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point, à la vérité, des lois de leur seul mouvement; mais ils suspendoient la pratique de celles qui étoient faites..

L'édit de Clotaire redressa tous les griefs. Personne ne put plus être condamné sans être entendu a; les parents durent toujours succéder selon l'ordre établi par la loi ; toutes préceptions pour épouser des filles, des veuves ou des religieuses, furent nulles, et on punit sévèrement ceux qui les obtinrent et en firent usage . Nous saurions peutêtre plus exactement ce qu'il statuoit sur ces préceptions, si l'article 13 de ce décret et les deux suivants n'avoient péri par le temps: nous n'avons que les premiers mots de cet article 13, qui ordonne que les préceptions seront observées; ce qui ne peut pas s'entendre de celles qu'il venoit d'abolir par la même loi. Nous avons une autre constitution du même prince, qui se rapporte à son édit, et corrige de même de point en point tous les abus des préceptions.,

Il est vrai que M. Baluze, trouvant cette constitution sans date et sans le nom du lieu où elle a été donnée, l'a attribuée à Clotaire I. Elle est de Clotaire II. J'en donnerai trois raisons.

1o. Il est dit que le roi conservera les immunités accordées aux églises par son père et son aïeul. Quelles immunités auroit pu accorder aux

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d Dans l'édit. des Capitulaires de Baluze, tome 1, p. 7. e J'ai parlé au livre précédent de ces immunités, qui étoient des concessions de droits de justice, et qui contenoient des défenses

églises Childéric, aïeul de Clotaire I, lui qui n'étoit pas chrétien, et qui vivoit avant que la mo◄ narchie eût été fondée? Mais si l'on attribue ce décret à Clotaire II, on lui trouvera pour aïeul Clotaire I lui-même, qui fit des dons immenses aux églises pour expier la mort de son fils Cramne, qu'il avoit fait brûler avec sa femme et ses enfants.

2o. Les abus que cette constitution corrige subsistèrent après la mort de Clotaire I, et furent même portés à leur comble pendant la foiblesse du règne de Gontran, la cruauté de celui de Chilpéric, et les détestables régences de Frédégonde et de Brunehauld. Or, comment la nation auroit-elle pu souffrir des griefs si solemnellement proscrits, sans s'être jamais récriée sur le retour continuel de ces griefs? Comment n'auroitelle pas fait pour lors ce qu'elle fit, lorsque Chilpéric II ayant repris les anciennes violences a, elle

le pressa d'ordonner que, dans les jugements, on

suivit la loi et les coutumes, comme on faisoit an→ ciennement b?

Enfin cette constitution, faite pour redresser les griefs, ne peut point concerner Clotaire I, puisqu'il n'y avoit point sous son règne de plaintes dans le royaume à cet égard, et que son autorité y étoit très-affermie, sur-tout dans le temps

aux juges royaux de faire aucune fonction dans le territoire, et étoient équivalentes à l'érection ou concession d'un fief.

a Il commença à régner vers l'an 670.
Voyez la vie de S. Léger.

où l'on place cette constitution; au lieu qu'elle convient très-bien aux événements qui arrivèrent sous le règne de Clotaire II, qui causèrent une révolution dans l'état politique du royaume. Il faut éclairer l'histoire par les lois, et les lois par l'histoire.

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CHAPITRE II I.

Autorité des maires du palais.

'AI dit que Clotaire II s'étoit engagé à ne point ôter à Warnachaire la place de maire pendant sa vie. La révolution eut un autre effet. Avant ce temps le maire étoit le maire du roi, il devint le maire du royaume; le roi le choisissoit, la nation le choisit. Protaire, avant la révolution, avoit été fait maire par Théodorica, et' Landéric par Frédégonde ; mais, dépuis, la nation fut en possession d'élire c.

Ainsi il ne faut pas confondre, comme ont fait quelques auteurs, ces maires du palais avec ceux qui avoient cette dignité avant la mort de Brunehauld, les maires du roi avec les maires du

a Instigante Brunichilde, Theoderico jubente, etc. Frédé gaire, ch. XXVII, sur l'an 605.

b- Gesta regum Francorum, ch. XXXVI.

• Voyez Frédégaire, chronique, ch. LIV, sur l'an 626; et son continuateur anonyme, ch. CI, sur l'an 695; et ch. CV, sur l'an 715; Aimoin, liv. IV. ch. XV; Eginhard, vie de Charlemagne, ch. XLVIII; Gesta regum Francorum, ch. XLV.

royaume. On voit, par la loi des Bourguignons, que chez eux la charge de maire n'étoit point une des premières de l'étata; elle ne fut pas non plus une des plus éminentes chez les premiers rois francs b.

Clotaire rassura ceux qui possédoient des charges et des fiefs; et, après la mort de Warnachaire, ce prince ayant demandé aux seigneurs assemblés à Troyes, qui ils vouloient mettre en sa place; ils s'écrièrent tous qu'ils n'éliroient point; et, lui demandant sa faveur, ils se mirent entre ses mains.

Dagobert réunit, comme son père, toute la monarchie la nation se reposa sur lui, et ne lui donna point de maire. Ce prince se sentit en liberté; et, rassuré d'ailleurs par ses victoires, il reprit le plan de Brunehauld. Mais cela lui réussit si mal, que les leudes d'Austrasie se laissèrent battre par les Sclavons d, s'en retournèrent chez eux,

et

a Voyez la loi des Bourguignons, in praefat. et le second supplément à cette loi, tit. XIII.

b Voyez Grégoire de Tours, liv. IX, ch. XXXVI.

c Eo anno, Clotarius cum proceribus et leudibus Burgundiae Trecassinis conjungitur, cum eorum esset sollicitus si vellent jam, Warnachario discesso, alium in ejus honoris gradum sublimare sed omnes unanimiter denegantes se nequaquam velle majorem domus eligere, regis gratiam obnixe petentes, cum rege transegere. Chron. de Frédégaire, ch. LIV, sur l'an 626.

d Istam victoriam quam Vinidi contra Francos meruerunt, non tantum Sclavinorum fortitudo obtinuit, quantum dementatio

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et les marches de l'Austrasie furent en proie aux barbares.

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Il prit le parti d'offrir aux Austrasiens de céder l'Austrasie à son fils Sigebert avec un trésor, et de mettre le gouvernement du royaume et du lais entre les mains de Cunibert, évêque de Cologne, et du duc Adalgise. Frédégaire n'entre point dans le détail des conventions qui furent faites pour lors : mais le roi les confirma toutes par ses chartres, et d'abord l'Austrasie fut mise hors de danger a.

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Dagobert, se sentant mourir, recommanda à Aega sa femme Nentechilde et son fils Clovis. Les leudes de Neustrie et de Bourgogne choisirent ce jeune prince pour leur roi . Aega et Nentechilde gouvernèrent le palais ; ils rendirent tous les biens que Dagobert avoit pris d; et les plaintes cessèrent en Neustrie et en Bourgogne, comme elles avoient cessé en Austrasie.

Après la mort d'Aega, la reine Nentechilde engagea les seigneurs de Bourgogne à élire Floachatus pour leur maire. Celui-ci envoya aux Austrasiorum, dum se cernebant cum Dagoberto odium incurrisse, et assidue expoliarentur. Chron., de Frédégaire, ch. LXVIII, sur l'an 630.

a Deinceps Austrasii eorum studio limitem et regnum Franco-. rum contra Vinidos utiliter defensasse noscuntur, ch. LXXV, sur l'an 632.

b Ibid. ch. LXXIX, sur l'an 638.

c Ibid.

d Ibid. ch. LXXX, sur l'an 639.

e Ibid. ch. LXXXIX, sur l'an 641.

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