Images de page
PDF
ePub

renoncé aux promesses de l'église; cette raison nous a encore engagés à déclarer quel est le sentiment des catholiques que nous croyons conforme à la vérité : après quoi nous espérons que personne ne pourra plus en imposer à la société des fidèles par ses calomnies, ni cor— rompre, par une perfide prévarication, les vérités de la foi. Nous espérons aussi que ceux qui sous prétexte des erreurs qu'ils nous imputoient, se sont déchaînés jusqu'à présent contre l'Eglise Romaine comme contre une Babylone réprouvée, parce qu'ils ne connoissoient pas, ou feignoient de ne pas connoître nos véritables sentimens, cesseront, maintenant que la fausseté est démasquée, de nous calomnier, et ne persévéreront pas plus long-tems dans leur schisme, que St.-Augustin détestoit comme un crime plus horrible que l'idolâtrie même.

Nous faisons done profession de croire que, quoique J. C. ait établi les douze disciples qu'il choisit et qu'il nomma apôtres, pour gouverner solidairement son église, et qu'il les ait tous également revêtus de la même dignité et de la même puissance, selon les expressions de saint Cyprien, il a cependant donné la primauté à St.-Pierre, comme l'évangile nous l'apprend, et comme toute la tradition ecclésiastique l'enseigne. C'est pourquoi nous reconnoissons, avec St.-Bernard, que le pontife romain successeur de St.-Pierre possède, non pas à la vérité ́ seul, et à l'exclusion de tout autre, mais dans le plus haut degré, la puissance apostolique établie de Dieu; et pour conserver en même-tems l'honneur du sacerdoce auquel J. C. nous a élevés, nous soutenons avec les saints pères et les docteurs de l'église, que les clés ont

[ocr errors]

été d'abord données à un seul, afin qu'elles fussent conservées à l'unité, et nous croyons que tous les fidèles sont assujétis aux décrets des souverains pontifes, soit qu'ils regardent la foi ou la réformation générale de la discipline et des mœurs, de telle sorte néanmoins que l'usage de cette souveraine puissance spirituelle doit être modéré et réglé par les canons révérés dans tout l'univers; et que si par la diversité de sentimens des églises, il s'élevoit quelque difficulté considérable, il seroit nécessaire alors, comme le dit St.-Léon, d'appeler de toutes les parties du monde un plus grand nombre d'évêques, et d'assembler un concile général qui dissipat ou appaisát tous les sujets de dissention, afin qu'il n'y eût plus rien de douteux dans la foi, ni rien d'altéré duns la charité.

Au reste, la république chrétienne n'étant pas seulement gouvernée par le sacerdoce, mais encore par l'empire que possèdent les rois et les puissances supérieures, il a fallu qu'après avoir obvié aux schismes qui pourroient diviser l'église, nous prévinssions aussi les mouvemens des peuples qui pourroient troubler l'em→ pire, sur-tout dans ce royaume, où sous prétexte de la religion, il s'est commis tant d'attentats contre l'autorité royale; c'est pour cela que nous avons déterminé que la puissance des rois n'est point soumise, quant au temporel, à la puissance ecclésiastique, de peur que si la puissance spirituelle paroissoit entreprendre quelque chose au préjudice de la puissance temporelle la tranquillité publique n'en fût altérée.

Enfin nous conjurons votre charité et votre piété, nos très-vénérables confrères, comme les pères du

quitter vos églises pour vous rendre en ce lieu, a été le desir de la paix, que vous appréhendiez qui ne fût troublée, vous vous êtes très-heureusement appliqués jusqu'à maintenant à chercher les moyens de la procurer; et il y a lieu d'espérer que les expédiens que vos soins, votre sagesse et votre charité ont trouvés, arrêteront ce qui nous faisoit craindre la division dans l'église, dont toute la force consiste dans l'union. Messeigneurs nos présidens ont travaillé à cet effet avec tant de zèle et avec une si grande uniformité de sentimens, qu'il est visible que Dieu s'est servi de ces deux sages pilotes, non pas pour sauver son vaisseau du naufrage, car il ne sauroit périr, mais pour le délivrer des mouvemens d'une fâcheuse tempête, dont il sembloit être menacé.

Ce seroit blesser leur modestie que de parler en leur présence de ce qu'ils ont fait jusqu'à présent avec tant de succès. Votre procèsverbal sera un monument éternel de votre gloire, quand la postérité lira ces savans et éloquens discours de Monseigneur l'Archevêque de Paris, si utiles à la religion, à la réformation des mœurs et au rétablissement de la discipline, ces rapports si pleins d'érudition, ces excellentes lettres et ces actes si judicieux que

1

nous devons à Monseigneur l'Archevêque de Reims.

Mais elle n'y verra point ce que l'amour que ces deux grands prélats ont pour l'église, leur a fait dire avec une liberté respectueuse et toute pastorale, dans les conférences secrètes qu'ils ont eues avec le plus grand roi du monde, qui honore leur mérite de son estime et de sa confiance. Vous en attendez l'un et l'autre, Messeigneurs, des récompenses bien plus grandes que celles de nos louanges: Pater vester qui videt in abscondito reddet vobis:

Nous avons sujet de croire que rien ne peut maintenant troubler la tranquillité, qui est si nécessaire à notre ministère; mais les sages médecins, Messeigneurs, ne se contentent pas de guérir le mal présent, ils vont au-devant de celui qui pourroit arriver, et l'exellence de leur art est d'empêcher le retour des maladies qu'ils ont chassées par la force de leurs remèdes.

Rien ne peut tant affermir la paix de l'église, que de reconnoître les bornes dans lesquelles chacun se doit tenir. La paix est la tranquillité de l'ordre.

Le zèle que notre saint père le pape a témoigné pour la liberté ecclésiastique et pour l'exécution d'un décret du second concile de

Lyon, touchant la régale, ne peut à la vérité être assez estimé dans son principe et dans la pureté d'intention qui a fait agir sa sainteté.

Ce grand pontife étoit persuadé que les droits de l'épouse de Jésus-Christ avoient été blessés, non pas par le roi, sa piété, sa religion, sa justice sont trop connues à sa sainteté, pour avoir une pensée si désavantageuse au fils aîné de l'église, mais par les officiers que ce très-religieux pape croyoit avoir porté les droits de la couronne au préjudice de ceux de l'église. Mais il auroit été à desirer que ceux qui ont agi sous son nom eussent eu un peu plus d'égard pour sa majesté. Si sa sainteté pouvoit toujours agir par elle-même, comme nous sommes assurés la reque son zèle pour ligion est inséparable de celui qu'elle a pour la justice, dont elle veut que les formes soient en toutes occasions très-exactement observées, nous serions aussi très-assurés que rien ne se feroit jamais qui ne fût dans la dernière équité. Mais comme sa sollicitude pastorale s'étend sur toutes les églises du monde, et que forces humaines sont bornées, il est impossible que sa sainteté exécute tout par elle-même; elle se trouve obligée par nécessité de commettre plusieurs choses à ses officiers.

les

J'estime la vertu et les lumières de ceux

« PrécédentContinuer »