Gottschalk L'ANNÉE LITTÉRAIRE. LETTRE I. Recueil de l'Académie des Belles-Lettres, Sciences & Arts de Marfeille, pour l'Année 1774; contenant l'Eloge de la Fontaine par M. de Chamfort qui a remporté le Prix; deux autres Eloges qui ont eu l'Acceffit, & une Ode fur le même sujet par M. François de Neuf-Château ; Brochure in-8° de 170 pages. A Marseille chez Jean Molly Imprimeur du Roi & Libraire. Es deux premiers Eloges de la Fon Laine quife préfentent dans ce Re cueil ont pour auteurs M. de Chamfort &M.de la Harpe.Je vous ai rendu compte de ces deux Difcours. Le troifième, ANN. 1775. Tome 111. A ij 3 qui eft anonyme, & qui, pour la pre L'Exorde porte prefque tout entier Les deux Parties de ce Discours ont pour objet la perfonne & les ouvrages de notre immortel Fabuliste; ou plutôt on n'y confidère la Fontaine que dans fes ouvrages; on les obferve d'abord comme l'expreffion de fon caractère; on les confidère enfuite la pre ce Vo icle. Il entier démie de la pas e de ba se, la eft de en eux-mêmes & indépendamment de ce rapport. Tout Ecrivain qui » a un caractère fe peint dans fes productions....» La Fontaine plaît à » tous les ordres de Lecteurs....D'où >> lui vient cet attrait que rien n'af» foiblit? De ce que l'ame de l'auteur >> eft répandue dans tout ce qu'il écrit, » & de ce que cette ame eft celle d'un » enfant. L'innocence avec tous fes » charmes, la naïveté avec toutes fes } » graces, environnent le Lecteur, l'at>> tachent, le pénètrent; il ne lit point, » il n'étudie point; il fuit, il eft en» traîné, l'auteur l'étoit lui-même. » Un Ecrivain. ordinaire arrange un » plan, médite un fujet, l'approfon» dit, &, s'il parvient à s'en rendre le » maître, c'eft le plus grand éloge où » il puiffe prétendre. Le mérite de la » Fontaine eft d'être maîtrifé par fon » fujet; la pensée le fubjugue, il s'é» gare, il s'endort dans une douce rê»verie; il s'endort, & fongénie » veille. Cette infpiration des Poëtes, »tant célébrée par eux, n'a jamais » été fi réelle que chez la Fontaine ; » mais on n'eft infpiré que felon fon » caractère; l'inspiration de la Fon»taine n'eft point la fureur des Mé»nades ni l'agitation pénible d'une Pythoniffe échevelée qui ébranle » de fes cris les voûtes du Temple, » & voudroit arracher de fon fein le »Dieu qui l'oppreffe *; cette infpira» tion eft douce: elle n'entraîne que » parce qu'elle féduit; elle eft comme » cet intérêt naïf qui force un enfant » à vous faire part de fes idées nail» fantes & des premiers mouvemens » de fon ame». Ce ftyle fimple, élégant & facile, vous paroîtra, Monfieur, très convenable dans`un Eloge de la Fontaine. Il y a d'ailleurs peu de morceaux des autres Eloges de ce grand homme où fon caractère soit mieux faifi. L'auteur fait une obfervation trèsjufte qui avoit échappé à fes rivaux, c'eft que l'Egoïfme, qui annonce un ef * Non compia manfere coma; fed pectus anhelum " Et rabie fera corda tument... Bacchatur vates, magnum fi pectore poffet |