Itinerarium, a de grandes beautés. On y trouve, dit Dom RIVET, que le feu qui animait les poètes du bon siècle n'était pas encore éteint, ou que du moins il restait quelque chaleur sous les cendres. L'Auteur étale partout une imagination riche; il s'exprime avec noblesse; ses pensées sont neuves, sages et toujours vraies; rien ne languit, rien ne fatigue: je n'en donnerai pour preuve que les vers suivans; il parle de ces anciens monumens dont les vestiges informes ne laissent pas que d'annoncer encore la grandeur romaine : Agnosci nequeunt oevi monumenta prioris, Cernimus exemplis oppida posse mori. On croit que c'est autant à RUTILIUS qu'à Malherbe que Scarron doit l'idée de ce Sonnet tant répété : Superbes monumens de l'orgueil des humains, dont la chute est la parodie du distique de RUTILIUS: Non indignemur, etc. Il n'est rien à la fin que le tems ne dissoude : Dois-je trouver mauvais qu'un méchant pourpoint noir, Ve. Siècle. SEDULIUS est connu par son Paschale Carmen, qui contient la Vie de J.-C., et a été imprimé, avec d'autres poésies latines, chez les Alde, en 1502, in-8°. (1). Ce Poète vivait vers 430. SEDULIUS dulcis, a dit FORTUNAT. (1) Il est aussi dans le Corpus Poetarum de Maittaire, et dans la Bibl. 'des Pères. MERLIN, l'Enchanteur, si célèbre à la cour du roi Artur, dans les romans de la Table ronde, naquit à l'île' de Sein. (FORCATUL. De Gallor. Imperio. 1579.) « Artur dut à cet ami fidèle les succès qui le rendirent si fameux. MERLIN le servit tantôt sous la forme d'un nain, d'un varlet, tantôt sous celle d'un cerf. Il disparut, contraint, par un charme invincible, d'obéir à Viviane, sa mie. La forêt de Brocéliande (1) lui sert encore de de (1) Ou Bressélian, aujourd'hui la Forêt de Lorges ( près Quintin dans le département des Côtes-du-Nord ). Si nous en croyons les Auteurs des XII. et XIII. siècles, dit M. De La Rue, les fées bretonnes résidaient alors dans cette forêt sacrée. Il n'était question que des prodiges qu'elles y opéraient. Robert Wace, qui avait mis en vers le premier Roman de la Table Ronde, (Le Bruty-Breuhined.) en 1155, entendit tant parler de ces fées qu'il prit le parti d'aller en Bretagne pour vérifier les bruits publics. C'est dans son Roman de Guillaume le Conquérant qu'il parle de ce voyage. Il y fait mention des animaux effrayans qui l'habitaient, des orages des tempêtes qu'on occasionnait en répandant quelques gouttes d'eau de la fameuse fontaine de Baranton; enfin de tous les prodiges vus dans cette forêt et dont tout le monde s'entretenait alors. Mais cet Auteur, qui, dans ces détails, n'était que l'écho d'une tradition mythologique encore existante de son tems, ne manque pas surtout de nous parler des fées de la forêt de Brocéliande et des merveilles qu'on leur attribuait, Enfin il convient que, pour les admirer, il avait été sur les lieux; qu'il les avait parcourus, et qu'il n'avait rien vu. Alors le dépit s'en mêle, il est honteux de sa crédulité, il rougit de son Joyage, et en termine les détails par ces vers naïfs: Là allai-je merveilles quere, Fol y allai, fol m'en revins ; Hugues de Méry, dans son Poème du Tournoiement de l'Ante meure; il y vit enchanté, enclos, invisible, à l'ombre d'un bois d'aubépine. « Viviane avait essayé sur MERLIN le charme qu'elle avait appris de lui-même, sans croire qu'il pût opérer elle se désespéra quand elle vit qu'à jamais celui qu'elle adorait était perdu pour elle; que l'enchantement qui le ravissait à sa tendresse était indestructible, irrévocable.... (CAMBRY. )» On assure que Messire Gauvin et quelques chevaliers de la Table ronde cherchèrent partout le Magicien célèbre, mais en vain; Gauvin seul l'entendit, mais ne put le revoir dans la forêt de Brocéliande. Telle est l'Histoire fabuleuse et romanesque de cet Écrivain du Ve siècle, dont nous avions des Prophéties en langue bretonne (1). GEOFFROY DE MONTMOUTH les traduisit vers 1135, et le docteur ALAIN DE L'ISLE en a donné une savante interprétation, en 1171, sous le titre d'Explanationes in Prophetias MERLINI; Francofurti, 1608, in-8o. On a publié l'Histoire de la Vie, Miracles et Prophéties de MERLIN (Traduction attribuée à Robert DE BORRON, OU DE BOURRON.) Paris, Anth. VÉRARD, 1498, 3 vol., petit in-fo. goth.; Ire. éd. fort rare. Roman de MERLIN l'Enchanteur, remis en bon français par M. S. BOULARD, Paris, 1797, 3 vol. in-12. GUINCLAN, Astrologue, si connu encore de nos basbretons, qui l'appellent le Prophète, vivait entre Roc'h 'Christ; Guillaume Le Breton, dans sa Philippide, et Gautier de Metz, dans son Image du Monde, décrivent au long les merveilles de la forêt de Bressélian ou Brocéliande. (1) Avant d'engager la fameuse bataille des Trente, en 1351, on consulte les Prophéties de MERLIN, qui promettent la victoire aux anglais; mais ils furent vaincus dans la plaine d'Helléan, entre Ploërmel et Josselin D. Morice. ). Hellas et le Porz-Guen, au pays de Goëllo (1). Il prédit, vers 450, les révolutions des deux Bretagnes et la gloire dont il devait jouir dans la postérité. « L'avenir, disait il, entendra parler de GUINCLAN; un jour les descen» dans de Brutus (2) élèveront leur voix sur Menez Bré (3); » ils s'écrieront, en regardant cette montagne : ici habita » GUINCLAN. Ils admireront et les générations qui ne » sont plus, et les tems dont je sus sonder les profon › deurs. » GUINCLAN avait annoncé la peste qui désola Guingamp et ses environs, en 1486: Ils mourront tous par bandes, sur Menez Bré par troupes. Les Prophéties de GUINCLAN étaient en vers bretons. Grégoire DE ROSTRENEN (4) dit les avoir vues, en 1701, à l'Abbaye de Landévénec, entre les mains de Dom Louis LE PELLETIER; mais ces deux savans n'ont pas songé à reproduire ce précieux monument de notre langue. L'ANONIME des Actes des Saints Donatien et Rogatien martyrs, à Nantes, vivait au milieu de ce siècle. (1) C'est le pays de Tréguier. (2) Les Bretons. (3) Montagne près de Guingamp. « Son (4) Grammaire bret., préface p. xvj; Dict. breton, vo. GUINCLAN. « Ce que j'ai trouvé de plus ancien sur la langue celtique, ou bretonne, dit ce Capucin, ça été le livre manuscrit, en rimes bretonnes, des Prédictions de GUINCLAN, Astronome, très-fameux encore aujourd'hui parmi les bretons, qui l'appellent communément le Prophète GUINGLAN. H marque, au commencement de ces Prédictions, qu'il écrivait l'an du salut 450.... Il prédit ce qui est arrivé depuis dans les deux Bretagnes. » Histoire est estimée, grave et sincère, tant pour le style que pour les pensées. Il ne s'y trouve point de faits extraordinaires et incroyables; elle est bien écrite, et avec beaucoup de piété. » (1) Cette Histoire est dans BOLLANDUS, au 24 Mai. EUSÈBE, Évêque de Nantes, en 461. On lui attribue quelques-unes des Homélies publiées sous le nom d'EuSÈBE D'EMÈRE. ( Dans la Bibl. des Pères.) PALLADE, Diacre bas-breton, écrivit contre le Pélagianisme, dans le Ve. siècle. Un certain Agricole, pélagien, fils de Séverien, Évêque de Bretagne, avait su tellement s'insinuer dans l'esprit des gens de sa nation qu'il avait infecté de son hérésie presque toutes les églises du pays. VICTURIUS, Évêque du Mans. - Lettre aur Évéques de Bretagne (2); (Imprimée dans DUCHESNE, tom. 2 du Recueil des Hist. de France, p. 439.). ERECH, Roi d'Armorique, cultivait les sciences. Ses Lettres à S. Sydoine étaient très-bien écrites (3). Ce prince périt en 472, à la tête de douze mille bretons, dans un combat qu'il livra aux Alains, aux Saxons et aux Goths. --FAUSTE, Évêque de Riez, né en Basse-Bretagne, en 390, et mort en 485, ne nous a laissé de ses nombreux ouvrages (4) qu'un petit livre des Creatures, Libel (1), D. Rivet, t. 2, p. 407. (2) D. Rivet dit aux évêques de sa province, ce qui annonce assez que VICTURIUS était de Bretagne. (3) S. Sydoine Apollinaire, Epist., lib. 3. (4) Il les dédiait à ses chers compatriotes. Legi volumina tua, dit S. Sydoine, Ep. 9, que Riocatus ( S. Riok ) Britannis tuis prote reportat. |