AVERTISSEMENT. LE désir de connaître les hommes de lettres de la Bretagne m'a fait rédiger, dans mes momens de loisir, ce Recueil de Notices. Je ne l'avais d'abord entrepris que pour mon utilité particulière; mais quelques personnes en ayant jugé la lecture instructive, leur suffrage m'a déterminé à le rendre public. Il sera peut-être de quelque intérêt pour les amateurs de la Littérature bretonne. Ils verront que cette langue a été cultivée, dès les premiers siècles de l'Ere chrétienne (1), et qu'il existait, long-tems avant l'aurore de la Poésie romane, des Poèmes et des Histoires en bas-breton, tels que les Prophéties de GUINCLAN, la Chronique du BRUT (2), les Romans de TRISTAN, de LANCELOT et d'AMADIS. (1) On s'en servait même dans les Hymnes de l'Église, comme l'annonce ce passage des Morales de S.-GRÉGOIRE le Grand, liv. 27, ch. 7: Eccè lingua Britanniæ, quæ nihil aliud noverat quàm barbarum frendere, jamdudùm in divinis laudibus hæbræum cæpit Halleluya resonare. (2) Ou BRUTY BREUHINED; V. p. 18. Depuis cette époque jusqu'à nos jours, la Littérature a éprouvé, en Bretagne, les mêmes révolutions que dans les autres Provinces du Royaume. Elle a donné à la république des lettres un grand nombre de Théologiens, de Jurisconsultes et de Littérateurs. C'est parmi ces derniers que l'on compte LE SAGE, dont les productions ingénieuses sont connues de l'Europe entière. Je devais, dans le principe, parler, dans ces Notices, des guerriers et autres grands hommes de la Bretagne; mais ce projet a surpassé mes forces, et je me suis restreint dans de plus justes limites, en n'embrassant que la partie des lettres, des sciences et des arts. J'ai cependant parlé des hommes de guerre qui se sont fait connaître par quelques écrits, et, en rendant compte de leurs Ouvrages, je n'ai point passé sous silence le récit de leurs exploits. Si j'ai dû adopter l'ordre chronologique, comme étant le plus généralement suivi dans les Biographies de Province, je me suis attaché à satisfaire tous les lecteurs en ajoutant deux tables à la fin du volume : l'une par AVERTISSEMENT. iij ordre alphabétique, et l'autre suivant le lieu de la naissance des différens personnages; par ce moyen, on pourra entreprendre la lecture des articles de la manière qu'on jugera la plus convenable. Plusieurs de ces articles pourront paraître un peu courts, d'autres, au contraire, trop longs dans le premier cas, je dirai qu'il n'a pas toujours dépendu de moi de me procurer les renseignemens que j'ai sollicités ; dans le second, l'intérêt dont certaines Notices étaient susceptibles m'a souvent fait passer les bornes que je m'étais prescrites. Au reste, j'ai tâché de réunir sur un même Ecrivain tout ce qui pouvait piquer la curiosité, et, dans cette vue, j'ai mis à contribution Biographies, Journaux, Mémoires, Eloges historiques, etc., etc. J'ai cité entre autres, comme on le verra dans le cours de l'Ouvrage, les Bibliothèques des Carmes, des Jésuites et des Bénédictins; les Bibliothèques de LA CROIX DU MAINE et de DUVERDIER; les Dictionnaires de MORERI et de BAYLE; Dom RIVET, CHAUDON, et la Biographie des frères MICHAUD. Tels sont à peu près les secours que je me suis procurés pour mettre cet Ouvrage en état d'être présenté au public. Quand même je pourrais me flatter d'obtenir de sa part un regard favorable, je suis bien éloigné de croire que mon plan ait été exécuté dans toute sa perfection. Le champ était trop vaste pour que j'aie pu le parcourir en entier; mais j'espère qu'éclairé par une critique équitable et désintéressée, je serai en état de rectifier mes erreurs, de faire même des augmentations, dans un Supplément; et si mes forces, ou des occupations différentes, ne me permettent pas de me livrer à cette seconde entreprise, je m'estimerai heureux que des mains plus habiles et plus à portée des secours littéraires se chargent de compléter le tableau de nos Ecrivains. |