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26. Avril

creance: nous vous parlerons à cœur ouvert. Nous AN. 1234favons que vous avez mauvaise opinion de nôtre facrement en azymes, premierement par vos écrits, qui font pleins de cette herefie; & c'eft de peur de la découvrir que vous n'osez répondre à notre question. De plus vos actions le prouvent : vous lavez vos autels, quand les Latins y ont celebré ; quand les Latins viennent pour recevoir vos facremens, vous leur faites abjurer ceux de l'églife Romaine: vous avez ôté le pape de vos dyptiques, & nous favons que vous n'en otez que des excommuniez ou des heretiques : enfin vous l'excommuniez une fois l'an, comme nous ont rapporté ceux qui l'ont oüi.

Le cartophylax de CP. fe leva au milieu du concile, & dit: Ce que vous dites que nous excommunions le pape, eft faux; quiconque le dit, qu'il forte, ou il s'en trouvera mal. Pour le reste de ce que nous faifons, ne vous en étonnez pas; vos Latins quand ils prirent CP. briferent les églises, renverferent les autels, emporterent l'or & l'argent, jetterent les reliques dans la mer, foulerent aux piez les images des faints, & changerent les églises en étables. Le patriarche ajoûta: Si vous vous étonnez pourquoi nous avons ôté le pape de nos dyptiques, je vous demande pourquoi il m'a ôté des fiennes. Les nonces répondirent : Le pape ne vous a jamais ôté de fes dyptiques, parce que vous n'y avez jamais été ; mais fi vous vous informez de ce qui regarde vos predeceffeurs, vous verrez fi c'est le pape qui vous en a ôté le premier. A quoi on ne repliqua rien. Quant aux violences que vous imputez à l'église Romaine, elle n'y a aucune part. Si elles ont été commifes, c'est par des laïques

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AN. 1234.

pecheurs excommuniez; mais ce que nous vous reprochons, vous le témoignez vous-mêmes par vos difcours & par vos actions; ce font vos prélats qui le font & qui l'enseignent; & comme nous ne voïons aucune volonté de vous corriger, nous nous en retournons à celui qui nous a envoïez. Aïant ainsi parlé, ils fortirent du concile.

Le même jour après dîné les nonces allerent trouver l'empereur & lui raconterent fidelement tout ce qui s'étoit paffé, puis ils lui demanderent une escorte jufques hors de les terres. L'empereur Vatace, comme adroit & politique, commença à excufer les Grecs & à promettre qu'ils fe corrigeroient, ajoûtant que fi la conference fe fût tenuë devant lui on n'en fût pas yenuaux injures. Mais, continua-t-il, je ne veux pas que vous vous fepariez ainfi mécontens les uns des autres. Je veux vous entendre & eux auffi fur vôtre question, & quand vous aurez terminé l'affaire amiablement vous vous en retournerez. Voilà mes galeres prêtes pour vous mener en Poüille, & mes ambaffadeurs que j'envoïerai avec vous au pape; car je veux l'honorer comme il convient & lui faire des prefens, afin qu'il mé tienne pour fon ami & son fils.

Les nonces répondirent: Seigneur, nous ne voulons pas vous celer la verité. Vous ne vous rendrez pas agréable au pape par vos prefens, mais quand vous lui ferez agréable par l'unité de la foi, alors vos prefens le feront aufli. Sans cela il ne vous recevra jamais pour ami ni pour fils, ni nous n'oferions lui prefenter vos ambasadeurs; au contraire nous ferions obligez de nous oppofer à eux. Alors l'empereur mon

trant

26. Avril.

trant un vifage trifte, leur dit : J'ai vû que Manuel, AN. 1234. Theodore & plufieurs autres empereurs étoient en liaison d'amitié avec le pape durant le fchifme. Et comme les nonces lui déclarerent qu'ils ne fe chargeroient pas de fes envoïez, finon fous efperance de paix, il ajoûta: Je ne les envoïerai donc pas; car je ne veux exposer aux ennemis, ni mes gens, ni mes vaiffeaux. Le fchifme a déja duré près de trois cens

ans, il ne peut être ôté en fi peu de tems. Attendez, je parlerai demain aux prélats & les prierai de répondre à vôtre question. Alors les nonces fe retirerent. Les trois cens ans de fchifme que compte ici l'emperemontent vers le milieu du dixiéme fiecle entre Photius & Michel Cerularius.

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XXXVII. Suite du concile.

Le jeudi vingt-feptiéme d'Avril au foir l'empereur & le patriarche envoïerent prier les nonces de fe trouver le lendemain au palais. Ils s'y rendirent donc le vendredi matin, & y trouverent le concile affem- 28. Avril. blé. Le patriarche après avoir confulté avec l'empereur & les autres prélats, dit aux nonces : Nous répondrons à vôtre question; puis l'archevêque de Samaftro commença ainfi . Vous demandez fi on peut confacrer le corps de J. C. en pain azyme, & nous répondons que non. Les nonces demanderent s'il vouloit dire qu'on ne le pût de droit, ou qu'il fût impoffible abfolument. Il répondit: Abfolument. Car nous favons que le Seigneur l'a fait en pain levé, & l'a enfeigné de même aux apôtres. Surquoi il cita le paffage de S. Paul .XE. aux Corinthiens, & ajoûta : Saint Pierre & les autres apôtres l'ont enfeigné aux quatre églifes patriarcales, comme ils l'avoient appris du Seigneur. S. Pierre à l'églife d'Antioche, S. Jean l'évangelifte aux églifes

Tome XVII.

M

AN. 1234.

28. Avril.

19. Avril.

If to. XI. conc. p. 461.

d'Afie, S. André à celles d'Achaïe, S. Jacques à celle de Jerufalem. Saint Pierre l'a enfeigné à faint Clement; & il a ainsi été pratiqué d'abord dans l'église Romaine à ce que nous croïons. C'eft pourquoi nous disons, qu'on ne peut y employer d'autre matiere que le pain dont J. C. s'est fervi, c'est-à-dire du pain levé. Les nonces demanderent à chacun des prélats en par-. ticulier fi c'étoit leur creance: premierement au patriarche de Nicée, c'est-à-dire à Germain patriarche titulaire de CP. puis au patriarche d'Antioche & à tous les autres. Ils répondirent tous l'un après l'autre, qu'ils croyoient ainsi. Les nonces ajoûterent: Nous demandons que vous nous donniez cette creance par écrit. Le patriarche de Nicée répondit: Donnez-nous auffi par écrit que le S. Efprit procede du Fils, & que qui ne le croit pas eft en voye de perdition. Les nonces l'accorderent. On donna jufques au lendemain pour dreffer ces écrits, & on fe retira.

Le famedi vingt-neuviéme d'Avril après le dîné les Vading.1133 n. nonces furent appellez au concile, & on prefenta les écrits de part & d'autre. Celui des Grecs ne contenoit que ce qu'ils avoient dit le jour précedent, savoir, le passage de S. Paul & leur prétenduë tradition; à quoi ils ajoûtoient : Nous écrivons ceci en abregé felon la volonté des apocrifiaires, qui n'ont pas la patience d'en entendre davantage. Mais si on nous demande des autoritez & des preuves, nous les donnerons plus au long de l'ancien & du nouveau Teftament. Fait au mois d'Avril, indiction feptiéme, & foufcrit par moi carthophylax de la fainte église de CP. fuivant l'ordre du patriarche univerfel, de celui d'Antioche & des autres prélats qui étoient prefens. C'est le patriarche de

AN. 1234.

Vading.n 6 to.

CP. qu'il nomme universel. Cette profession de foi des Grecs fut lue dans le concile, puis donnée aux nonces, 19. Avril. qui firent enfuite la leur touchant la Proceffion du S. Efprit. Elle étoit beaucoup plus ample & commençoit ainfi : Le pere eft Dieu parfait en soi-même : le Fils eft Dieu parfait engendré du Pere: le S. Efprit x. 316. eft Dieu parfait procedant du Pere & du Fils. Or il procede du Fils immediatement, & du Pere par le moïen du Fils, car le Fils tient du Pere que le ́S. Esprit procede de lui. C'est pourquoi quiconque ne croit pas que le S. Efprit procede du Fils eft en voie de perdition. La premiere autorité qu'ils apportent eft celle du fymbole attribué à S. Athanafe, qu'ils difent avoir été composé en latin par ce S. docteur, pendant son exil en occident. Mais j'ai marqué en fon lieu qu'on S.li.xxx. attribuë ce symbole à Virgile de Thapse avec plus de vrai-femblance Les nonces rapportent enfuite l'expofition de foi que S. Gregoire Thaumaturge receut par revelation, puis ils citent S. Gregoire de Nyffe,

8.

Suf.

22.

S. Ambroife, S. Auguftin, S. Jerôme, & enfin S. Cy- sut. liv. vI. n. rille d'Alexandrie : particulierement le neuviéme de " ses douze anathêmes approuvez au concile d'Ephese. sup. liv.xxv.n Cette profeffion de foi fut souscrite les par quatre apocrifiaires du pape, Rodolphe & Aimon de l'ordre des freres Mineurs, Hugues & Pierre de l'ordre des Prescheurs. Aimon s'y nomme Ammonius accommodant fon nom à la grecque. Ils donnerent cet écrit aux Grecs en leur langue, & nous l'avons des deux ma- .233o. nieres en latin & en grec.

app.to XI. cont.

XXXVIII. Question des

Les nonces dirent enfuite: Vous nous avez donné vôtre écrit, qui contient une herefie. Mais comme Azymics. c'est la défenfe de l'erreur qui fait l'heretique, nous

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