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mercuriels oxidulés, comme M. Fourcroy l'a démontré le premier.

NEUVIÈME EXPÉRIENCE.

Il est connu que les oxides mercuriels décomposent en partie le muriate d'ammoniaque par la voie humide et par la voie sèche, dégagent un peu d'ammoniaque et forment des muriates ammoniaco-mercuriels. Voulant m'assurer de l'action de l'oxide obtenu par la trituration sur ce sel, j'ai mêlé une once de mercure avec une demi-once de muriate d'ammoniaque jusqu'à extinction parfaite du mercure, qui se fait très-lentement; j'ai séparé l'oxide du sel en le dissolvant dans de l'eau distillée; cette solution m'a donné, avec la potasse caustique, un précipité blanc; avec l'hydrosulfure de potasse, un précipité noir; avec le prussiate triple de potasse, un précipité blanc; avec l'infusion de noix de galle, un précipité orangé.

DIXIÈME EXPÉRIENCE.

L'acide sulfurique aqueux, qui n'a aucune action sur le mercure coulant à froid, agit avec énergie sur l'oxide séparé de l'onguent mercuriel. La dissolution m'a donné avec les réactifs les mêmes précipités que ci-dessus, et en plongeant une lame de cuivre dans cette dissolution, le mercure s'est précipité peu à peu.

ONZIÈME EXPÉRIENCE.

J'ai divisé de l'onguent mercuriel double nouvellement préparé sur une carte; j'ai placé sur l'onguent divisé une feuille d'or battu; la feuille a séjourné sur la carte pendant deux jours, mais elle n'a point blanchi; j'ai mêlé de même une feuille d'or avec de l'onguent mercuriel pendant une demi-heure; l'or très-divisé n'a point changé de couleur. J'ai fait les mêmes expériences avec l'oxide séparé du mercure gommeux, et j'ai eu les mêmes résultats.

DOUZIÈME EXPÉRIENCE.

J'ai mis une petite quantité de l'oxide séparé du mercure gommeux dans une dissolution de nitrate d'argent; l'argent ne s'est point précipité à l'état métallique.

Il n'y a donc plus de doute que le mercure dans ces mélanges, bien préparé et suffisamment trituré, ne soit véritablement oxidé; la réduction du mercure dans l'onguent mercuriel par la chaleur (1), sur laquelle on a fondé cette théorie, est très-facile à expliquer par une dernière remarque qui terminera ces observations.

J'ai observé, il y a long-tems, que la pommade pour les yeux, ou l'onguent d'oxide rouge de mercure, composé d'après la pharmacopée de Prusse, avec une demi-once d'oxide rouge de mercure et 5 onces d'onguent rosat blanc, prenait au bout de quelques jours une couleur grise à la surface et autour des parois du vase; quelquefois, au bout de quinze jours, toute la pommade était d'une couleur grise noirâtre, et la graisse plus consistante. Ce fait n'a rien de surprenant et s'explique aisément; en effet, comme il est prouvé par des expériences de M. Fourcroy et par les miennes, que la graisse oxigénée cède de l'oxigène au mercure; comme il est également prouvé que les oxides de mercure en cèdent aux matières animales, il s'ensuit que la graisse, dans cette pommade, s'oxigène aux dépens de l'oxide rouge de mercure, et que ce dernier change en partie son état d'oxide en oxidule; mais, pour m'assurer du fait, j'ai mêlé 2 gros d'oxide rouge de mercure bien

(1) Cette réduction de mercure est le meilleur moyen pour s'assurer de la quantité de mercure existant dans l'onguent mercuriel; si sa pesanteur spécifique ou sa couleur fait soupçonner qu'il ne contient pas la quantité de mercure, qu'il est mêlé avec du noir de fumée, ou que son extinction ait été faite avec du soufre, on obtient alors au fond du vase tout le mercure coulant, du noir de fumée dans le premier, ou un sulfure noir de mercure dans le second cas.

porphyrisé (1) avec 2 onces de saindoux récemment fondu et purifié; j'ai chauffé le mélange pendant une heure et demie dans une capsule de porcelaine placée sur un bain de sable, en le remuant continuellement avec une spatule de verre, jusqu'à ce que l'oxidé de mercure changeât sa couleur rouge en noire grisâtre. La graisse, décantée de l'oxide par un repos de deux heures dans une étuve, et refroidie ensuite, était d'une couleur jaune citron, grenue, d'une consistance plus solide que la graisse employée, en un mot, oxigénée.

Je ne doute point que l'action des oxides de plomb sur la graisse, dans la préparation des emplâtres de plomb, n'appartienne à la même cause.

Il résulte de ces expériences, 1° que le mercure se trouve à l'état d'oxidule mêlé d'un peu d'acide carbonique, ou à l'état d'un sous-carbonate oxidulé de mercure, dans l'onguent mercuriel, et dans d'autres préparations faites par la trituration du mercure avec différentes substances. On pourrait donc donner aux emplâtres et onguens mercuriels l'épithète oxidulé. 2o Que la graisse oxigénée cède de l'oxigène au mercure, et qu'elle est le meilleur moyen pour éteindre ce métal, comme M. Fourcroy l'a proposé le premier, et comme je l'ai indiqué dans le N° IX du Bulletin de Pharmacie, Iere année, page 399 (2).

(1) J'ai employé de l'oxide rouge de mercure oxidé par la calcination ou le précipité per se, comme on l'appelait autrefois; car plusieurs chimistes se sont assurés, pár beaucoup d'expériences, que l'oxide rouge de mercure, préparé à la manière ordinaire, n'est jamais pur, et qu'il contient toujours une portion d'acide nitrique.

(2) On pourrait employer pour cette préparation l'appareil proposé par M. Veau-Delaunay, qui se sert d'une chaudière de fer et d'un pilon de bois à très-long manche d'environ 2 mètres, retenu à sa partie supérieure par un anneau de fer: mais au lieu de se servir d'une chaudière de fer, il me semblerait préférable de se procurer une terrine de grès à fond plat, et mise à sa partie ultérieure dans une bordure de plomb, pour

Si j'ai cherché à démontrer que les chimistes avaient méconnu jusqu'ici le véritable état du mercure dans plusieurs préparations pharmaceutiques, je n'ai été guidé que par le désir de porter quelque lumière sur l'emploi de ces médicamens. Il m'a paru intéressant de prouver aux médecins que l'oxidation du mercure uni avec la graisse pouvait être la cause de sa propriété médicamenteuse, que cette propriété variait en raison de la quantité de cet oxide et de la facilité avec laquelle il agit sur les matières animales ou sur les organes vivans. Les auteurs que j'ai contredits aiment trop la science et travaillent avec trop de succès à ses progrès pour ne pas rendre justice à mes intentions, comme je rends justice à leur savoir et à leur zèle.

NOTICE

Sur la décomposition spontanée de l'acidule

tartareux;

PAR L. HECHT, Pharmacien à Strasbourg, professeur de PÉcole spéciale de Pharmacie.

La décomposition spontanée de l'acidule tartareux a déjà été observée par Machy, ensuite par Corvinus et Spielmann; cependant ces trois chimistes se sont trompés dans les conclusions déduites de leurs expériences. Ce n'est que depuis 1782 que M. Bertholet a décrit, avec beaucoup de soin et de clarté, les phénomènes de cette

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empêcher le mouvement du vase pendant la trituration. Elle pourrait servir en même tems pour la préparation du cérat, de la pommade au garou, et d'autres préparations semblables que l'on fait ordinairement dans des mortiers de marbre. Ces mortiers peuvent convenir également, mais il faudrait avoir l'attention de ne les jamais employer pour des médicamens destinés à l'usage intérieur.

altération spontanée. Son Mémoire a été inséré dans le Recueil de ceux de l'Académie le résultat des expériences de ce savant est connu : l'acidule tartareux dissout dans l'eau se décompose peu-à-peu, son acide se détruit et se convertit en mucilage qui se réduit en un très-petit volume par la dessiccation; la liqueur salin devient insensiblement alcaline, et fournit par la cristallisation du carbonate de potasse un peu haileux qui se charbonne au feu. J'ai eu occasion de remarquer cette décomposition de l'acidule tartareux (tartre brut) sur une partie de cinq à six cents livres, sans que ce sel fût dissout auparavant dans l'eau. Voici le fait.

J'ai fait venir de Montpellier, il y a quelques années, du tartre brut; il a été transporté par eau, où il paraît avoir été exposé à l'humidité. En arrivant ici, ce tartre était méconnaissable, humide, sentant le moisi; je m'aperçus, en l'examinant de plus près, qu'il n'avait plus de saveur acide. Ne sachant à quoi l'employer, je fis porter le baril sur un grenier, où je l'oubliai pendant deux ans à-peuprès. Il me tomba sous la main, il y a quelque tems, et je trouvai à ma grande surprise que toute la masse avait l'aspect d'une matière végétale décomposée, ressemblant au terreau, imprégnée de sel, et parsemée de cristaux trèsblancs et assez gros. J'ai séparé une certaine quantité de ces cristaux, et je les ai soumis, ainsi que la matière végétale, à l'analyse suivante..

Examen des cristaux.

A. La forme des cristaux de ce sel est prismatique ; sa saveur est alcaline, sans être caustique; il brunit le pa pier jaune de curcuma, et se dissout entiérement dans quatre fois son poids d'eau à la température ordinaire. Il se produit un froid très-considérable pendant la dissolution du sel.

B. En ajoutant à cette dissolution un acide quelconque,

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