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de l'avarice, les fureurs de la colère, la tristesse du chagrin, les murmures de la mauvaise humeur, le poison de l'envie. Qu'aucun de vous ne se permette envers un chrétien le vol, le meurtre, la calomnie, le faux témoignage; exercez au contraire l'un envers l'autre la complaisance et le pardon, de même que Dieu vous pardonne vos péchés. Rachetez les péchés que vous avez commis, par la pénitence ou l'aumône, et cherchez, avec la grâce de Dieu, à les éviter pour l'avenir. Sachez que le jour du jugement approche de plus en plus, et qu'aucun de vous ne connaît l'heure de sa mort. Tous nous avons à redouter le dernier jour du grand jugement, parce que tout, le bien comme le mal, aura sa récompense.

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Après cette cérémonie, le saint hermite retourna à sa cellule, où il travaillait avec ses disciples à défricher la solitude. Cependant, par les soins du duc Gorzo et de sa fille Friedeburge, ce pays lui avait été cédé en propriété par ses divers possesseurs (le prêtre Villemar, le chambellan du Roi Talton et le Roi lui-même). Le nombre de ses disciples s'étant accru jusqu'à onze, l'évêque Jean et le lieutenant criminel d'Arbon lui envoyèrent des ouvriers; ce qui le mit en état de pousser les travaux avec toute l'activité possible, et bientôt, à l'endroit qui naguère avait été la rétraite de bêtes fauves, on vit s'élever un oratoire et plusieurs cabanes. On ouvrit aussi une route qui conduisait à Arbon, afin que les ouvriers apostoliques pussent aller annoncer la parole du Seigneur aux diverses localités des environs.

Saint Gal ne quitta jamais sa cellule que pour aller répandre les vérités de la foi; il s'attachait sur-tout à l'instruction des hommes les plus ignorans et les plus abandonnés. Il retournait ensuite dans son hermitage, où il passait les jours et les nuits dans la prière et la contemplation.

En 625, les moines de Luxeû le choisirent pour succéder à saint Eustase, leur abbé, que la mort venait de leur

enlever. Mais il ne voulut point accepter cette dignité; le monastère de Luxeû était devenu riche, et il craignait de perdre le trésor inestimable de la pauvreté. Il était d'ailleurs alarmé à la vue des dangers que court le supérieur d'une communauté nombreuse. Il savait combien il est difficile d'y maintenir une régularité parfaite, et que l'exemple d'un mauvais religieux suffit pour troubler l'harmonie qui doit régner dans un monastère, et pour y introduire le relâchement avec les désordres qui en sont la suite. Il mourut vers l'an 646, le 16 d'Octobre, jour auquel l'Eglise honore sa mémoire (5).

Le monastère de Saint-Gal, qui suivait la règle de saint Colomban, embrassa celle de saint Benoît dans le huitième siècle. Il fut successivement enrichi par les libéralités de Charles-Martel, de Louis-le-Débonnaire et de Louis-le-Gros. Les biens et la juridiction civile de cette abbaye devinrent si considérables dans la suite, que Henri I l'érigea en principauté de l'empire. Mais quelque étendus qu'en fussent les domaines avant les guerres suscitées par les calvinistes, ils ne comprenaient point proprement la ville de Saint-Gal, qui, en embrassant le protestantisme, a privé l'abbé des droits qu'il y avait auparavant. L'abbaye de Saint-Gal est une de celles qui ont produit le plus de grands hommes. Elle était également célèbre par sa bibliothèque enrichie d'un grand nombre de livres imprimés et manuscrits, quoiqu'il s'en soit perdu une partie pendant les guerres civiles.

Quand on veut annoncer l'Evangile avec fruit, on doit commencer par soi-même, c'est-à-dire, que l'on doit rem

(5) Walafride Strabon met la mort de saint Gal peu de temps après celle de saint Eustase. Mais Mabillon a prouvé, Annal. Bened. 1. 3, n. 23, que notre Saint survécut plusieurs années au saint abbé de Luxeû, et qu'il mourut vers l'an 646.

plir son esprit des maximes de la vraie piété, les graver profondément dans son cœur, et pratiquer le premier ce que l'on se propose d'enseigner aux autres. La science seule ne produit que la présomption et l'orgueil; jamais elle ne réforme le cœur elle n'apprend point ce langage qui produit toujours son effet. La connaissance des voies intérieures ne s'acquiert que par l'humilité. Elle suppose une âme détachée de toute affection terrestre, appliquée à la méditation de la loi divine, qui, pour me servir des expressions de Cassien (6), peut seule donner à l'âme une teinture et une forme céleste. Comme la nourriture que nous prenons devient, par la digestion, une même chose avec notre chair, de même les affections spirituelles passent, pour ainsi dire, dans la substance même de nos âmes par la méditation et par l'exercice des vertus intérieures ; et lorsqu'on possédera soi-même ces vertus, on sera capable de les enseigner aux autres, et de leur en inspirer l'amour. (Notice aug. d'après l'édit. allem.)

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SAINT ELIPHE, vulgairement saint Aloph ou Elof, né en Lorraine, sortait d'une famille où l'on compte plusieurs Saints. Echaire, son frère, est honoré comme martyr, le 24 d'Octobre, et ses reliques se sont gardées à Liverdun jusqu'en 1587, que les Reîtres brûlèrent sa châsse. Il avait trois sœurs, Menne, Libaire et Susanne; les deux dernières furent martyrisées par les païens, et enterrées, l'une

(6) Collat. 14, c. 10.

à Grand en Basigny, et l'autre à quelque distance de là, vers les limites de la Champagne et de la Lorraine. Menne mourut paisiblement, et fut enterrée à Port-Sas, où il y a présentement un chapitre de chanoinesses, et où l'on célèbre sa fête le 3 d'Octobre.

Eliphe, par son zèle pour la religion chrétienne, s'attira la haine des Juifs et des païens, qui le firent arrêter sous le règne de Julien-l'Apostat. On le mit en prison à Toul, mais on l'élargit peu de temps après. On l'emprisonna depuis une seconde fois, et il souffrit diverses sortes de tortures. Son courage et ses discours touchèrent plusieurs idolâtres qui embrassèrent la vraie religion. Enfin on le condamna à perdre la tête, vers l'an 362. On l'enterra sur une montagne qui prit son nom dans la suite, et il s'opéra plusieurs miracles par son intercession. Son corps qui était dans l'église bâtie sur son tombeau, fut transporté à Cologne vers l'an 960, et déposé dans l'abbaye de Saint-Martin, où il est encore. Il se trouva tout entier, à la réserve de la mâchoire inférieure, lorsqu'on fit l'ouverture de sa châsse, à la fin du quinzième siècle; ce qui montre la fausseté de l'opinion de ceux qui ont cru que son chef était dans la cathédrale d'Utrecht. Saint Aloph est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

Voyez sa vie par Rupert, abbé de Duytz, près de Cologne. Cette vie n'est que du douzième siècle, et ne paraît pas avoir été écrite d'après des mémoires originaux. Voyez aussi Ussérius, Antiq. brit., et Baillet, sous le 16 d'Octobre.

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S. MAINBEUF, ÉVÊQUE D'Angers.

L'AN 654.

Saint Magnebode, vulgairement appelé saint Mainbeuf, naquit dans l'Anjou, de parens qui furent attachés au

service des Rois Chilpéric et Clotaire II. On le mit sous la conduite de saint Lezin, évêque d'Angers, qui lui conféra la tonsure cléricale. Ses vertus lui méritèrent l'honneur d'être élevé ensuite à la prêtrise. Son évêque l'envoya à Rome pour demander des reliques de saint Jean-Baptiste; il se proposait d'en enrichir la nouvelle église qu'il faisait bâtir sous l'invocation du saint précurseur. A son retour d'Italie, Mainbeuf fut chargé de la conduite du monastère de Colonet. Tous les suffrages s'étant réunis en sa faveur, après la mort de saint Lezin, il sut, par sa modestie et son éloquence, faire tomber le choix du clergé et du peuple sur le saint prêtre Cardulfe; mais le nouvel évêque ayant tenu peu de temps le siége d'Angers, on le força de lui succéder, l'an 606. Il se montra digne disciple de saint Lezin, par la pratique de toutes les vertus épiscopales. Il assista avec plusieurs autres saints prélats, au concile qui se tint à Reims en 625. On met sa mort au 16 Octobre 654. On l'enterra dans l'église de Saint-Saturnin de Toulouse, laquelle prit ensuite son nom, et devint collégiale. Il est nommé dans le martyrologe gallican de du Saussay, et dans les additions à celui d'Usuard par Molanus.

Voyez Bollandus, ad diem 13 Febr. Mabillon, Prælimin. Sec. 2, Ben.; et le P. Longueval, Histoire de l'Eglise gallicane, t. III, p. 472.

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SAINT AMBROIS fut placé sur le siége de Cahors vers l'an 752. Il trouva son église dans l'état le plus déplorable. Inutilement il employait tous les moyens que son zèle pouvait lui inspirer pour rétablir la discipline et pour bannir la corruption des mœurs; on ne suivait point ses exem

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