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eft-ce que le faint Efprit vous donnant les affections auant la confideration, vous ne deuez pas recercher la cofideration, puis qu'elle ne fe fait que pour efmouuoir l'affectio. Bref toufiours quand les affections fe prefenteront à vous, il les faut receuoir, & leur faire place, foit qu'elles arriuent auant, ou apres toutes les confiderations. Et quoy que i'aye mis les affections apres toutes les confiderations, ie ne l'ay faict que pour mieux diftinguer les parties de l'oraifon car au demeurant, c'eft vne regle generale qu'il ne faut iamais retenir les affections, ains les laiffer toufiours fortir, quand elles fe prefentent. Ce que ie dis non feulement. pour les autres affections, mais auffi pour l'action de graces, l'offrande & la priere, qui fe peuuent faire parmy les confiderations; ne les faut non plus retenir que les autres affections, bien que par apres, pour la conclufion de la meditation, il faille les repeter & reprendre. Mais

quand aux refolutions, il les faut faire. apres les affections, & fur la fin de toute la meditation, auant la conclufion d'autant qu'ayans à nous reprefenter des objects particuliers & familiers, elles nous mettroyēt en danger fi nous les faifons parmy les affections, d'entrer en des diftractions.

Emmy les affections & refolutions, il est bon d'vfer de colloque, & parler tantoft à noftre Seigneur, tantoft aux Anges, & aux perfonnes reprefentees aux mysteres, aux Saincts, & à foy-mefme à fon cœur, aux pecheurs, & mefme aux creatures infenfibles, comme l'on void que Dauid fait en fes Pfeaumes, & les autres Saincts en leurs meditations & oraifons.

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'IL vous arriue, Philothee, de n'auoir point de gouft ny de confolation en la meditation, ie vous conjure de ne vous point troubler mais quelque-fois ouurez la porte aux parolles vocales lamentez-vous de vous-mefme à noftre Seigneur: confeffez voftre indignité, priez-le qu'il vous foit en aide, baisez fo image, fi vous l'auez, dites-luy ces parolles

de Iacob, fi ne vous laifferay-ie point, Seigneur, que vous ne m'ayez donné vostre benediction ou celles de la Cananée: Our, Seigneur, ie fuis vne chienne, mais les chiens manget des miettes de la table de leur maiftre.

Autresfois prenez vn liure en main, & le lifez auec attention, iufques à ce que voftre efprit foit refueillé & remis en vous picquez quelquefois voftre cœur par quelque contenance & mouuement de deuotion exterieure, vous profternant en terre, croifant les mains fur l'eftomach, embraffant vn Crucifix, cela s'entend, fi vous eftes en quelque lieu retiré. Que fi apres tout cela, vous n'eftes point confolee, pour grande que foit voftre feichereffe, ne vous troublez point, mais continuez à vous tenir en vne contenance deuote deuant voftre Dieu. Combien de Courtifans y a-il, qui vont cent fois l'annee en la chambre du Prince, fans efperance de luy parler mais feulement pour estre

veus de luy, & rendre leur deuoir? Ainfi deuons-nous venir, ma chere Philothee, à la faincte oraifon purement & fimplement, pour rendre noftre deuoir, & tefmoigner noftre fidelité. Que s'il plaift à la diuine Majefté de nous parler & s'entretenir auec nous par fes fainctes inspirations & confolations interieures, ce nous fera fans doute vn grad hōneur, & vn plaifir trefdelicieux; mais s'il ne luy plait pas de nous faire cette grace, nous laiffans là fans nous parler, non plus que s'il ne nous voyoit pas : & que nous ne fuflions pas en fa prefence, nous ne deuons pourtant pas fortir, ains au contraire, nous deuons demeurer là deuant cefte fouueraine bonté, auec vn maintien deuotieux & paifible, & lors infailliblemet il agreera noftre patience, & remarquera noftre affiduité & perfeuerance fi qu'vne autre fois quand nous reuiendrons deuant luy, il nous fauorifera, & s'entretiendra auec nous par fes confolations, nous faifant voir l'amoenité

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