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N° 5.

LE DÉLÉGUÉ DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

AU MINISTRE DE FRANCE A FLORENCE.

(Télégramme.)

Tours, le 15 novembre 1870.

Il serait important que le Gouvernement italien de mandât au cabinet de Londres d'activer son action en faveur de l'armistice pour arriver à obtenir le principe du ravitaillement. Alors M. Thiers pourrait retourner à Versailles. La présence de M. Odo Russell au quartier général prussien est une circonstance très-favorable dont il serait utile de profiter sans retard. Il deviendrait un intermédiaire naturel, au nom des Neutres, entre la France et la Prusse.

Signé: CHAUDORDY.

No 6.

LE DÉLÉGUÉ DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES AU CHARGÉ D'AFFAIRES DE FRANCE A LONDRES.

Tours, le 47 novembre 1870.

Monsieur,

Je fais de mon mieux pour vous tenir au courant de l'ensemble de notre situation politique. Elle n'a pas

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changé depuis les dépêches que je vous ai adressées le 14 de ce mois. En ce qui regarde l'armistice, je me suis de nouveau entretenu avec M. l'ambassadeur d'Angleterre de l'utilité qu'il y aurait à profiter de la présence de M. Odo Russell à Versailles pour y appuyer le principe du ravitaillement. Vous verrez, par les copies des télégrammes ci-joints, qu'à Vienne comme à Florence, on agit avec zèle dans le sens que nous désirons. Recevez, etc.

Signé: CHAUDORDY.

No 7.

LE DÉLÉGUÉ DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

AU CHARGÉ D'AFFAIRES DE FRANCE A LONDRES.

Tours, le 6 décembre 4870.

Monsieur,

La situation actuelle est d'une telle gravité que j'ai cru devoir adresser à Vienne la dépêche télégraphique que vous trouverez ci-jointe et qui est pour votre information personnelle. Il est nécessaire, en effet, que chacune des grandes puissances sur lesquelles la France avait quelque droit ou quelque espoir de pouvoir compter, soit mise en demeure d'apprécier ce qu'elle doit faire. Vous parlerez à lord Granville de nos anciennes relations d'amitié avec l'Angleterre, de notre alliance pour une grande

guerre encore récente, de nos traités de commerce conçus dans un sens d'union, et vous lui ferez voir combien le sort et l'avenir de son pays sont liés aux nôtres. Je vous laisse le soin de développer ces idées, bien convaincu que vous vous en acquitterez avec le zèle et l'intelligence qui pourront leur assurer plus de poids. Agissez au besoin auprès des autres ministres. .

Que l'on reprenne l'idée de l'armistice avec un ravitaillement, afin que nous puissions faire des élections; qu'on se rapproche plus intimement de nous et qu'en somme on nous aide dans la mesure qu'on croira utile. Le sort de toute l'Europe en dépend, cela est certain. Si l'on voulait sortir de l'aveuglement et de l'isolement dans lesquels on s'obstine, il y aurait place aujourd'hui pour une action considérable combinée de façon à épargner à l'Europe les plus grands malheurs. Telles sont les considérations que je vous demande de faire valoir. Je les ai présentées à M. l'Ambassadeur d'Angleterre qui a dù les communiquer à son Gouvernement, et je vous prie de me faire connaitre sans retard ce qui vous aura été répondu.

Recevez, etc.

Signé: CHAUDORDY.

N° 8.

LE DÉLÉGUÉ DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES A M. LE CHARGÉ D'AFFAIRES DE FRANCE Λ FLORENCE.

Télégramme.)

Tours, le 6 décembre 1870.

Voyez le ministre des Affaires étrangères et dites-lui que nous faisons un appel direct à l'Italie. Faites-lui comprendre l'intérêt qu'il y a à ne pas laisser écraser la France. Les complications qui peuvent en résulter entraîneront tous les États, les uns après les autres, dans les crises les plus graves. Rappelez-lui les services que nous avons rendus à l'Italie, notre communauté de races et d'intérêts. Voyez au besoin les autres ministres et le Roi si vous le jugez utile. Il faudrait arriver à

tout prix à une action combinée; autrement le repos de l'Europe est perdu pour longtemps.

Signé CHAUDORDY.

No 9.

LE DÉLÉGUÉ DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES AU CHARGÉ D'AFFAIRES DE FRANCE A ROME.

(Télégramme.)

Tours, le 8 décembre 1870.

Je suis, comme vous, d'avis qu'il est très-important que les démarches du Pape restent secrètes. Il serait non moins essentiel que l'on pût commencer par un armistice, même de quinze jours, avec ravitaillement, afin de donner à Paris le temps de se reconnaître et afin de calmer les esprits. Tout deviendrait alors plus facile. La grande fête de Noël serait, il me semble, bien naturellement choisie. Il y aurait comme une vraie Trêve de Dieu que le Saint-Père offrirait au monde, et qu'il me paraît impossible qu'on veuille refuser au quartier général prussien. Cela rendrait également plus aisé le choix du ou des négociateurs de la paix future, dont les chances deviendraient sérieuses. La Chambre, réunie immédiatement, assurerait en outre aux négociations l'appui et la consécration du pays.

Signé CHAUDORDY,

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