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13. On a aboli en France, sous Francois Ier, les franchises ou asiles des églises et des monastères qui subsistent en Italie et en Espagne. Et quoique ce droit fût ancien, on en avoit tellement abusé dans les derniers tems, qu'il a été difficile d'en blâmer l'extinction. Dans les pays où il subsiste, il attire l'impunité des crimes, et c'est une source continuelle de différens entre la puissance ecclésiastique et la séculière.

Il est impossible, quand on yeut raisonner juste, d'accorder tous ces usages si différens, et entr'eux, et avec nos maximes sur la puissance du Pape, et sur Fautorité des conciles universels. Si le Pape n'a pas an pouvoir immédiat sur tous les fidèles, comment peut-il réserver tant de péchés et donner tant d'indulgences et de dispenses? Comment a-t-il pu envoyer si long-tems par-tout des prédicateurs et des confesseurs? Car du commencement les frères mendians agissoient de sa seule autorité. S'il n'a pas un pouvoir immédiat dans tous les diocèses sur les clercs et les biens ecclésiastiques, comment peut-il pourvoir à tous les béné– fices, admettre des résignations, créer des pensions, donner pour les ordres des extra tempora, des dispenses d'âges ou d'irrégularité, ou des réhabilitations?

A tout cela, je ne vois d'autre réponse, sinon dé convenir de bonne foi, qu'en ces matières, comme en toutes les autres, l'usage ne s'accorde pas toujours avec la droite raison; mais il ne s'ensuit pas que nous devions abandonner nos principes que nous voyons fon→ dés clairement sur l'Ecriture et sur la tradition de la

plus saine antiquité; il faut les conserver comme la prunelle de l'œil, et ne tenir pas moins cher le peu de pratiques que nous avons gardées en conséquence de cos principes. Quant à celles qui ne s'y accordent pas, élles ne laissent pas d'être légitimes, étant fondées en coutumes notoires, et reçues depuis long-tems, au vu et su de toute l'Eglise; ainsi la prévention du Pape subsiste par un consentement tacite des évêques depuis 300 ans, et quoique chacun fût en droit d'y résister au commencement, il ne leur est pas libre présentement; ainsi on peut accorder les annates comme un subside pour l'entretien de la cour de Rome, quoiqu'elle n'ait aucun droit de les exiger. Il n'y a qu'un consentement de l'Eglise universelle soit dans un concile ou sans concile, qui puisse abolir des usages ainsi établis.

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Il est bon cependant que la cour de France les considère, pour garder une grande modération à l'égard de la cour de Rome. Il est juste d'avoir pour elle tout le respect et les égards qui lui sont dus, d'autant mieux qu'on lui demande des graces; telles que les translations d'évêques, les nominations d'abbés commendataires et d'abbesses, les créations des pensions, les résignations en faveur, les indults des officiers du parlement, et tant d'autres dispenses et de graces ordinaires et extraordinaires que l'on demande tous les jours. Si l'on ne peut se résoudre à se passer de ces graces, il ne faut pas pour cela abandonner nos maximes, ni donner dans toutes les bassesses des Ultramontains;

mais il faut du moins conserver la bonne intelligence, et demeurer dans les termes de l'honnêteté et du respect qui est dû à celui qui tient le premier rang entre les princes chrétiens, sans compter qu'il est le chef de l'Eglise. Si l'on pouvoit de part et d'autre renoncer à toutes prétentions contraires à l'ancienne discipline, ce seroit sans doute le moyen le plus sûr de la rétablir. Nous osons à peine souhaiter un si grand bien; mais du moins n'y mettons pas de nouveaux obstacles.

DÉCLARATION

DU CHAPITRE MÉTROPOLITAIN DE PARIS,

A S. M. L'EMPEREUR ET ROI,

FAITE LE 6 JANVIER 1811.

SIRE,

Au moment 'où le chapitre métropolitain de Paris a eu l'honneur de se réunir avec tous les grands corps de l'Etat, devant le premier trône du monde, pour y déposer aux pieds de V. M. I. et R., l'hommage de son respect, de sa fidélité, de son dévouement, de son amour et des vœux qu'il ne cesse d'adresser au ciel pour tout ce qui peut intéresser la conservation, le bonheur et la gloire de votre personne sacrée, nous avons été pénétrés de l'affliction la plus profonde, en entendant les reproches adressés par votre bouche auguste à l'un des membres de notre compagnie, qui nous avoit inspiré beaucoup d'intérêt. Mais, en le plaignant du

*M. Jalabert, vicaire-général, portoit la parole au nom du chapitre.

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malheur qu'il a eu de perdre la confiance de son souverain, nous ne nous en sommes pas moins fait un devoir de révoquer les pouvoirs spirituels dont nous l'avions investi.

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Cet hommage immédiat de déférence nous étoit commandé, Sire, par le respect et la soumission que nous avons dû manifester à V. M. dès ces premiers momens de surprise et d'abattement. C'est pour nous soulager de ce poids de douleur dont nous sommes accablés, que nous pensons devoir aussi présenter une adresse au restaurateur de notre culte et au protecteur tout-puissant de l'Eglise Gallicane, en lui exposant àla-fois, de la manière la plus loyale et la plus authentique, nos principes, nos sentimens et les motifs de notre conduite relativement à tous les objets qui ont éveillé, dans cette circonstance, la sollicitude de vos pensées souveraines.

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Nous déclarons donc unanimement et solennellement à V. M,, que nous sommes tous réunis par une adhésion pleine et entière à la doctrine ainsi qu'à l'exercice des libertés de l'Eglise Gallicane, dont l'Université de Paris, l'une des plus belles restaurations de votre génie, a toujours été la plus zélée dépositaire, et dont l'immortel évêque de Meaux, notre oracle, sera toujours regardé comme le plus sage et le plus invincible défenseur; qu'invariablement fidèles à notre éducation et à nos engagemens, nous adoptons et nous soutiendrons jusqu'à la mort les quatre propositions du clergé de France, proclamées dans l'assemblée à jamais mémorable de 1682, telles que le grand Bossuet, suffragant de cette métropole, les a rédigées, développées et justifiées avec cette mesure qui est la véritable force de la

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