Ainsi, quand une femme a sa tête fantasque, Et lors un... certain vent, qui, par... de certains flots, C'est fort bien raisonner. ERASTE. GROS-RENÉ. Assez bien, Dieu merci.1 Mais je les vois, monsieur, qui passent par ici. ERASTE. Ne te mets pas en peine. GROS-RENÉ. J'ai bien peur que ses yeux resserrent votre chaîne. SCENE III. LUCILE, ERASTE, MARINETTE, GROS-RENÉ. MARINETTE. Je l'aperçois encor, mais ne vous rendez point. temps de Molière veut que l'acteur qui fait le personnage du Gros-René indique le plafond pour montrer la cave, et le plancher pour montrer le grenier, ce contre- sens dans les gestes achevant de révéler la confusion dans les idées. Cette tirade est fort propre, du reste, à exercer le talent des acteurs. Les plus habiles, les maîtres de la scène, par l'art de ménager leur voix, la gaieté et la variété des intonations, la verve et le naturel du débit, y trouvent une occasion de se faire vivement applaudir. 1. Gros-René a raison d'être fier de ce galimatias, que par la suite presque tous les personnages de valets, les Frontin, les Crispin imiteront, et qui ne manquera jamais d'obtenir un franc succès de rire. Disons cependant qu'il en existoit déjà plus d'un modèle. LUCILE. Ne me soupçonne pas d'être foible à ce point. Il vient à nous. MARINETTE. ERASTE. Non, non, ne croyez pas, madame, Un courroux si constant pour l'ombre d'une offense Et je dois vous montrer que les traits du mépris Je l'avouerai, mes yeux observoient dans les vôtres Les auroit préférés à des sceptres offerts.1 Oui, mon amour pour vous, sans doute, étoit extrême: Je vivois tout en vous; et, je l'avouerai même, VAR. M'a trop bien éclairci de votre indifférence (1682). 1. Ces fers préférés à des sceptres offerts figurent souvent dans les scènes amoureuses de nos vieilles comédies. On trouve dans les Menechmes de Rotrou : Mon cœur est tout de flamme, et des sceptres offerts Mais enfin il n'importe; et puisque votre haine Chasse un cœur tant de fois que l'amour vous ramène, C'est la dernière ici des importunités Que vous aurez jamais de mes vœux rebutés. LUCILE. Vous pouvez faire aux miens la grâce tout entière, ÉRASTE. Hé bien! madame, hé bien! ils seront satisfaits. LUCILE. Tant mieux : c'est m'obliger. ERASTE. Non, non, n'ayez pas peur Que je fausse parole; eussé-je un foible cœur LUCILE. Ce seroit bien en vain. ÉRASTE. Moi-même de cent coups je percerois mon sein, Si j'avois jamais fait cette bassesse insigne LUCILE. Soit; n'en parlons donc plus. ERASTE. Oui, oui, n'en parlons plus; Et, pour trancher ici tous propos superflus Et vous donner, ingrate, une preuve certaine Que je veux, sans retour, sortir de votre chaîne, Voici votre portrait: il présente à la vue Cent charmes merveilleux dont vous êtes pourvue;' Bon. GROS-RENÉ. LUCILE. Et moi, pour vous suivre au dessein de tout rendre, Voilà le diamant que vous m'aviez fait prendre. MARINETTE. Fort bien. ÉRASTE. Il est à vous encor, ce bracelet. LUCILE. Et cette agate à vous, qu'on fit mettre en cachet. (( ÉRASTE lit: « Vous m'aimez d'une amour extrême, Éraste, et de mon cœur voulez être éclairci: « Si je n'aime Éraste de même, « Au moins aimé-je fort qu'Éraste m'aime ainsi. « LUCILE. » Vous m'assuriez par là d'agréer mon service; LUCILE lit: (Il déchire la lettre. ) J'ignore le destin de mon amour ardente, « Et jusqu'à quand je souffrirai ; VAR. Cent charmes éclatants dont vous êtes pourvue (1682). |