis long-tems. par les trois vertus que l'on attribue par appropriation aux perfonnes de la fainte Trinité, favoir la puiffance, la fageffe, & la bonté. Il est puissant par la valeur de la nobleffe, fage par la fcience du clergé & bon par laclemence des princes. Mais fi les deux extrêmes de ces trois qualitez font deftitués de celle du

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AN. 1230, milieu, elles dégenerent en vices: car fans la fagesse, la puiffance devient infolente, & la bonté imbecille. Le pape conclut en exhortant le roi & la reine à écouter favorablement les trois commiffaires qu'il a nommez, & executer promptement leurs confeils. De peur, ajoûte-t-il, que vous ne sembliez avoir rejetté la fageffe & la bonté, fans lesquelles la puiffance ne Duboulai, 1936. peut fubfifter; & ne pouvant foufrir que vôtre roïaume perde cette gloire, nous ferions obligez d'y pourvoir autrement. Le pape écrivit auffi à Guillaume d'Auvergne évêque de Paris, le reprenant vivement de ce qu'il fomentoit la difcorde. Car c'étoit de lui principalement que les docteurs de Paris s'étoient plaints au pape:difant qu'au lieu de les proteger comine il devoit, il les avoit abandonnez. En effet, l'évêque, le chancelier & le chapitre de Paris, fouffroient avec peine les bornes que l'université vouloit mettre à leur jurisdiction, & auroient mieux aimé qu'elle fût transferce ailleurs: auffi s'oppoferent-ils longtems à fon rétabliffement,

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Le pape voïant que l'affaire n'avançoit point,écrivit l'année fuivante 1230, aux docteurs de Paris de lui enRain. 1129.n.5. Voïer quelques-uns des leurs pour y travailler efficacement.Cependant le cardinal Romain legat & l'évêque de Paris publioient des cenfures contre les abfens ; & l'archevêque de Sens dans un concile provincial ordonna, que ceux qui s'étoient retirez en confequence de leur ferment feroient privez pendant deux ans des fruits de leurs benefices; & ceux qui n'en avoient point, déclarez indignes d'en obtenir, s'ils ne revenoient dans le tems prefcrit. Le roi donnoit auffi des ordonnances contre eux, Les docteurs que l'univerfité

verfité envoïa fuivant l'ordre du pape, furent Geofroi de Poitiers & Guillaume d'Auxerre, qui lui demanderent un reglement pour leur fervir de loi après leur rétablissement, & de prefervatif contre de pareils inconveniens. Ils negocierent fi bien qu'ils obtinrent du pape Gregoire une bulle adreffée aux maîtres & aux écoliers de Paris, & datée du treizième d'Avril 1231. qui commence ainsi.

AN.1231.

Paris la mere des sciences eft un autre Cariath-fepher la ville des lettres : c'eft le laboratoire où la fagefle met en œuvre les métaux tirez de fes mines: l'or & l'argent dont elle compofe les ornemens de l'églife, le fer dont elle fabrique fes armes. Venant au fujet, le pape donne ces reglemens. Le chancelier de l'église de Paris entrant en charge jurera devant l'évêque en prefence de deux docteurs pour l'univerfité, qu'il ne donnera la licence de regenter en theologie ou en decret qu'à des homme dignes, fans acception de perfonnes ni de nations; & avant que de donner la licence il s'informera foigneusement des mœurs, de la doctrine & du talent de celui qui la demande. Les docteurs en theologie ou en decret, avant que de commencer leurs leçons, jugeront de rendre fidele témoignage de ce que deffus. Le chancelier jugera d'exa- . miner de même les phyficiens & les artistes. Nous vous donnons pouvoir, ajoûte-t-il, de faire des reglemens touchant la maniere & l'heure des leçons des bacheliers, la taxe des logemens, la correction des rebelles. Que fi on vous faifoit quelque infulte notable, & que dans quinze jours on ne vous donnât pas fatisfaction: il vous fera permis de fufpendre vos leçons, jusques à ce que vous l'aïez reçuë.

Tome XVII.

B

AN.1231.

pas

L'évêque de Paris en reprimant les defordres, aura égard à l'honneur des écoliers : en forte que les fautesne demeurent pas impunies, & qu'on ne prenne pas les innocens à l'occafion des coupables. Les écoliers ne feront point emprisonnez pour dettes, & l'évêque n'exigera point d'amende pour lever les cenfures. Le chancelier n'exigera rien non plus pour accorder la licence. Les vacances d'efté ne seront de plus d'un mois, & pendant ces vacances les bacheliers pourront continuer leurs leçons. Nous défendons expreffément aux écoliers de marcher armez par la ville; & à l'univerfité de foûtenir ceux qui troublent la paix & l'étude. Ceux qui feignent d'être écoliers fans frequenter les écoles ni être attachez à aucun maître, ne jouiront point de la franchise des écoliers. Les maîtres és arts feront des leçons de Prifcien, c'étoit pour la grammaire : mais ils ne fe ferviront point à Paris de ces livres de phyfique, qui ont été défendus pour caufe au concile provincial, jufques à ce qu'ils aïent été examinez & purgez de tout foupçon d'erreur. C'est la physique d'Aristote défendue generalement par le reglement que fit en 1215. legat Robert de Courçon; & nous apprenons ici Sup.l. XVII. qu'il le fit en un concile. Or le pape adoucit par cette bulle la défenfe du legat.

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Launei, Arif. fort.c.6

Rain. 228. 2.20.

le

Toutefois trois ans auparavant, le pape Gregoire avoit écrit aux profeffeurs de Paris, pour leur faire 11.p.25. ap. des reproches de ce que quelques-uns d'entre-eux enflez de vanité & introduifant une nouveauté profane, détournoient l'écriture fainte à la doctrine phyfique des philofophes, au lieu de l'expliquer fuivant la tradition des peres. Il leur ordonne de rejetter cette

fcience mondaine, & d'enseigner la theologie dans fa pureré, fans alterer la parole de Dieu par les inventions des philofophes. La lettre eft du feptiéme de Juildet 1228. Conformément à cette défenfe le reglement de l'an 1231. continuë ainsi : Les maîtres & les écoliers de theologie ne fe piqueront point d'être philofophes; & ne traiteront dans les écoles que les queftions qui peuvent être décidées par les livres theologiques, & par les traitez des peres. Il regle ensuite la difpofition des biens des écoliers decedez à Paris, fans avoir fait de teftament; & marque les précautions neceffaires pour les conferver & les rendre à leurs heritiers. S'il n'en paroît point, les biens feront emploïez en œuvres pies. Enfin le pape difpenfe les docteurs & les écoliers du ferment qu'ils avoient fait de ne point retourner à Paris.

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AN.1231.

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Du Boulai. P

En confequence de cette bulle, il écrivit au jeune roi Louis une lettre où il dit : Il importe à vôtre honneur & à vôtre falut, que les études foient rétablies à Paris comme auparavant, & que vous favorifiez l'execution de nôtre reglement. C'eft pourquoi nous vous prions de proteger les étudians à l'exemple de vos ancestres, & de faire obferver le privilege qui leur a été accordé par le roi Philippe vôtre aïeul de glorieufe memoire. Ordonnez que les logemens foient taxez par deux docteurs & deux bourgeois: afin que les écoliers ne foient point contraints à les louer trop cher. La lettre eft du quatorziéme d'Avril, 7.145. & fut fuivie d'une autre, par laquelle le pape recommande au roi les deux docteurs Geofroi de Poitiers & Guillaume d'Auxerre; qui avoient follicité à Rome la cause de l'université; & craignoient qu'à leur

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