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bes, du P. de la Chaise, confesseur du roi, et de plusieurs es personnages de marque. (1) Le 18 février de l'année ante, il recevait l'abjuration des demoiselles Gabrielle et naris de Beynac, filles du même marquis. La notoriété de la ille, l'éclat de cette conversion que suivit bientôt celle des res enfants du marquis et, peut-être, du marquis lui-même, erminèrent Fromentières à donner à cette cérémonie toute la ennité qu'elle méritait. Elle eut lieu dans le sanctuaire de glise abbatiale du couvent de Saint-Sever, en présence de vêque d'Aire, de l'Evêque nommé de Condom, d'un grand ncours de personnages de haute distinction et de gens du uple. (2) Tous les exercices personnels du culte protestant ssèrent dans le diocèse d'Aire, pendant l'épiscopat de Mgr de omentières (3); bientôt même il ne compta plus de temple blic où il fut encore pratiqué.

En même temps qu'il s'occupait de ces travaux apostoliques, hâtait ou achevait les embellissements qu'il avait entrepris à à cathédrale et à son évêché, faisait construire la chapelle e Ste-Anne, et prolongeait dans ses jardins les bâtiments de orangerie. Curieux des choses du passé, il s'attachait, avec un pin jaloux, à retrouver les vestiges que le temps n'avait pas ffacés, et à reconstituer l'histoire religieuse de son diocèse. Déjà n 1679, il s'était mis en relations avec le savant Bénédictin, lom Estiennot, et avait eu recours à ses lumières sur les questions hagiographie, qui intéressaient le diocèse d'Aire. (4) D'un (1) Gazette de France 5 avril 1681.

(2) Dom Buisson. Historia Monasterii Sancti Severi. T. I. page 100. La Gazette de France écrivait, à ce sujet, à la date du 4 mars 1682 : « on a eu avis de St Sever en Guyenne, diocèse d'Aire, que Gabrielle et Damaris de Beynac, filles du marquis de Beynac, y firent profession de la foi catholique, le 18 du mois dernier, entre les mains de l'Evêque, en l'église abbatiale des Bénédictins, en présence de l'Evêque de Condom, de tout le clergé séculier et régulier, de toute la noblesse du pays. » (3) Archive de la Gironde. Tome 18. Article Aire.

(4) Annales du Midi. Tom. II. page 81 à 84, art. de M. Tamizey de Larroque. C'est double fête d'entreprendre une étude sur le XVIIme siècle on est toujours sûr de rencontrer sur sa route M. Tamizey de Larroque, et de devenir l'obligé du plus aimable des érudits et du plus érudit des gentilshommes.

autre côté, il demandait aux riches collections de l'abbaye de Saint-Sever - Cap en Gascogne, les feuillets destinės à compléter la série historique des prélats qui s'étaient succédé jusqu'à lui, sur le siège épiscopal d'Aire. Il sentait que les souvenirs du passé constituent un patrimoine que les générations ne doivent pas laisser perdre.

On était en 1684, et Fromentières avait toujours en commende l'abbaye du Jard. Or, cette abbaye était trop éloignée pour qu'il put remplir les devoirs que la dignité abbatiale lui imposait. René de Pontacq, abbé de St-Sever en Gascogne, au diocèse d'Aire, venait de mourir à Bordeaux. Louis XIV donna l'abbaye de St-Sever à Fromentières, et celle du Jard au célèbre érudit Louis Dufour de Longuerue, 1er nov. 1684. (1) Mais, l'évêque d'Aire ne jouit pas de son nouveau titre ; il mourut même avant d'avoir pris possession de sa nouvelle abbaye, le 18 décembre suivant 1684. (2) Quelle fut la cause de sa mort, et comment mourut-il ? La notice annexée au cahier rouge, conservée à l'évêché d'Aire, assure que les chagrins abrégèrent ses jours. Faut-il croire que la santé de Fromentières, depuis longtemps affaiblie, n'avait jamais pu se rétablir; que les fatigues, les luttes, violentes parfois, de son épiscopat ne firent que développer les germes de maladie qui l'empêchèrent en 1681 de prêcher le carême, et hâter l'heure de sa mort? Je l'ignore: mais, en tout cas, c'est par une confusion de noms et de dates que l'abbé Légé (3) a pu dire de Fromentières qu'il était mort écrasé sous les pieds de ses chevaux. C'est le successeur de Fromentières à l'abbaye de St-Sever qui mourut de cette façon tragique. (4)

Fromentières n'avait pas ménagé sa santé ; il ne ménagea

(1) Le marquis de Dangeau écrit dans son Journal à la date du 1er nov. : « L'Evêque d'Aire eut une abbaye dans Aire nommée St Sevé et a laissé celle de Jare, près Melun, que le roi a donnée à Longuerue, exempt des gardes, servant depuis 18 mois auprès de Monseigneur. Il l'a demandée pour un de ses frères, qui est d'église et fort savant. »

(2) Journal de Dangeau, 25 déc. 1684. Gazette de France, janvier 1685. (3) Histoire des Castelnau. Tome II, page 345.

(4) Gallia Christiana. Tome I, col. 1181. « Ludov. Claudius de la Châtre... obiit anno 1699, die 24 maii, ab equis rhedæ conculcatus. »

pas davantage sa bourse. Je ne sais si le fils du seigneur des Etangs était riche quand il arriva dans son évêché : on pourrait du moins le penser avec assez de raison. Toujours est-il, qu'il mourut pauvre. Les constructions qu'il avait entreprises, les générosités qu'il faisait à son Clergé, les aumônes abondantes qu'il répandait dans le sein des pauvres, avaient épuisé ses ressources. Quand il mourut, tous ses créanciers n'avaient pas encore été désintéressés. Malgré l'opposition de sa famille, qui prétendait encore à ce maigre héritage, il fallut mettre aux enchères la chapelle du saint Evêque ; et l'on vit s'en aller dans les mains les plus diverses, pour un prix souvent dérisoire, les dépouilles du plus noble prélat que le siège d'Aire eût connu dans ce XVIIe siècle : sa montre avec chaîne et clef d'argent fut adjugée pour la somme de dix francs. (1) Celui qui avait si peu ménagé, durant sa vie, sa santé et sa fortune, aurait eu pourtant quelque droit d'échapper à ces humiliations d'outre-tombe.

(1) Tous ces détails sont tirés d'un acte passé devant Joseph de Peclaver, avocat et juge d'Aire et du Mas. Pièce communiquée par M. l'abbé Légé.

CHAPITRE II

SON CARACTÈRE

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Portrait physique de Fromentières. - Son portrait moral. Un mot de Nicolas Colbert. Réserve de Fromentières dans le monde. Milieux où nous le rencontrons le plus souvent. Rang à part que lui donne sa nature mélancolique. Exagérations de son tempérament, sa vivacité. Qualité's aimables que ce caractère nous révèle; bonté et charité persuasives, amour des pauvres. Ses vertus episcopales : fidélité à son église. Humilité manifestée à son lit de mort. Une heureuse fortune nous a mis en possession du cuivre sur lequel Van Schuppen (1) a gravé, en 1688, le portrait de l'Evêque d'Aire. La tête et le buste y sont représentés, encadrés dans un ovale qui porte en exergue: Messire Jean-Louis de Fromentières, Evêque et Seigneur d'Aire, mort à 52 ans, l'an 1684. L'ovale est noué au bas du portrait par les armes de l'Evêque, qui sont aussi celles de sa famille : d' à deux bandes argent de gueules. Le tout repose sur un socle peu élevé qui forme piédestal, et répète exactement la légende citée plus haut. Au coin, à gauche, sur la partie supérieure du piédestal, l'artiste a mis son nom avec la date : Van Schuppen faciebat, 1688.

Le visage est pris de trois quarts. Une riche chevelure ombrage le sommet du front, couvre les oreilles et descend sur les épaules en boucles opulentes. L'œil est profond, ferme et vif, le nez fort, légèrement écrasé aux narines, la bouche moyenne et tranquille. Le menton d'une ligne très pure termine harmonieusement l'ovale de la figure, qui n'a rien de sec, de

(1) René Van Schuppen, né à Anvers, 1623, mort à Paris, 1707, fut élève de Nanteuil.

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