DE LA VILLE

DE

HONFLEUR

PAR

P.-P.-U. Thomas,

Ancien Commissaire de Marine,

MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE STATISTIQUE
UNIVERSELLE,

CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ LIBRE D'ÉMULATION DE ROUEN, DE LA
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE FALAISE, ET DE PLUSIEURS AUTRES
CORPS SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES.

E. DUPRAY, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, ÉDITEUR,

ET CHEZ LES PRINCIPAUX LIBRAIRES.

1840.

1065.

BIBL

INTRODUCTION.

OUS

l'avons dit ailleurs: Les réunions d'hommes, comme les familles, comme les particuliers, aiment à conserver le souvenir des aïeux, à se retracer les

faits qui les ont honorés, qui se sont passés aux lieux où l'on a pris naissance. C'est un enseignement, un exemple, un encouragement, une gloire. Dégénérer serait une honte, égaler au moins ceux qui nous ont précédés dans la vie est un devoir, les surpasser un besoin.

Et cependant, si quelque ligne de l'histoire générale de la France, si quelque phrase de l'his

toire de la province de Normandie montrent aux yeux le nom de la ville de Honfleur, ce n'est qu'un mot.... On demande l'époque de sa naissance? Rien ni personne ne répondent à cette question, ou bien l'on remonte jusqu'à Jules-César, dont les légions n'ont point foulé notre rivage. On demande quand ont été établies les fortifications dont il reste quelques ruines? On répond par la date de leur destruction. Nos marins ont joui, il y a quatre siècles, d'une haute réputation; c'est ailleurs que chez nous qu'il en faut chercher la preuve. A peine si l'on se souvient de ceux qui se sont distingués, soit dans les batailles navales, soit dans des voyages commerciaux ou de découvertes. On a perdu le souvenir du grand développement qu'avait pris le commerce maritime.

Cependant le temps marche, les titres se perdent ou s'égarent, tant on a mis peu de soin à les conserver; ceux qui restent deviennent illisibles, tant la forme des caractères a changé, tant les éléments matériels des vieilles chroniques étaient défectueux. Les traditions s'altèrent en s'éloignant de leur source; les événements se confondent, les dates s'oublient, et l'on ne sait presque plus rien des siècles qui ont précédé l'âge où nous vivons. Les monuments même qui nous aideraient à marcher en