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par la salamandre (1), ou aux qualités vénéneuses du lièvre marin. Les commentateurs ne sont point d'accord sur ce mollusque auquel ils donnent la figure d'une limace. Gorris a fait sur lui un traité particulier qui n'apprend rien. On croit que le lièvre marin est la laplasie, espèce de sèche munie d'un réservoir d'ancre, que M. Cuvier ne regarde point comme venimeuse, et qui a d'ailleurs une odeur si désagréable, qu'on ne peut être tenté d'en manger. Quoi qu'il en soit, le poëte grec indique comme antidotes, l'ellébore, la scammonée, le lait d'ànesse, les grenades, les olives et le vin doux.

Tel est, dans tous ses détails, le poëme des alexipharmaques; nul médecin, je pense, ne sera tenté d'imiter Nicandre, ou si quelque muse' didactique veut s'exercer sur la matière médicale, elle déguisera la sécheresse du fonds par les ornemens du cadre; c'est ce qu'aurait pu faire l'auteur moderne de Diabotanus et de la Thériacade, si, plus sévère dans sa composition, il eût suivi le précepte d'Horace :

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.

OBSERVATIONS

Sur les Alcohols; par M. ANTOINE, Pharmacien major de l'armée d'Espagne.

EXTRAIT PAR M. PLANCHE.

L'ALCOHOL, dit l'auteur, est toujours le même, quelle que soit la substance d'où on le retire. Les prétendues différences qu'on y remarque proviennent des proportions di

(1) Les remèdes indiqués contre les effets de la salamandre sont les larmes de pin, le miel, les graines d'ortie et d'orobe, le galbanum, le panicaut, la scamonée, le bouillon de tortue.

verses d'acide et d'une espèce d'huile qu'il tient en dissolution, et qui le fait blanchir avec l'eau distillée; tel est celui qu'on prépare avec le marc ou la lie de vin.

Après plusieurs tentatives infructueuses pour priver l'alcohol de ces substances étrangères et de son goût empyreumatique, M. Antoine dit avoir atteint le but qu'il se proposait, au moyen du procédé qui suit :

Il a fait traverser quatre pintes d'eau-de-vie de grains par demi-once d'acide muriatique oxigéné gazeux; après un repos de vingt-quatre heures, il a bien agité le mélange et l'a abandonné jusqu'au jour suivant. Il a séparé le précipité brun qui s'est formé, et a traité séparément cet alcohol avec les sous-carbonates de potasse, de soude et la craie, dans l'intention de saturer l'acide muriatique. La liqueur a été soumise à la distillation : la première moitié de l'alcohol obtenu avait une odeur suave et comme éthérée.

Le deuxième produit était moins agréable, et avait une légère saveur urineuse, que l'auteur attribue à l'excès d'alcali existant dans les sous-carbonates dont il s'est servi.

Il préfère pour cette raison le carbonate d'ammoniaque, comme ayant moins d'action sur l'esprit-de-vin.

Un deuxième moyen proposé par M. Antoine consiste dans l'emploi du muriate sur-oxigéné de potasse liquide qu'il prépare comme il suit :

Oxide noir de manganèse pulvérisé,

16 gram.

Acide sulfurique étendu de parties égales d'eau, 48
Muriate de soude,

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On reçoit le gaz qui se dégage de ce mélange dans un flacon contenant vingt-quatre grammes de carbonate de potasse, 7 hectogrammes 64 grammes d'eau pure. Le dégagement terminé, on mêle la totalité du liquide avec quatre litres d'eau-de-vie de grains ou de tout autre de mauvais goût; après vingt-quatre heures on retire, par la distillation, la quantité primitive de l'eau-de-vie employée.

M. Antoine a également essayé d'améliorer l'eau-de-vie

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de grains et celle de cidre sans avoir recours à la distillation.

Pour cela, il ajoute à chaque litre d'eau-de-vie douze ou quinze gouttes de résidu d'éther sulfurique, et il agite ce mélange; le lendemain il sature l'acide sulfurique par la potasse, et quelques jours après il décante la liqueur pour le séparer du sulfate de potasse qui s'est déposé sur les parois de la bouteille. Enfin le complément de cette opération qui, suivant l'auteur, donne un résultat assez satisfaisant, consiste à neutraliser l'acide malique avec l'ammoniaque.

On doit savoir gré sans doute à M. Antoine des efforts qu'il a faits pour rendre moins désagréables au goût les eaux-de-vie de marc et celles de grains avec lesquelles, comme il le dit très-bien lui-même, on ne peut faire de bonnes liqueurs de table; mais a-t-il vraiment atteint le but qu'il s'était proposé? Les moyens qu'il indique, en admettant qu'ils améliorent la qualité des eaux-de-vie, sont-ils assez simples en eux-mêmes, assez économiques, et surtout praticables par la majorité de ceux qui se livrent à ce genre de travail?

Le charbon proposé depuis long-tems par Lovitz, ́et employé depuis concurremment avec la craie par le Pharmacien en chef de l'armée d'Allemagne (1), ne serait-il pas préférable sous le rapport de la simplicité et de l'économie?

M. Antoine a fort bien observé que le gaz muriatique oxigéné passait à l'état d'acide muriatique simple en se combinant avec l'extractif de l'eau-de-vie; l'odeur éthérée qu'il a reconnue au premier produit de la distillation, mais dont il ne s'est pas rendu compte, prouve qu'il s'est formé une certaine quantité d'éther muriatique qui a éludé l'action des alcalis. Il en résulte, qu'en cherchant à purifier l'eau-de-vie, on y introduit une substance nouvelle qui,

(1) Voyez le No XI du Bulletin de pharmacie, page 502.

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pour n'être pas désagréable, change les propriétés de cette liqueur.

Le muriate oxigéné de potasse liquide, plus convenable peut-être sous ce rapport que l'acide muriatique oxigéné, n'ofle pas en somme assez d avantages réels pour balancer les dépenses et les soins qu'exige la préparation. On se demandera peut-être aussi pourquoi M. Antoine préfère à l'acide sulfurique pur le résidu déther, substance fétide, et par cela seul peu propre à corriger le mauvais goût des eaux-de-vie.

La fabrication des eaux-de-vie de grains est dans ce moment tellement importante dans les pays conquis, qu'on ne saurait savoir trop de gré aux chimistes qui s'occupent du perfectionnement de cette branche d'industrie. M. Antoine a trop de lumières et de zèle pour laisser imparfait un travail aussi intéressant, et qui répondra aux vues des négocians et des savans, lorsqu'il sera considéré sous le double rapport du commerce et de la théorie.

ANALYSE

De la racine de Bénotte (Geum urbanum, L.); PAR MM. MELANDRI ET MORETTI.

(Communiquée par M. PLANCHE).

L'ÉTENDUE du Mémoire des deux chimistes italiens ne permettant pas d'en donner un extrait suffisamment détaillé, nous nous contenterons de présenter ici les résultats principaux de leur analyse.

Ils ont fait agir d'abord l'eau froide, puis l'eau bouillante, la distillation avec l'eau, et enfin l'alcohol, sur la portion de racine insoluble dans l'eau à ces températures. Après avoir épuisé par ces deux agens tous les principes solubles, ils ont incinéré le résidu bien séché, et en ont analysé les cendres.

Deux onces de racine de geum urbanum réduites en poudre, et traitées par les moyens ci-dessus, ont produit:

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Les 603 grains de tissu ligneux notés dans ce tableau, ont produit par la combustion 29 grains de cendres, dans lesquelles l'analyse a fait reconnaître les substances suivantes.

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MM. Melandri et Moretti soupçonnant que quelques principes de la bénoîte pouvaient avoir échappé à leurs recherches par ce premier mode d'analyse, ont opéré d'une manière inverse; c'est-à-dire qu'au lieu de n'employer l'alcohol qu'avec la matière insoluble dans l'eau, ils ont fait agir directement ce menstrue (l'alcohol) sur la racine en substance. L'expérience leur a prouvé que cette dernière

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